(Que devient son invite à la réflexion apres le vote de la loi sur l’avortement ?)
Jeudi 13 janvier dernier, les députés de la 8e législature ont été entretenus sur le contenu du Programme d’action du gouvernement pour le mandat 2021-2026 (Pag 2). La rencontre, qui a eu pour cadre le Palais de congrès de Cotonou, a permis au gouvernement de Patrice Talon de présenter aux présidents d’institutions, députés, maires et autres cadres des institutions les 342 projets du Pag 2 pour un montant de 12 011 milliards FCFA. A la fin de l’exercice, le président de l’Assemblée nationale a, au nom des députés, promis au gouvernement l’accompagnement de la législature actuelle.
» Je prends l’engagement au nom de tous les députés que la huitième législature continuera à accompagner le gouvernement à travers les lois, les projets de lois et même les propositions de lois qui seront déposées par les députés dans le cadre de l’accompagnement du Programme inscrit au Pag 2 pour que les Béninois que nous représentons soient au mieux de leur condition de vie et de travail… ». Ainsi, s’est exprimé Louis Vlavonou. L’engagement renouvelé du président du Parlement, a priori, ne devrait étonner personne. Les Béninois ayant vu la 8e législature et son président à l’œuvre avec des lois toujours votées à l’unanimité depuis 2019. Seulement, il y a eu récemment un fait qu’il convient de rappeler à la mémoire collective et du numéro 1 de l’institution parlementaire, en particulier. Ce fait est intervenu à la suite du vote de la loi sur l’avortement. Dans le débat avant-vote de ladite loi qui légalise l’avortement en République du Bénin, Louis Vlavonou s’était posé en défenseur de la vie humaine. En effet, quand bien meme il avait cette obligation d’accompagner les actions du pouvoir en place, il avait, contre toute attente, juré urbi et orbi de voter contre une telle loi qu’il jugeait contraire à ses convictions religieuses. Point n’est besoin de rappeler que la loi a été, par la suite, votée à l’unanimité des députés présents et représentés, et c’est Louis Vlavonou en personne qui a présidé les travaux. Cerise sur le gãteau, après le vote de la loi, le président de l’Assemblée nationale s’est senti obligé de revenir sur les circonstances de son vote. C’était à l’occasion de son discours d’ouverture de la 2e session ordinaire de 2021. Face au caractère sacré de la vie et face à l’incompréhension engendrée par son volte-face, Louis Vlavonou s’est posé des questions.
« Le plus dur était une vidéo dans laquelle un Imam disait que nous irions en enfer si nous votions cette loi … sans oublier la déclaration de l’Association des femmes catholiques qui nous a envoyé ce message : « Le sang de ces âmes innocentes qui seront assassinées criera vengeance… » sur les députés de la 8è législature. Face à ces propos, comment respecter la parole donnée ? Sommes-nous en présence de cas de force majeure ? Contrainte morale ? Exercice de la liberté ? Choix entre la légalité et la loyauté ? », s’est demandé le président de l’Assemblée nationale. Et sans y répondre, il invite ses collègues députés à la réflexion. Entre le respect de la parole donnée, le respect de la vie, de ses convictions religieuses, Louis Vlavonou invitait les députés à faire, chacun à son niveau, une introspection. C’est dire que le vote de ce projet de loi a été une couleuvre difficile à avaler pour la législature actuelle du fait qu’il a mis en balance l’engagement que les partis politiques (Union progressiste et Bloc républicain) soutiens ont pris d’ accompagner le gouvernement et les propres convictions religieuses de certains députés. Mais visiblement, Louis Vlavonou semble déjà oublier cet épisode. Le revoilà en train de s’engager à nouveau à voter les lois pour accompagner le Pag 2, lui qui invitait, il y a quelques mois, ses collègues à la réflexion entre la loyauté et la légalité par rapport à cet engagement pris par leurs partis politiques d’accompagner les actions du gouvernement. Aujourd’hui, c’est-à-dire trois mois après son invite, il ne nuance même pas ses propos. Est-il donc plus que jamais décidé, au nom d’un accompagnement du Pag2, de voter tout type de loi, et ce sans remords après? Soutien d’accord, mais au regard de la triste expérience vécue il y a quelques mois et dont lui-même a fait cas à la face du monde, n’était-il pas important que Louis Vlavonou, mette du bémol quant à la façon dont l’accompagnement va se faire au Pag 2 par la huitième législature? Sinon, à lire le président Vlavonou dans ses propos du jeudi dernier, cela laisse conclure que c’est reparti pour un soutien béat à tout. Et après, on reviendra servir le même refrain de << regret >> aux populations, un peu comme une excuse.