Après une présidentielle mitigée, Patrice Talon et des leaders de l’opposition comme Boni Yayi et Nicéphore Soglo se sont vu et ont discuté. Un acte fort dans la décrispation de la crise politique qui a toujours secoué ce régime, depuis l’organisation de sa première joute électorale. Mais, la participation aux législatives prochaines de tous les courants désireux de l’opposition demeure le signe patent de cet engagement du chef de l’État, de ne plus réellement participer au réveil éventuel des foyers de tension.
22 septembre 2021 et 19 février 2022 ! Ces deux dates marqueront certainement les anales politiques du Bénin, sous l’ère Patrice Talon. Puisque, ses prédécesseurs Boni Yayi et Nicéphore Soglo ont respectivement remis les pieds au Palais de la Marina pour le rencontrer, dans des situations distinctes. Si Boni Yayi y était pour exprimer des demandes allant dans le sens de la décrispation de la tension politique, Nicéphore Soglo a quant à lui foulé le sol de la présidence dans le cadre de l’exposition des œuvres d’art retournées au Bénin par la France. Au final, le point fort marquant ces retrouvailles officielles est qu’ils ont tous deux discuté avec l’actuel chef de l’État. Une chose que beaucoup ne pouvaient pas prédire il y a peu. Ceci, compte tenu des différentes tensions et crises politiques meurtrières qui ont caractérisé chacune des élections organisées par Patrice Talon, depuis son installation en avril 2016 dans le fauteuil présidentiel. Et, surtout que les deux anciens chefs de l’État étaient à tort ou à raison pointés du doigt comme étant les nœuds de ces tensions, du côté de l’opposition radicale au régime de la Rupture. Alors que beaucoup d’opposants emprisonnés dans le cadre des dernières violences électorales ont pu recouvrer leur liberté après le tête-à-tête entre Patrice Talon et Boni Yayi, d’aucuns ont estimé que ce pas franchi en est pour quelque chose. Mieux, d’autres en saluant ce rapprochement n’ont pas manqué d’estimer que l’actuel Président de la République avec ce point fort qu’est la libération de ces prisonniers de circonstance approuve l’idée d’une décrispation totale de la crise, voulue et exprimée par toutes les parties concernées d’ailleurs. Avec Nicéphore Soglo qui malgré sa dent dure contre son ancien protégé le rencontre à l’occasion de l’exposition de ces œuvres, c’est apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui croient déjà à cette décrispation.
Reste le point amoncelant…
Seulement, malgré ces efforts louables, il reste encore à faire. À l’instar de la grâce présidentielle demandée ci et là pour une remise en liberté des challengers ratés de Patrice Talon à la présidentielle dernière que sont Joël Aïvo et Reckya Madougou, reste un autre acte fort pour entériner cette volonté du chef de l’État, d’adhérer au retour de la paix politique. Cet acte futuriste est la participation sans anicroches de toutes les formations politiques désireuses de l’opposition dure ou radicale, à cette joute électorale. Étant déjà pour la plupart dans les règles les plus élémentaires pour y participer, le gouvernement et son chef auront désormais la lourde responsabilité de veiller à ce que d’éventuelles chicanes ne soient pas placées sur le chemin de ces formations politiques, qui expriment même leur volonté de participer à ces élections déterminantes. Au-delà donc de tous les flashs et commodités qui sont depuis servis aux béninois en termes d’assurance, le vrai bal pour un retour au calme dans les mois à venir est toujours dans le camp de celui qui se fait appeler compétiteur né. Reste à savoir s’il saura le dégager vers le bon côté, au moment opportun.