Elle a marqué le Bénin et le monde entier par ses merveilleuses œuvres musicales et sociales. Vivi l’internationale était une artiste de la paix, engagée sur les fronts politique et social. Elle a entrepris le grand voyage ce mercredi 16 février à l’âge de 75 ans.
Son retour au créateur à la veille de la célébration du 32e anniversaire de la Conférence nationale des Forces vives de la Nation de février 1990 devrait interpeller tous les esprits épris de paix. Victorine Agbato, alias Vivi l’internationale a marqué l’histoire politique du Bénin à travers son attachement à la paix. Le morceau «N’dokolidji » (en français, ‘’je suis à genoux’’» est une supplication à Dieu pour aider le Bénin à passer le cap de la transition démocratique sans heurts. Ce clip souvent joué en boucle à la veille des élections au Bénin sur les chaînes audiovisuelles de la place, notamment lors des élections présidentielles, est un hymne à la non-violence et à la paix.
Victorine Agbato s’est vite imposée au public. Elle s’est davantage révélée à la faveur de la mutation politique qui a fait passer le Bénin de la période marxiste-léniniste au renouveau démocratique. Les fameuses assises de l’hôtel Plm Alédjo n’ont pas échappé à l’inspiration de l’artiste. Vivi l’internationale est incontestablement une icône de la paix et de l’amour. Son hymne pour la paix s’est révélé comme l’ode à l’aube de la démocratie béninoise.
« Le morceau qu’elle a chanté au cours de la Conférence nationale est une véritable arme de paix. Quand on l’écoute, on prend immédiatement conscience des désastres de la guerre. Nous remercions Dieu de nous avoir donnée Vivi», apprécie Geneviève Tolo, citoyenne.
« J’avais seulement six ans quand la Conférence nationale a eu lieu. Ses clips m’ont permis de comprendre l’histoire politique de notre pays. A l’instar de Vivi, je voudrais plaider que le gouvernement rende souvent hommage aux artistes qui chantent en faveur de la paix de leur vivant », souhaite Hospice Amadji, citoyen.
C’est vers la fin des années 1970 que Vivi débute sa carrière. Durant toute sa vie, elle a bercé plusieurs générations de Béninois, mené des combats et surtout chanté pour la paix. La jeunesse de sa voix est restée jusqu’à son départ pour la félicité éternelle et demeurera ainsi à travers son riche palmarès musical. Ses maitre-mots étaient la paix, la tolérance, l’unité nationale, le pardon, l’amour, On peut résumer sa vie en trois points forts : musique, engagement politique et social.
Missions sociale et divine
Sa mission sur terre a consisté à plaider pour la paix, demander la compréhension, implorer l’union, chanter la cohésion, porter assistance aux personnes vulnérables et surtout crier à l’aide de Dieu. C’est ce qui justifie ses tournées dans certaines prisons civiles du Bénin, notamment celle de Savalou où elle a chanté pour les détenus en 2018.
Tout le monde s’accorde sur ses mérites.
« Quelle perte ! Victorine Agbato est une icône exceptionnelle de la musique béninoise et une véritable ambassadrice de la paix. Puisse le Père céleste faire une place de choix à la légende béninoise dans sa demeure », plaide Louis Vlavonou, président de l’Assemblée nationale.
« Vivi l’internationale est une star, une vedette, un baobab. Grâce à elle, les jeunes générations en savent beaucoup sur le renouveau démocratique au Bénin sans forcément avoir recours à un professeur d’histoire. Je suis très triste de sa disparition. Je prie que le Père céleste lui accorde ses grâces. Je souhaite que sa fille qui marche déjà dans ses pas, puisse véritablement lui ressembler », espère Hyppolite Ahouanya, restaurateur.
Le disque Oluwa Dakun, une autoproduction comporte son célèbre titre « Wa yi do », avec la participation de Sagbohan Danialou, Assa Cica, Bayo Agonglo.
