Le taux d’inflation restera relativement élevé dans les prochains mois dans la zone Uemoa, mais il devrait connaître une décélération progressive pour atteindre 2 % à la fin de cette année, selon la Bceao.
La poussée inflationniste actuelle devrait s’estomper au cours des prochains mois dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). De 3,7 % au premier trimestre 2022, le taux d’inflation chuterait progressivement à 2,7 % au deuxième trimestre et atteindrait 2 % en fin d’année, suivant le scénario central projeté par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Le taux s’afficherait autour de 2,6 % en 2022 contre 3,2 % en 2021, d’après le dernier Rapport sur la politique monétaire dans l’Umoa.
Le document indique que les tensions observées sur les cours de certains produits alimentaires importés, notamment le blé, le sucre et les huiles pourraient être répercutées sur les prix domestiques. La persistance de la hausse des cours mondiaux du pétrole brut pourrait également se traduire par un renchérissement des prix des carburants à la pompe. En revanche, la hausse des prix pourrait être atténuée par une décélération du rythme de progression des prix des produits vivriers locaux, dans un contexte de hausse de la production vivrière locale à l’issue de la campagne agricole 2021-2022 ainsi que par l’incidence des mesures prises par les Etats.
Ainsi, il faut s’attendre à un maintien de l’inflation à un niveau relativement élevé au cours des prochaines semaines dans l’Union. Dans le scénario central, le taux d’inflation devrait être de 3,7 % au quatrième trimestre 2021, après une réalisation de 3,8 % au trimestre précédent.
Globalement, le taux d’inflation s’établirait à 3,2 % en 2021, contre 2,1 % en 2020. La hausse des prix notée au cours de l’année dernière est imputable essentiellement au renchérissement des produits alimentaires locaux et importés fortement demandés dans les pays de l’Union, à la baisse de la production céréalière dans certains pays, aux difficultés d’approvisionnement induites par les crises sanitaire et sécuritaire dans d’autres pays, ainsi qu’à la hausse de l’inflation importée.
Risques haussiers
Le niveau général des prix devrait donc revenir en dessous du seuil de 3,0 %, dans le courant de l’année et ce, à la faveur de l’atténuation progressive des tensions sur les prix des produits importés, selon la Bceao. Cette décélération sera essentiellement imprimée par la hausse de la production vivrière des campagnes 2021-2022 et 2022-2023 et la détente des cours mondiaux des produits alimentaires projetée à cet horizon. Toutefois, les risques entourant les prévisions de l’inflation sont globalement haussiers, avertit la Banque centrale qui projette que le taux pourrait même atteindre 3,2 % en 2022 dans le scénario haussier.
Ces risques ont trait à une éventuelle baisse de la production vivrière en lien avec de mauvaises conditions climatiques et à l’incidence de l’insécurité, aux déplacements des populations dans certaines zones des pays sahéliens. Ils pourraient également provenir de l’aggravation des tensions sur les prix des produits alimentaires importés et des produits pétroliers, dans un contexte de reprise de la demande mondiale. Aussi, l’accentuation de l’accroissement des exportations de produits vivriers en direction des autres pays de la Cedeao, notamment le Nigeria et le Ghana ainsi que de la forte augmentation des coûts du fret des marchandises contribueraient au renchérissement des denrées alimentaires dans la zone.
Dans tous les cas, une nouvelle accélération des prix est envisagée dès 2023, mais le taux resterait dans la zone de confort (entre 1,0 % et 3,0 %) définie pour la mise en œuvre de la politique monétaire de l’Union. Ainsi, à fin septembre 2023, le taux d’inflation se situerait à 2,4 %, dans le scénario central.