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Huguette Bokpè Gnacadja, secrétaire exécutive de l’Inf : « la lutte contre les violences représente un enjeu national »

Publié le mercredi 5 janvier 2022  |  La Nation
Huguette
© Autre presse par DR
Huguette BOKPE GNACADJA, Avocate et Consultante en droits de l’homme et en genre
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Par Maryse ASSOGBADJO,

Les violences à l’égard des femmes relèvent du langage des brutes. Pour éradiquer le phénomène, la nouvelle équipe de l’Institut national de la femme (Inf) se propose notamment d’associer les hommes, les médias et les acteurs à divers niveaux à la lutte. C’est ce qu’explique Huguette Bokpè Gnacadja, secrétaire exécutive de l’Inf dans cette interview, tout en soulignant les orientations de l’institut et ses modes de saisine par les victimes.

La Nation : Quelques trois mois déjà que la nouvelle équipe de l’Institut national de la femme a été installée. Quels sont les axes sur lesquels reposent ses actions ?

Huguette Bokpè Gnacadja : L’Institut national de la femme (Inf) a pour mission de veiller à la promotion du statut de la femme dans les domaines politique, social, économique, culturel et de lutter contre toutes les formes de violences et de discriminations à l’égard des femmes. A ce titre, nous poursuivons un objectif à trois volets principaux. Le premier, c’est celui d’une contribution à la formulation, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques, programmes et plans d’action relatifs à la promotion du genre et de l’égalité entre les hommes et les femmes dans notre pays. Les violences et les discriminations peuvent se produire dans la sphère publique comme privée. L’objectif est de toucher toutes les femmes, par nos actions, les voies de recours offertes par la loi, les services sociaux de l’Etat. Nous ne voudrions pas que les femmes rurales souffrent d’une double discrimination liée au fait que nos actions et les services sont limités aux zones urbaines.
Deuxièmement, l’Inf est le cadre de concertation national du dialogue social en vue de l’élimination des stéréotypes et mentalités ancrés dans la conviction que ‘’femmes et hommes ne sont pas égaux’’. Ce cadre aura des composantes variées, des organisations de la société civile, des leaders d’opinion et religieux, des journalistes, tous les acteurs avec qui nous pouvons créer un partenariat communautaire, communal, départemental, national, pour faire en sorte que les droits des femmes soient respectés et qu’aucune femme béninoise ne soit empêchée d’évoluer normalement, qu’elle cesse d’être victime d’un certain nombre de discriminations qu’elle ne subirait pas si elle n’était pas une femme.
Le troisième objectif est d’offrir une assistance à trois volets aux femmes à raison de leur sexe. Il s’agit des volets médical, psychosocial, juridique et judiciaire. L’Inpf sera un mécanisme institutionnel, juridique et judiciaire à qui le pouvoir a été donné d’assister les victimes devant les juridictions, mais également de saisir directement la justice de situations attentatoires aux droits des femmes.
Comment les victimes de violences peuvent-elles saisir l’Institut national de la femme ?

Il faut formuler une requête ou plainte auprès de l’institut et y joindre les pièces justificatives. Il ne faut pas attendre de saisir l’institut avant de procéder aux méthodes habituelles de dénonciation. Lorsqu’une femme ou une fille a été violée ou harcelée sexuellement, elle dépose une plainte et constitue ses preuves sans attendre de saisir l’institut, puisque même si elle saisissait l’institut, lui aussi se mettra à ses côtés pour utiliser la procédure à laquelle elle est invitée à recourir quand elle est l’objet de violence. Les victimes doivent nous tenir au courant de toutes les démarches entreprises et difficultés qu’elles rencontrent dans ce cadre. A partir de ce moment, l’institut se chargera d’inviter la victime, de l’écouter et de décider de la meilleure façon de l’accompagner.

Quels sont les gages pour les victimes d’être épargnées des violences au bout de ce processus ?
On entend souvent dire que les violences à l’égard des femmes, c’est l’affaire des femmes. On constate que très peu de personnes font le lien entre le coût de la prise en charge des violences exercées sur les femmes et le développement. Ce coût pèse beaucoup sur la croissance économique, sociale, culturelle nationale que nous voulons durable et inclusive. Tout le monde s’accorde à dire que les femmes représentent la moitié de nos populations, que la population béninoise est jeune à 45 % au moins, tout le monde appelle de ses vœux le bénéfice du dividende démographique, mais personne ne fait le lien entre ces vœux et les violences exercées sur les filles. Lesquelles violences faites aux femmes représentent un enjeu national. La lutte contre les violences à l’égard des filles et des femmes, c’est une stratégie de développement durable et inclusif. On a tort de penser que tous les hommes sont violents. Il y a des hommes non violents. Personne ne connaît mieux la masculinité ou l’égo des hommes lorsqu’il s’agit des violences. Depuis quand les violences sur les femmes sont devenues des comportements africains ? Depuis quand nos valeurs culturelles sont devenues violentes à l’égard des femmes et ne sont plus respectueuses de la place de la femme au sein de la société ?
Il faut alors des hommes non violents pour parler aux hommes violents, des hommes non violeurs pour parler aux hommes violeurs. Nous voudrions que les hommes soient nos grands alliés en matière de lutte contre les violences à l’égard des femmes afin de convenir ensemble que les violences à l’égard des femmes ne relèvent pas de la culture africaine.
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