Salaires mirobolants, états financiers compromettants, impôts impayés, créances douteuses, complaisance, laxisme sur tous les bords et pour finir, très peu ou presque pas d’impact positif pour le trésor public. Avec des tableaux aussi sombres, il ne fallait pas s’étonner. Depuis quelques jours, exit le Cncb, l’Infosec, le Conseil national du dialogue social, l’Abp….et la liste risque de ne pas s’arrêter là. Et pour cause, il suffit juste, par exemple, de parcourir le rapport de la mission d’enquête parlementaire qui était au Cncb pour se rendre compte de la légèreté qui caractérise la gestion de certaines entreprises et structures étatiques. Inutile de s’étaler, de long en large, sur les différentes récriminations relevées par les députés et le manque à gagner de l’ordre de 18 milliards enregistré dans cette structure pour l’Etat. Mais, à n’en point douter, par rapport à la mauvaise gouvernance de ces différentes sociétés jugées désormais inutiles dans la création de la richesse, les premiers à mettre à l’index ce sont les Directeurs Généraux. D’ailleurs, en ce qui concerne le Cncb, il a été noté à ce niveau à un moment donné, et pour diverses raisons, un ballet de Directeurs Généraux. Antoine Dayori limogé le 17 juillet 2017, Bruno Kangni éjecté en octobre 2019 et Alimatou Badarou remerciée en mars 2020. Pour la petite histoire, les indiscrétions font état de ce que l’auditeur financier qui a battu le record d’y passer à peine 4 mois s’est plutôt heurtée à un mur en s’attaquant au mal de la dilapidation des ressources financières de la structure avec des réformes notamment une équipe de nouveaux collaborateurs, la suppression des primes et salaires farfelus et une rigueur qui aurait eu raison d’elle malgré les efforts qui auraient permis de renflouer les caisses de la société. Pour preuve, dans le bilan qu’elle avait présenté alors qu’elle passait service à Gauthier Ablet, Alimatou Badarou avait affirmé avoir laissé une trésorerie de 7.788.996.904 FCFA, soit une augmentation de 980.849.130 F CFA (14,41%), alors qu’à son arrivée en novembre 2019, la trésorerie du Cncb était à 6.808.146.774 F CFA. La dissolution du Cncb après cette vague de DG peut aujourd’hui laisser penser que ce n’était pas une question de trouvaille de l’oiseau rare. Le mal était plus profond qu’on pouvait le penser. Mais passons.
Les lettres de mission en question !?
Ce qui est essentiel à retenir, pour la survie des sociétés et structures d’État, c’est d’abord la qualité managériale des DG et la fermeté des membres des Conseils d’administration. Déjà, un pas a été fait dans ce sens avec le répertoire des cadres pour nominations aux hautes fonctions de l’Etat. Cependant, les grands diplômes seuls ne font pas toujours de bons managers et c’est ce qu’il faut à la tête de nos sociétés si tant est que l’objectif est la rentabilité. D’où, la nécessité d’être vraiment regardant avant la nomination desdits DG sur leur capacité à innover et tenir le bateau à flot quelle que soit la tempête.
Sur un autre plan, il serait judicieux qu’en dehors des compétences devant concourir à leurs nominations, les Directeurs Généraux aient, à l’instar des élus, un mandat suivi d’une lettre de mission à la tête des entreprises d’Etat. Cela suppose qu’en procédant ainsi, le renouvellement de leur mandat serait conditionné aux résultats attendus. Car, avec la raréfaction des ressources financières et devant les nombreux défis socioéconomiques que les gouvernants se doivent de relever, le Bénin, pays encore sous-développé ne peut plus se permettre de voir des milliards indûment dépensés ou gaspillés par des tiers. En somme, pour le développement du Bénin, les sociétés ou offices d’Etat se doivent d’apporter forcément leur contribution. Peu importe qu’elle soit en termes de finances ou de services. Mais, l’utilité doit être manifeste. Cependant, sans une certaine stabilité à la tête de ces structures, des objectifs clairs et surtout une rigueur de tous les instants des DG sur les plans financiers et administratifs, il ne faudrait pas s’étonner qu’à la suite du Cncb, de l’Infosec et autres, que le requiem d’autres sociétés de l’Etat puisse être chanté. Et quand on sait qu’à l’impossible nul n’est tenu malgré les pertes d’emplois qui peuvent découler de ces suppressions, alors aux futurs DG d’être à la hauteur du défi managérial garant de la survie de l’entreprise dont ils ont le contrôle.