L’Organisation mondiale de la santé accorde une place de choix à la réadaptation. Définie comme « un ensemble d’interventions conçues pour optimiser le fonctionnement et réduire le handicap des personnes souffrant de problèmes de santé lorsqu’elles interagissent avec leur environnement » la réadaptation aide un enfant, un adulte ou une personne âgée à être aussi indépendant que possible dans les activités quotidiennes et lui permet de pouvoir étudier, travailler, avoir des loisirs et assurer des rôles importants dans la vie, comme s’occuper de sa famille.
Selon l’Oms, la réadaptation s’attaque aux problèmes sous-jacents (comme la douleur) et améliore la manière dont un individu fonctionne dans la vie quotidienne, en l’aidant à surmonter ses difficultés à penser, voir, entendre, communiquer, manger ou se déplacer. Elle est donc considérée comme « un élément essentiel de la couverture sanitaire universelle, au même titre que la promotion de la santé, la prévention, les soins thérapeutiques et palliatifs ». À l’échelle mondiale, on estime que 2,4 milliards de personnes vivent actuellement avec un problème de santé pour lequel la réadaptation est bénéfique, informe l’Organisation mondiale de la santé. « L’évolution de la santé et des caractéristiques de la population devrait conduire à une augmentation des besoins en réadaptation dans le monde entier. Par exemple, les gens vivent plus longtemps, mais présentent davantage de maladies chroniques et de handicaps. À l’heure actuelle, les besoins en réadaptation sont loin d’être satisfaits. Dans certains pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 50 % des personnes qui en ont besoin ne bénéficient pas de services de réadaptation. En outre, les services de réadaptation comptent parmi les services de santé dans lesquels la pandémie de COVID-19 a causé le plus de perturbations » renseigne une publication de l’Oms.
La réadaptation, indispensable pour tous…
Tout le monde peut avoir besoin de la réadaptation à un moment donné de sa vie, à la suite d’une blessure, d’une chirurgie, d’une maladie ou d’un trouble, ou parce que ses capacités fonctionnelles ont diminué avec l’âge, selon l’Oms. Entre autres éléments relevant de la réadaptation, « les exercices pour améliorer la parole, le langage et la communication d’une personne après une lésion cérébrale ;
la modification de l’environnement domestique d’une personne âgée afin d’améliorer sa sécurité et son autonomie à la maison et de réduire le risque de chute ;
l’entraînement physique et l’éducation à une vie saine pour une personne atteinte d’une maladie cardiaque ;
la fabrication et la pose d’une prothèse et l’apprentissage de son utilisation pour une personne ayant subi une amputation de la jambe ;
les techniques de positionnement et de contention pour aider à la cicatrisation de la peau, réduire l’œdème et retrouver le mouvement après une chirurgie pour brûlure ;
la prescription de médicaments pour réduire la raideur musculaire chez un enfant atteint de paralysie cérébrale ;
le soutien psychologique pour une personne souffrant de dépression ;
la formation à l’utilisation d’une canne blanche pour une personne ayant subi une perte de vision ». Selon ladite publication, la réadaptation est éminemment centrée sur la personne, ce qui signifie que les interventions et l’approche choisies pour chaque individu dépendent de ses objectifs et préférences. « La réadaptation peut être proposée dans une multitude de contextes différents : dans les établissements de santé pendant une hospitalisation ou en ambulatoire, dans des cliniques privées ou au sein de la communauté, par exemple au domicile d’une personne. Les services de réadaptation sont assurés par différents professionnels de la santé, notamment les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les orthophonistes, les logopédistes et les audiologistes, les prothésistes et les orthésistes, les psychologues cliniciens, les médecins spécialistes de la médecine physique et de la réadaptation, et le personnel infirmier prodiguant des soins de réadaptation », informe l’Organisation mondiale de la santé.
Quid des avantages…
« La réadaptation peut réduire les conséquences d’un vaste ensemble de pathologies, maladies aiguës ou chroniques, troubles, lésions. Elle peut aussi venir compléter d’autres interventions, notamment médicales et chirurgicales, pour obtenir le meilleur résultat possible. La réadaptation peut par exemple aider à réduire, à prendre en charge ou à prévenir les complications associées à de nombreux problèmes de santé tels que les lésions de la moelle épinière, les AVC ou les fractures. Elle peut aussi contribuer à réduire ou à ralentir les effets incapacitants d’affections chroniques comme les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabète en permettant aux malades d’acquérir des stratégies d’autoprise en charge et en leur fournissant les aides techniques dont ils ont besoin, ou en soignant la douleur et d’autres complications. La réadaptation est un investissement qui a des avantages financiers à la fois pour l’individu et pour la société. Elle peut aider à éviter une hospitalisation coûteuse, à raccourcir la durée du séjour à l’hôpital et à éviter les réadmissions.
