Année préélectorale, 2022 s’annonce comme celle des gros enjeux, notamment avec la bataille des chapelles politiques en prélude aux législatives de janvier 2023, mais surtout l’établissement de la Liste électorale informatisée (Lei).
L’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) sera l’objet de toutes les attentions les semaines à venir. Elle qui a désormais la lourde responsabilité de livrer dans les délais la Liste électorale informatisée (Lei) ne saurait se mettre à l’abri des regards, non seulement des esprits avertis, mais aussi des acteurs politiques, dont la susceptibilité face à cet instrument majeur du processus électoral est de notoriété publique. Pourtant, le passage de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) à la Liste électorale informatisée (Lei) requiert une grande attention de la part des experts.
Selon les dispositions de l’article 121 de la loi 2019-43 portant Code électoral, la Liste électorale informatisée comprend tous les citoyens âgés de dix-huit (18) ans révolus au jour du premier scrutin de l’année de l’élection, qui ont leur domicile dans le village ou le quartier de ville où ils sont recensés, sont soumis à une résidence obligatoire dans le village ou le quartier de ville en qualité d’agents publics, et sont inscrits dans les représentations diplomatiques et consulaires de la République du Bénin à l’étranger.
Et pour parvenir à cette Liste numérique unique, exhaustive et nationale avec la photo de tous les citoyens en âge de voter pour toutes les élections organisées dans une même année, il faudra franchir deux étapes majeures, l’apurement et la mise à jour. De sources dignes de foi, les équipes de l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) sont déjà à pied d’œuvre pour ce qui concerne les croisements nécessaires au niveau de la défunte Lépi, arrivée à expiration après la présidentielle de 2021. Il s’agira, entre autres, de rectifier les erreurs matérielles, de sortir les noms des personnes décédées ou radiées, d’intégrer les électeurs ayant atteint l’âge de voter, les naturalisés au cours de l’année et les immigrants remplissant les conditions requises pour être électeurs, de procéder au transfert de résidence principale ou de domicile, au changement de lieu d’affectation pour les électeurs assignés à une résidence obligatoire, et à l’émigration d’électeurs enregistrés auprès d’une ambassade ou consulat de la République du Bénin.
Une chance pour les exclus
A 12 mois de la tenue des législatives de janvier 2023, les omis de la Lépi ont une chance de faire leur entrée dans la base de données de la Léi dès leur enregistrement à l’Agence nationale d’identification des personnes (Anip). C’est dire qu’à terme, l’Anip pourrait sortir une Liste électorale exhaustive et mieux élaborée pour la tenue du scrutin. Les personnes figurant dans la base de données de l’Agence, en âge de voter et jouissant de leurs droits civils et politiques, pourront choisir dans les jours à venir leurs centre et poste de vote. C’est donc de ce jumelage entre la Lepi et les données de l’Anip, que naîtra la Liste électorale informatisée (Lei) attendue par la Commission électorale nationale autonome (Cena). De la lecture croisée des articles 124 et suivants du code électoral, on note que cent vingt jours avant la date des élections législatives et communales, une Liste électorale informatisée provisoire (Leip) est extraite du registre national, présentée par centre de vote, affichée dans tous les centres de vote pendant au moins quinze jours. Et la Liste électorale informatisée est établie après la correction de la Liste électorale informatisée provisoire (Leip), affichée pendant quinze jours puis remise à la Cena, au plus tard soixante jours avant la date du scrutin.
A l’abri des querelles politiques
L’Agence nationale d’identification des personnes (Anip) est donc tenue par les délais quant à la livraison de la Liste électorale informatisée (Lei). Si a priori, l’Agence est préparée à l’enjeu avec l’établissement du Registre administratif à vocation d’identification de population (Ravip), il est à espérer que les clivages politiques ne plombent pas l’effort des techniciens. Il est une vérité que la Liste électorale est un instrument politique, et il n’en demeure pas moins que les conflits politiques dont elle fait l’objet par le passé ont laissé plusieurs citoyens en âge de voter sur le quai. Face à ce nouveau challenge, sachons raison garder.