Outre Oluwa Dakun, Victorine Agbato, fait également parler d’elle à travers les titres, Ndo folo Dagbé (un clip qui promeut la culture de l’amour du prochain et du pardon), Mikpa Mawu (louez Dieu) et Fifa (la paix).
De sa voix presque mélancolique lorsqu’elle chante la paix, à celle joyeuse qui a chanté « Wa yi do », l’un de ses plus grands succès, Vivi a été une artiste engagée pour chacune des causes qu’elle avait choisies. Qu’il s’agisse de la nation, de la famille, ou même de Dieu, l’une de ses plus grandes passions.
L’artiste a rejoint l’au-delà, mais sa voix continuera de traverser les âges et les générations, tant ses œuvres musicales sont riches et percutantes. Que la paix pour laquelle elle s’est toujours battue, puisse accompagner son âme et régner sur le Bénin comme elle l’a encore souhaité dans une capsule avec sa fille Marlène durant l’élection présidentielle d’avril 2021.
J’ai appris le décès de Vivi l’internationale vers 7 h ce 16 février. Je devrais gérer un feat avec elle sur mon album. J’avais un intermédiaire, quelqu’un proche d’elle qui gérait la négociation et c’est lui qui m’a appelé aujourd’hui pour m’en informer. Ça m’a choqué et je regrette vraiment sa mort, premièrement parce que je n’ai pas eu sa bénédiction. Deuxièmement parce que je n’ai pas pu gérer mon feat avec elle et je ne la verrai plus jamais sur scène. Je pense que c’est une mémé qui était assez taquine, comique et très douce. Ses conseils vont toujours me manquer. Musicalement, mémé restera une légende. Sa manière de s’habiller, de chanter, les thèmes qu’elle développe dans ses chansons, sont des exemples à suivre. Le Bénin a perdu une légende. Mais les légendes laissent toujours des traces. Donc elle restera inoubliable dans nos cœurs.
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Roland Agondanou, artiste
« Mémé est une inspiration pour les jeunes, une ambassadrice de la paix »
Normalement, j’avais une émission avec elle ce mercredi 16 février sur la radio Wêkê à 17 h et déjà vers 11 h on m’annonce que l’émission ne pourra plus tenir, mémé vient de rendre l’âme et donc l’émission sera consacrée à son hommage. J’étais sous le choc, très terrifié, je ne savais pas quoi répondre. Vous n’imaginez pas, le 30 janvier dernier, voilà ce que j’ai écrit à M. Lambert Bokossa sur Messenger après avoir vu son statut vidéo avec maman Vivi sur son Facebook : « Boss, j’aimerais au moins enregistrer un truc avec cette maman qui nous a vraiment et continue de nous bercer le cœur avant qu’elle ne s’en aille, elle avec pépé Sagbohan », sans savoir que la mort allait l’emporter. A chaque fois que j’écoute ses chansons, je ne peux m’empêcher de couler des larmes. Elle est une inspiration pour la jeunesse, une ambassadrice de la Paix.
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Roland Gnansounou, arrangeur de son :
« Vivi l’Internationale fait partie des premières combattantes de notre nation »
Triste nouvelle ! Je suis abattu et très choqué par cette disparition. Personnellement, je ne m’attendais pas à un si brusque départ. On pensait tous qu’elle était là pour épauler la jeune génération et l’orienter. C’est vrai que son décès n’est pas prématuré mais j’avoue que nous avons perdu une véritable puce qui nous a été énormément utile. Vivi fait partie des premières combattantes de notre nation. Elle est une amazone qui était et demeure un exemple, rien qu’à travers ses clips. Si pacifique, gentille, elle avait de l’amour et de la chaleur maternelle à donner. Elle a tant apaisé notre cœur surtout dans les moments de tensions politiques. Suite à cette perte, je propose que le gouvernement honore les autres artistes de leur vivant.
