Le Chef de l’Etat réaffirme sa détermination à réétudier les charges salariales dans l’administration publique. Il multiplie à cet effet depuis quelques mois ses actions. Mais reste à savoir s’il pourra réussir cette réforme face à la réticence des organisations syndicales.
Le président de la République veut mettre fin au système de rémunérations en cours dans l’administration publique. Le système plomberait à en croire des analystes, les performances de l’Administration. Selon le Professeur Géro Fulbert Amoussouga, président du Conseil d’Analyse économique de la Présidence de la République, 95 % des ressources financières de certaines sociétés et offices d’Etat sont utilisées pour couvrir les charges de fonctionnement. Des rémunérations qui nourrissent également des critiques des bailleurs de fonds. Le Chef de l’Etat entend donc recadrer le système et s’y prépare depuis quelques mois. Et à propos, il avait dans son message sur l’état de la Nation le 28 décembre dernier dit son engagement à transformer la Fonction publique. La préoccupation était d’ailleurs au cœur du séminaire gouvernemental initié lundi dernier au Palais de la Marina. « Nous devons … changer le système de rémunération parce qu’il y a assez de primes qui noient le salaire des agents. On n’arrive pas à maitriser la masse salariale. Présentement, on dit qu’on est à 47 % alors que les critères de convergences (des critères arrêtés au niveau de l’Uemoa, Ndlr) nous demandent d’être à 35%. Nous devons donc tout faire pour maîtriser la masse salariale », avait indiqué le ministre du Travail, Maïmouna Kora Zaki. Elle a présenté à cette occasion une communication qui portait sur la stratégie globale de réforme de la Fonction publique. Et dans la même logique, le Conseil des ministres du mercredi 07 mars 2013 avait instruit les ministres de tutelle des entreprises publiques en général et le ministre de l’Economie et des finances en particulier à élaborer un plan de réduction et de maîtrise des charges salariales pour se conformer à la norme de 35% relativement au ratio masse salariale sur valeur ajoutée.
Yayi pourra-t-il obtenir sa réforme ?
Au sommet de l’Etat, la réforme du système de rémunération dans l’administration publique est un sujet qui préoccupe apparemment. Mais la réussite de l’initiative suscite des interrogations. De nombreux observateurs restent à tout le moins dubitatifs sur le sujet. Et les faits semblent leur donner raison. S’il est vrai, qu’a priori, le Chef de l’Etat et son gouvernement ne peuvent opter pour une compression d’agents, des doutes subsistent également quant à la volonté de réduire les charges salariales. Car en novembre 2011, le Président Yayi Boni n’avait pu résister aux menaces des organisations syndicales quand il avait entrepris de réétudier le système de rémunération dans les mêmes sociétés et offices d’Etat. A l’époque, il a avait décidé de la suspension des primes et indemnités dans lesdites sociétés. Cette décision avait suscité de vives réactions dans le rang des Centrales et Confédérations syndicales qui avaient fait un sit-in sur l’esplanade de l’Assemblée nationale. Elles avaient annoncé dans la foulée des mouvements de grève dans toutes les sociétés concernées. En d’autres termes, une paralysie générale. Selon ces syndicats, cette mesure ne pourra être appliquée tant qu’il existera des institutions « budgétivores » et des salaires politiques. Il est donc clair qu’aujourd’hui, il y a de grands risques que les mêmes protestations reprennent tant la réforme promise devra toucher au nerf de la guerre. L’autre difficulté à laquelle, le Chef de l’Etat doit faire face, c’est la politisation de l’Administration. Un véritable mal qui gangrène la Fonction publique. Selon la Fédération des syndicats des travailleurs de l’administration des Finances (Fesyntra-Finances), il y a plus de chauffeurs que de véhicules administratifs au ministère des Finances. Elle lit dans ces dysfonctionnements, des recrutements politisés non adaptés aux vrais besoins du ministère. Ces recrutements qui ont pour seul objectif d’engager des individus proches d’une chapelle politique, ajoutés aux nombreuses nominations politiques inutiles contribuent fortement à l’explosion de la masse salariale dans l’Administration. Ce qui constitue un véritable défi pour le Chef de l’Etat qui veut « faire le grand ménage » dans les Services publics. Selon les indiscrétions, le Président de la République tient foncièrement à réaliser ce changement pour rendre plus performante l’administration publique d’une part et lever d’autre part les inquiétudes des partenaires au développement. Seulement, il devra gérer avec tact les éventuelles contestations des organisations syndicales qui ne voudront lâcher que peu de choses.