Adamou D. Djériwo, promoteur du festival Anii : « Le festival Anii est initié pour valoriser et pérenniser les danses endogènes en voie de disparition »
Initié depuis quatre ans comme une activité de retrouvailles des populations de l’aire culturelle Anii à Cotonou, ce festival retourne aujourd’hui à la source dans la ville de Bassila. Adamou Dine Djériwo, promoteur de Anii apporte des précisions sur cet événement.
Que peut-on retenir du festival « Anii » dont vous êtes le promoteur ?
Le festival « Anii » peut être perçu comme une plate-forme de la libre expression artistique et culturelle ouverte aux artistes et aux populations des départements de l’Atacora et de la Donga. Cette plateforme a pris ancrage dans la ville de Bassila. Le festival se déroule sur trois jours et réunit toute la population de l’aire culturelle Anii et toutes les tendances musicales comme la musique traditionnelle, la musique moderne d’inspiration traditionnelle, et naturellement toutes les danses qui les accompagnent. Le festival, qui est à sa quatrième édition se déroule tous les mois de décembre. Cette année, elle aura lieu à Bassila du 27 au 29 Décembre 2013.
Quels sont les objectifs que vous visez en délocalisant ce festival à Bassila ?
Notre ambition est de revaloriser le patrimoine de l’aire culturelle Anii. Comme vous pouvez le savoir, la ville de Bassila est une ville ancestrale du Bénin, qui regorge de nombreux vestiges de pratiques rituelles et coutumières. Notre objectif à travers ce festival est de revaloriser ce patrimoine culturel afin de l’inscrire en lettres d’or dans la conscience générale de la population béninoise et du monde entier. De manière spécifique, nous entendons accompagner entre autres les activités de la fête communautaire appelée « Congrès » des peuples « Anii » de Bassila. Tout en œuvrant pour l’unité et la paix dans la localité, le festival compte aussi sensibiliser les jeunes à promouvoir la culture comme un vecteur du développement économique local.
Pour cette quatrième édition, quelles sont les activités au programme ?
Pour offrir de la joie et de l’émotion dans les cœurs des populations, il sera d’abord organisé une grande caravane dans la ville de Bassila. Il s’agit d’une caravane des échassiers typiques des Anii. Cette Caravane va parcourir les quartiers de la Commune de Bassila, de Djougou et environs. Elle échouera à la place prévue pour accueillir les spectacles. En dehors de la caravane, il y aura une belle programmation musicale qui réunira le temps du festival des groupes artistiques et folkloriques venus de l’aire culturelle Anii. Nous aurons des troupes qui viendront des localités de Balanka du Togo, de Manigri, de Bodi, de Nagaylé, de Salmaga, de Penessoulou, de Penelan et de Kolomi et qui vont démontrer et même révéler les richesses culturelles de la contrée.
Après trois éditions, quelles sont les innovations sensibles du festival Anii cette année ?
La grande innovation est la délocalisation de l’événement vers la ville de Bassila. Depuis sa création, le festival se déroulait à Cotonou entre les populations de l’aire culturelle Anii. Mais cette année, avec la maturité, elle fait ancrage à la source qui est la ville de Bassila. L’autre innovation reste la compétition de danse « Aské ». Elle est initiée pour valoriser et pérenniser les danses endogènes en voie de disparition. Aské est une danse dont les techniques se retrouvent dans les pointes des pieds. Une danse traditionnelle qui aujourd’hui est en voie de disparition. Cette compétition permettra de donner une visibilité à cette danse et de l’insérer désormais dans le quotidien des Bassilois et Bassiloises. Elle mettra aux prises les femmes de Bassila, tout âge confondu. Les meilleures danseuses seront primées. Les trois premières seront encadrées pour transmettre aux jeunes filles les techniques de Aské.
Propos recueillis par Isac A. YAÏ