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Firmin Kpiti Zannou, réalisateur :
« Elle aimait beaucoup taquiner »
J’ai appris cette triste nouvelle et je suis encore sous le choc. C’est une perte pour la culture béninoise parce que pour l’avoir enregistrée dans mon studio, j’ai pu toucher du doigt toute la richesse que représentait cette vedette. Je regrette sa mort parce que je n’ai eu que de beaux souvenirs d’elle. Je l’ai rencontrée pour la première fois en 2017 dans mon studio, elle avait accepté faire un featuring avec Tatiano, un jeune artiste du Mono qu’elle avait vu et apprécié sur scène en 2014. Je n’avais qu’un petit studio, peu équipé à l’époque. Grâce à son humilité, elle s’est donné à l’exercice sans aucun commentaire sur le local. Elle était un véritable instrument de Dieu, tant sa chaleur de mère apaise les cœurs. On l’a enregistrée, procédé à des corrections, mais hélas ! Le clip ne sera jamais tourné. Vivi l’internationale, c’était aussi une femme de rigueur. Je savais ma punition les fois où j’arrivais en retard.
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Aremou Lawani, artiste :
« Elle est la musicienne qui a marqué mon enfance avec ses chansons engagées et son dévouement »
Je suis triste ! La mort de cette diva de la musique béninoise est un événement assez tragique qui me touche beaucoup. Vivi était une ressource de la musique béninoise. Depuis mon enfance, je suis tombé amoureux de sa voix et de sa rigueur. Elle est la musicienne qui a marqué mon enfance avec ses chansons engagées et son dévouement pour établir la paix dans notre pays.
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Epiphane Ahouansou, artiste :
« C’est une maman qui m’inspire énormément par ses morceaux »
Son décès m’attriste. On dirait que j’ai perdu ma langue pour chanter ‘’le do ré mi fa sol la sido’’. Vivi l’Internationale est celle qui montre au moins l’espoir de la musique béninoise. Elle était une femme géniale, une maman que j’ai l’habitude d’appeler ‘’Vlisco Chigan’’ à cause de son caractère d’amazone. C’est une maman qui m’inspire énormément, rien qu’à travers ses morceaux. Nous ne pouvons rien contre l’heure de Dieu. Que son âme repose en paix, qu’elle veille sur le Bénin et sur sa famille biologique et musicale.
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Sagbohan Danialou sur sa page Facebook
« Très chère Vivi… guerrière et camarade de luttes, tu inspirais joie, bonheur et respect. Vas en paix. Mais tu demeureras toujours dans nos mémoires. Vive l’artiste ! »
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He David Camille Biokou, député Up :
« Nous avons perdu une femme de valeur, une digne fille du Bénin »
Vivi l’internationale fait partie des patrimoines de notre pays. A travers ses chansons, elle a toujours imploré la paix, l’amour, l’union, l’entente, au sein des enfants du Bénin. Elle a toujours été préoccupée par l’unité du peuple. Et vous savez que c’est dans l’union que le développement peut s’opérer dans un pays. C’est dans l’union que l’émergence que nous recherchons tous, non seulement pour notre pays, mais pour nos familles, nos différentes maisons, peut se concrétiser. Elle a été apôtre de cette union à travers ses chansons.
C’est une femme qui aime bien son pays, et qui a travaillé pour la grandeur de notre culture, de la musique béninoise, à travers l’Afrique et le monde. C’est une dame de fer que nous devons célébrer. Dommage qu’on ne fait pas beaucoup pour eux, ces grandes figures, de leur vivant. Nous avons perdu une femme de valeur, une digne fille du Bénin, qui à sa manière, a œuvré pour le rayonnement de la musique béninoise au-delà de nos frontières. Que la terre lui soit légère, que son âme monte au ciel.
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Le parti Rlc rend hommage à une grande militante de la paix
C’est avec beaucoup d’émotions que nous avons appris ce mercredi 16 février 2022 le décès de Vivi l’internationale, de son vrai nom Vitorine Agbato. icône de la chanson béninoise, elle fut militante infatigable de la paix, démocratique et souverainiste.
