Le journal d’investigation Mediaparta révélé mardi les propos sexistes d’un policier enregistrés sur le répondeur d’une jeune femme qu’il insulte à plusieurs reprises alors qu’elle a porté plainte pour violences sexuelles.
L’affaire remonte à la nuit du 4 au 5 février. une jeune femme de 34 ans sort de soirée avec des amis quand elle sent les attouchements d’un homme derrière elle. Choquée, elle appelle la police puis porte plainte pour « agression sexuelle en état d’ivresse », indique Mediapart.
Le lendemain, un policier du commissariat des Ve et VIe arrondissements où elle a porté plainte la rappelle, laisse un message sur son répondeur pour qu’elle vienne compléter sa plainte et préciser les faits. Croyant avoir raccroché, le fonctionnaire plaisante avec une de ses collègues : « Je la rappellerai de toute façon parce que là, elle doit être en train de cuver ! »
Lisant ensuite à haute voix un extrait de la plainte de la jeune femme, il ajoute : « Elle n’a pas de sens la plainte en fait ». « Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute, dit-il ensuite. Comme par hasard. En fait, c’était juste pour lui casser les couilles, je suis sûr. (…) Putain, grosse pute », conclut-il, avant que le combiné soit bien raccroché.
Suite à ces révélations, une enquête pour « injures non publiques » a été ouverte auprès du parquet de Paris. Condamnant des « des propos inadmissibles », le préfet de police Didier Lallement a quant à lui annoncé avoir saisi l’Inspection générale de la police nationale d’une enquête administrative et a demandé la suspension du policier à titre conservatoire. Le policier encourt aussi une amende de 1 500 euros.
« On voit ce qui se passe réellement lorsqu’une victime va déposer plainte »
Invité à réagir, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a estimé que le fonctionnaire impliqué n’avait plus sa place dans la police nationale « Ce policier a sali non seulement toutes les femmes qui essayent de déposer plainte, mais il a craché sur l’uniforme de la République de ses 250 000 autres collègues qui tous les jours font un travail formidable. »
Mais cette réponse ne satisfait pas Marylie Breuil, militante féministe et membre du collectif #DoublePeine. « Depuis des années, les victimes le disent, on ne les croit pas. Et là, pour une fois ça a été enregistré, on a une preuve. Et du coup, on voit ce qui se passe réellement lorsqu’une victime va déposer plainte. Parce que quand ces propos-là ne sont pas tenus, c’est autre chose. Ce sont des questions lors du dépôt de plainte : « Est-ce que vous avez joui ? » « Mais pourquoi vous étiez toute seule dans la rue à 2h du matin ? » Les policiers ne sont pas formés à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et conjugales. Et on a un gouvernement qui ne réagit qu’en faisant du cas par cas. »
D’après une étude de l’association féministe #NousToutes, deux tiers des victimes de violences sexuelles jugent avoir été mal accueillies dans les commissariats.