Elle permet aussi aux bénéficiaires de pouvoir faire des études et d’avoir un emploi lucratif, de rester autonomes chez eux, et de réduire au minimum le besoin d’aide financière ou d’aidants. La réadaptation est un élément important de la couverture sanitaire universelle et une stratégie essentielle pour atteindre l’objectif 3 de développement durable, « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge » »,selon l’Oms.
Ce qu’il faut savoir…
Plusieurs idées erronées sont véhiculées au sujet de la réadaptation. Contrairement à ce qui est distillée dans l’opinion, la réadaptation ne s’adresse pas seulement aux personnes atteintes de handicaps permanents ou physiques. Elle est bien plutôt un aspect fondamental des soins dont doit bénéficier toute personne souffrant d’une affection aiguë ou chronique, d’un handicap ou d’une lésion qui limite son fonctionnement et, en tant que telle, devrait donc être accessible à tous ceux qui en ont besoin, selon l’Oms. « La réadaptation n’est pas un service de santé de luxe réservé à ceux qui ont les moyens de se l’offrir. Elle n’est pas non plus un service optionnel vers lequel se tourner lorsque les interventions préventives et curatives échouent. Pour pouvoir profiter de tous les bienfaits sociaux, économiques et sanitaires de la réadaptation, il faut mettre à la disposition de tous des interventions de réadaptation qui soient réalisées en temps utile, de qualité et accessibles financièrement. Dans bien des cas, cela signifie que la réadaptation doit commencer dès que le problème de santé est détecté et se poursuivre parallèlement à d’autres interventions sanitaires » peut-on lire dans ladite publication.
Des besoins non satisfaits…
En raison de l’évolution de la santé et des caractéristiques de la population mondiale, ces besoins en réadaptation ne feront que croître dans les années à venir, informe l’Organisation. « Les gens vivent plus longtemps ; le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait doubler d’ici 2050, et davantage de personnes vivent avec des maladies chroniques telles que le diabète, les AVC et le cancer. Dans le même temps, l’incidence des blessures (comme une brûlure) et des troubles du développement de l’enfant (comme la paralysie cérébrale) persiste. Ces problèmes de santé peuvent avoir des répercussions sur le fonctionnement d’une personne et sont associés à des taux plus élevés d’invalidité que la réadaptation peut contribuer à réduire. Dans de nombreuses régions du monde, ces besoins croissants en réadaptation sont en grande partie non satisfaits. Plus de la moitié des personnes vivant dans certains pays à revenu faible ou intermédiaire qui ont besoin de services de réadaptation n’en bénéficient pas. Les services de réadaptation sont systématiquement parmi les services de santé dans lesquels la pandémie de COVID-19 a causé les perturbations les plus graves. De multiples facteurs contribuent au fait que les besoins en réadaptation ne sont pas satisfaits, notamment le manque de financement, de plans et de politiques au niveau national, car la réadaptation ne fait pas partie des priorités ;
le manque de services de réadaptation en dehors des zones urbaines et les longs délais d’attente ;
les dépenses élevées à la charge des patients et l’absence ou l’insuffisance des moyens de financement ;
le manque de professionnels compétents, avec moins de 10 praticiens qualifiés pour 1 million d’habitants dans beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire ;
le manque de ressources, notamment de technologies d’assistance, d’équipements et de consommables ;
le manque d’études et de données sur la réadaptation ;
l’inefficacité ou la sous-utilisation des voies d’orientation des patients vers les services de réadaptation.
La réadaptation dans les situations d’urgence
Les dangers naturels, tels que les séismes ou les épidémies, et les dangers causés par l’homme, notamment les conflits, le terrorisme ou les accidents industriels, peuvent générer des besoins en réadaptation considérables en raison des blessures ou des maladies qui en résultent. Ils perturbent aussi simultanément les services existants et frappent plus durement les populations les plus vulnérables et les systèmes de santé les plus faibles » lit-on également.
Selon l’Oms, pour que la réadaptation atteigne son plein potentiel, les efforts doivent être orientés vers le renforcement du système de santé dans son ensemble et l’intégration de la réadaptation dans les soins de santé à tous les niveaux du système de santé, et dans le cadre de la couverture sanitaire universelle. Ainsi, en 2017, l’OMS a lancé l’initiative Réadaptation 2030, qui met l’accent sur la nécessité d’un renforcement des systèmes de santé et appelle toutes les parties prenantes dans le monde à travailler ensemble sur différents domaines prioritaires, notamment : l’amélioration du leadership et de la gouvernance ; la formation de personnels de réadaptation multidisciplinaires solides ; l’augmentation du financement consacré à la réadaptation ; et l’amélioration de la collecte de données et de la recherche sur la réadaptation.