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Entretien avec le Pr Patrice Aimé Agossou : « Le Bénin se positionne comme une économie forte et résiliente »

Publié le mercredi 16 fevrier 2022  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Patrice Aimé Agossou, maître de conférences agrégé en sciences de gestion dans les universités du Cames, enseignant-chercheur à la Faseg/Uac
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Par Arnaud DOUMANHOUN,
Dans cet entretien, Patrice Aimé Agossou, maître de conférences agrégé en sciences de gestion dans les universités du Cames, enseignant-chercheur à la Faseg/Uac revient sur la résilience du Bénin face à la Covid-19. Il aborde également les potentialités du pays pour une reprise accélérée de la croissance et son positionnement dans la sous-région.

Patrice Aimé Agossou

La Nation : Qu’est-ce qui explique la résilience du Bénin face à la pandémie de Covid -19 ?

Patrice Aimé Agossou: Dans un sens large, on peut entendre par «résilience » la capacité à surmonter les altérations ou dysfonctionnements provoqués par un ou des éléments perturbateurs (épidémie, pandémie, crise économique…), pour retrouver son état initial et/ou un fonctionnement normal. C’est la capacité d’un système à faire face aux chocs soudains, aux stress et incertitudes. Et comme on peut le remarquer, ce n’est pas uniquement le Bénin qui a montré une résilience face à la Covid mais pratiquement tous les pays de la sous-région. Mais il faut également dire que nos pays n’ont pas le dispositif nécessaire pour recenser l’exhaustivité des cas déclarés ou des décès dus à la Covid-19 puisque les gouvernants restent inquiets et maintiennent toujours les mesures préventives annoncées dès le début.
Pour revenir à la résilience, c’est-à-dire le carnage annoncé pour l’Afrique en général par les organisations mondiales en charge de la santé quant à la Covid-19 mais qui n’a pas eu lieu, nous pouvons nous référer à des situations antérieures similaires (le Sida par exemple ou encore le paludisme pour ce qui nous concerne en Afrique notamment). Un retour à l’état initial n’est forcément pas envisageable, en tout cas pas de sitôt, quoique des actions dans ce sens sont entretenues diversement par nos autorités. Mais il est possible d’envisager un fonctionnement normal des différents systèmes. En termes d’éléments explicatifs de la résilience du Bénin face à la pandémie de Covid-19, on peut se référer à une meilleure compréhension du virus, son mode d’infection, son comportement, son évolution et les éléments à travers lesquels les contaminés sont pris en charge dans les différents centres de traitement mis en place par le gouvernement et l’adaptation du niveau de protection à la satisfaction du peuple. Et dans ce sens, il y a un grand travail à faire, car il faudra se préparer en fonction des zones, des exigences et même en fonction des ethnies car il y a des ethnies réfractaires à certaines mesures pour diverses raisons.


Quelles dispositions faut-il prendre pour consolider la résilience ?

Il faudra poursuivre la sensibilisation aux mesures barrières, à savoir le lavage des mains, le port de masques, le respect de la distanciation sociale et l’appel à la vaccination. La résilience est une reproduction en évolution permanente. Ce qui n’évolue pas disparaît. Il faudra donc s’adapter constamment face à de nouvelles situations, organiser une veille réglementaire et actualisée et identifier des situations de travail en fonction du risque de contamination. Bien évidemment, tout ceci doit se faire dans la durée et très méthodiquement.

Pour le compte du Bénin quelle croissance en 2022 ?

Nous parlons de résilience du Bénin face à la Covid. Mais cela n’est pas resté sans incidence sur les activités économiques du pays. La résilience s’est beaucoup plus observée sur le plan sanitaire mais sur beaucoup d’autres plans, la Covid-19 a impacté l’économie béninoise. Nous pouvons donc nous réjouir que rapidement l’Etat ait pris certaines dispositions notamment en accompagnant et en appuyant les opérateurs économiques et les commerçants dans leur lutte contre cette pandémie. Il est alors loisible de prévoir une reprise de la croissance de l’économie du pays. Ainsi, beaucoup d’éléments peuvent être favorables à la réalisation de cette ambition. Nous notons essentiellement l’arrivée et l’installation de nouveaux investisseurs. En effet, le gouvernement béninois a mis en œuvre de nouvelles réformes pour favoriser l’investissement. Il s’est agi notamment de créer un cadre réglementaire unifié pour le partenariat public-privé, un guichet unique d’enregistrement des entreprises ainsi que de multiples incitations fiscales pour soutenir les investissements privés telles que la modernisation et l’adoption d’un nouveau code général des impôts pour répondre aux urgences de développement et aussi encourager les investissements dans tous les secteurs.

Dans le Pag 2, il est prévu une croissance à deux chiffres au terme du second quinquennat. Quels sont les éléments qui pourraient permettre au Bénin de réaliser une telle performance ?

Comme le dit l’adage, il faut avoir les moyens de sa politique. Nous constatons que les gouvernants sont en train de prendre les mesures qu’il faut pour parvenir à cette fin. Entre autres, il y a l’instauration d’un guichet pour dénoncer les manœuvres de corruption, la simplification du régime fiscal pour favoriser les micro et petites entreprises et bien d’autres actions qui sont de nature à encourager ou stimuler une croissance à deux chiffres. Tout le monde s’amuse à dire qu’il n’y a pas un secteur qui ne soit pas touché par les réformes. Avec le gouvernement actuel, tous les secteurs sont touchés et elles commencent à porter leur fruit. L’économie béninoise a les potentialités pouvant favoriser la croissance à deux chiffres. Il faut noter les retombées des réformes qui engendrent l’attractivité de notre économie, la qualité du capital humain, l’économie numérique, la compétitivité du port, les industries agroalimentaires et manufacturières, les Bâtiments et travaux publics et l’élargissement de l’assiette fiscale.

Dans la perspective d’une telle croissance, le gouvernement veut compter en grande partie sur le secteur privé. Qu’est-ce qui peut justifier cette confiance faite aux promoteurs privés ?


L’Etat a compris et ceci depuis 2016 que le Partenariat public privé (Ppp) est un meilleur instrument et constitue une opportunité d’assainissement de la gestion des sociétés grâce à l’ingénierie financière pour plus de mobilisation de ressources à l’extérieur. La lutte contre la corruption montre également que l’Etat s’engage à promouvoir la bonne gestion des ressources dans n’importe quel projet et ceci est suffisant pour montrer son engagement pour une saine gestion des deniers publics. On peut également noter les nouvelles mesures incitatives à la création des entreprises, la promotion de nouveaux secteurs pourvoyeurs d’opportunités certaines comme le secteur du numérique.

Le secteur privé peut-il relever le défi ?

Tout dépend de la volonté et de l’ambition des promoteurs privés dès lors que les conditions favorables sont créées et que les mesures d’accompagnement sont initiées par les dirigeants. Il revient aux promoteurs de mieux s’organiser ou de mieux manager leurs ressources pour le développement de leurs affaires. Si au niveau micro les affaires prospèrent, le défi peut être relevé et l’Etat a joué sa partition en faisant une part belle dans les Pag I et II au partenariat public-privé et en garantissant la sincérité de sa signature.

Votre mot de la fin

Le Bénin se positionne comme une économie forte et résiliente pouvant mériter une place prépondérante dans la sous-région et assurer le mieux-être de sa population. La preuve est la confiance des investisseurs en notre pays dès que l’Etat va sur les marchés régionaux et les plateformes financières pour la levée de fonds publics. Il faut tout de même que l’Etat communique davantage sur les bienfaits des réformes engagées.
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