Nous nous souviendrons d’elle pour sa soif de paix, ses chansons dédiées à l’unité et à la cohésion nationale, surtout en cette période où nous en avons plus que jamais besoin.
Toute sa vie, Vivi l’internationale a utilisé sa voix pour la sauvegarde de la paix et des valeurs démocratiques dans notre pays.
Nos sincères condoléances à sa famille, ses proches et à toute la nation.
Président du parti RCL Iréné Agossa
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Kokou Claude Balogoun, conseiller au Ces
« C’est une femme qui rit tout le temps. Elle se fâche très rarement… »
Vivi l’internationale est une mémé à moi, parce qu’elle est originaire de Toffo comme moi. Dans leur maison à Toffo gare, il y avait un goyavier et dès que le portail était ouvert, on se permettait de cueillir les fruits. Cela m’a marqué. C’est une maman qui nous donnait beaucoup de conseils. On ne parlera jamais assez de son engagement pour la paix, elle en a tellement fait. Nous avons collaboré sur des clips, dont le plus récent remonte à 7 ans avec les militaires. A l’époque, il y avait beaucoup de mouvements sur le campus entre les étudiants et les policiers. Un bras de fer énorme au temps du président Boni Yayi. Elle a décidé de réaliser un morceau. Nous avons donc tourné sur le campus. Elle a fait inviter le directeur adjoint de la police nationale, un bataillon de policiers et les responsables syndicaux du campus, et autour de ce clip on a fait la paix. C’était donc plus qu’un clip, mais nous avons célébré la paix sur le campus, qui venait de connaitre d’intenses violences. Voilà Vivi l’internationale. J’ai été à plusieurs reprises à son domicile parce que j’ai continué la collaboration avec ses enfants. Mon seul regret, je n’ai pas pu lui réaliser une interview à l’image d’un certain nombre de personnalités pour garder son histoire. Mais je sais aussi qu’elle en a tellement fait. C’est une femme forte de caractère. Elle est très sociable et sociale. Elle rit tout le temps, se fâche très rarement, et partout où elle passe, elle porte la paix en elle, divulgue la paix, inspire la paix.
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Claudine Prudencio, présidente de l’Institut national de la Femme
« Mes hommages spéciaux à Vivi l’internationale, la femme au cœur d’or, la grande activiste de la paix !
J’ai appris avec grande douleur, le décès de cette figure emblématique de la musique béninoise et africaine qu’est notre compatriote Vivi l’internationale.
L’illustre disparue fut non seulement une excellente ambassadrice de la musique béninoise, mais aussi, une vraie et efficace Amazone de la promotion de la paix.
En ce mois de commémoration de l’anniversaire de la Conférence nationale de Février 1990, nous revivons, avec grandes émotions, le rôle capital que Vivi l’internationale aura joué pour adoucir les esprits et les cœurs, afin qu’ « aucun bain de sang n’éclabousse », notre Nation !
Vivi l’internationale, c’est également le modèle de femme battante, complètement dévouée à la cause de toutes les couches vulnérables.
Au nom de l’Institut national de la Femme (Inf) et en mon nom propre, je rends hommage à l’illustre disparue.
Une grosse perte pour notre pays, un grand vide que le Bénin aura du mal à combler.
Vive l’Artiste ! Paix éternelle à ton âme ! »
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Louis Vlavonou, président de l’Assemblée nationale
« Quelle perte »
Je viens d’apprendre avec une profonde tristesse le décès de l’artiste Vivi l’internationale.
En effet, Victorine Agbato est une icône exceptionnelle de la musique béninoise et une véritable ambassadrice de la paix dans notre pays. Ses œuvres ont contribué éminemment à la culture de la paix au Bénin depuis l’historique conférence des forces vives de la Nation.
Je présente mes profondes condoléances aux familles biologique et professionnelle de l’illustre disparue.
Puisse le Père Céleste faire une place de choix à la légende béninoise dans sa demeure. »