Ils sont loin les temps où le porteur du Vih/Sida faisait la honte de sa famille et de ses proches. La stigmatisation disparaît peu à peu, donnant ainsi à ces personnes une joie de vivre.
Leurs conditions de vie ne sont plus alarmantes comme au début, mais les personnes vivant avec le Vih espèrent toujours une extinction totale de la stigmatisation. Rejet, discrédit, mépris, dévalorisation et autres formes de stigmatisation sont en net recul même s’ils sont toujours présents sous diverses formes.
« Nous sommes contents que la stigmatisation recule. C’est le fruit des actions menées par les différents acteurs. Mais cette situation ne doit pas conduire à l’autosatisfaction », commente Valentin Nassara, président du Réseau des associations de personnes vivant avec le Vih/Sida (Rebap+).
Comme lui, ils sont nombreux à se réjouir de cette avancée qui constitue le fruit de l’engagement collectif pour un monde dépourvu de stigmatisation et qui favorise le bien-être physique et mental des patients. Claude Yamongbè, membre du Rebap+ se satisfait de ce nouveau tableau mais fustige la montée de l’auto-stigmatisation.
Selon la Déclaration d’engagement adoptée en juin 2001 lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le Vih/Sida, le consensus mondial est fait sur la nécessité de lutter contre la stigmatisation et la discrimination liées à la pandémie. La Déclaration stipule que le combat contre la stigmatisation et la discrimination est une condition préalable à l’efficacité de la prévention et de la prise en charge, et réaffirme que la discrimination liée au statut sérologique d’une personne constitue une violation des droits de l’Homme. Le Bénin est en bonne voie pour le respect de cet engagement.
« Pour la quasi-totalité des expériences familiales de stigmatisation ou de discrimination vécues par les Pvvih …, le niveau des indicateurs s’est nettement amélioré passant parfois du simple au trentième », indique le rapport 2021 de l’enquête index de la stigmatisation (index stigma) 2.0 des personnes vivant avec le Vih au Bénin.
Des chiffres édifiants
Dans le détail, les résultats de cette enquête qui s’est déroulée en février 2021 restent édifiants sur le visage de la stigmatisation et de la discrimination et laissent constater une régression. Selon ces résultats, « une Pvvih sur dix, soit 9,9 % est exclue d’activités ou de rencontres sociales en raison de son statut sérologique mais 3,5 % de ces personnes l’ont été dans les douze derniers mois précédant l’enquête. Globalement, 4,7 % des Pvvih enquêtées ont rapporté avoir été exclues d’activités religieuses ou de lieux de culte. Mais pour 1,5 % de ces personnes, cette expérience a été vécue au cours des deux douze derniers mois précédant l’enquête ». Toujours en raison de leur statut sérologique, 10,7 % de Pvvih ont été exclues de réunions familiales et parmi elles, seulement 4% ont subi ce sort dans les douze derniers mois avant l’enquête.
Le même rapport d’enquête indique que 6,4 % des personnes interrogées ont été victimes de refus d’emploi ou de perte de leur source de revenus du fait qu’elles portent le Vih. Mais seulement 1,8 % de ces personnes a vécu cette situation dans les douze derniers mois avant l’enquête.
Dans le même temps, 10 % des 1230 personnes séropositives ont affirmé avoir déjà été victimes de discrimination du conjoint, de la conjointe ou de leurs enfants en raison de leur statut sérologique. Mais pour
3,7 % d’entre elles, cette expérience a été vécue au cours des douze derniers mois.
« En comparaison avec 2016, beaucoup d’indicateurs se sont améliorés mais il persiste au Bénin dans les établissements de santé (avec comme principaux responsables les professionnels de la santé), en milieu professionnel, en milieu familial et dans la communauté, des actes de stigmatisation et de discrimination », précise le rapport. Des statistiques qui rassurent de la pertinence des stratégies développées pour enrayer la stigmatisation.