Animation de la vie politique :Koutché et Zinsou, le «Je t’aime moi non plus »

Publié le mercredi 23 fevrier 2022 | aCotonou.com

© Autre presse par DR
Komi KOUTCHE, ancien ministre des finances et Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin

Invité Afrique de Radio France internationale (Rfi), le mardi 22 février 2022, contrairement à ce qui transparaît à première vue des propos tenus par l’ancien ministre de l’économie et des finances Komi Koutché au sujet de l'ancien premier ministre du gouvernement de Boni Yayi, Lionel Zinsou, c’est le «Je t’aime moi non plus».
Une histoire entre deux personnes si proches et si loin que la fin de leur ‘’idylle'' n'est certainement pas pour demain.
Signe évident du change à la carte jouée en fin stratège par Patrice Talon qui est rentré le 18 février 2022, du sommet Union européenne-Union africaine, qui s’est tenu les 17 et 18 février à Bruxelles, sur Cotonou à bord de l’avion présidentiel avec Lionel Zinsou qui n’était plus rentré dans son pays depuis 2019.
Après sa rencontre avec l’ex président Boni Yayi le 22 septembre 2021, où entre autres, le cas Koutché a été évoqué pour son retour d'exil, comme celui des opposants en prison, dont rien n'a conséquemment bougé pour ceux qui pèsent gros dans l’écurie politique de l’opposition. Mais qui ont plutôt écopé de peines de condamnation ( 20 ans pour Réckya Madougou et 10 ans pour Joël Aïvo).
«Pour moi et pour la majorité des Béninois, Lionel Zinsou est un objet volant non identifiable dans la vie politique béninoise...», a déclaré Komi Koutché, résumant en non événement sa présence le 19 février 2021 aux côtés de Patrice Talon au vernissage de l’exposition des œuvres d’arts restituées au Bénin par la France.
Regrettant que «Zinsou aurait pu être le chef charismatique de l'opposition, mais depuis qu'il est parti, il n'a plus jamais fait signe. Nous ne l'avons jamais vu dans un combat de l'opposition. Et ce qui vient de se passer n'a pas quelque chose d'important.».
C'est ne pas lire l'interview de Lionel Zinsou sur la présidentielle de 2016 accordée à Jeune Afrique, pour ne pas se demander s’il n'a pas eu l’impression d'avoir été floué pour ce qu’il y a investi.
D’ailleurs, Lionel Zinsou avait été condamné le 18 février 2020 par la Cour d’appel de Cotonou de « dépassement de frais de campagne électorale », écopant de quatre ans d’inéligibilité et cinq millions de francs CFA d’amende (environ 7 600 euros).
On se rappelle encore de ses déboires avec l’opérateur économique Burkinabé, Amadou Bonkongou, PDG d'Ebomaf, une entreprise de construction d’infrastructures routières après cette élection.
Tout comme ses sorties médiatiques polémiques caressant dans le sens des poils les performances économiques du régime, que vitriole l’opposition.
Le regret de Komi Koutché, qui se sent redevable de ceux qui ont cru en lui et en son choix de 2016, est de constater et déclarer au micro de RFI son rapport politique actuel avec Lionel Zinsou.
Mais pour qui connait Lionel Zinsou, dont le cœur bat pour l'art et qui a entrepris des rapatriements d’objets d’arts au Bénin, et investi dans la construction de musées et autres avec la Fondation Zinsou dirigée par sa fille Marie-Cécile Zinsou, c’est l’avoir acquis si non conquis pour ne pas bouder une invite au palais de la Marina pour une exposition grandeur nature des 26 trésors royaux rétrocédés par la France.
Son talon d’Achille a certainement été mis en évidence, comme le révèlent la démarche du président Talon à son endroit.
L’Avalanche de réactions que suscite la sortie médiatique de Komi Koutché au point de cristalliser l’opinion est celui d’un exercice d’un acteur politique qui n’est pas passé inaperçu sur un médias.
Expression des attentes d’une frange de l’opposition de celui qui fut son candidat en 2016 face à Patrice Talon élu président, dont certains essuient des déboires jusqu’à lors.
En 2026, Lionel Zinsou aura 72 ans et sauf cataclysme ne peut être éligible à la présidentielle, lui qui avec sa condamnation ne pouvait-être éligible en 2021, à la présidentielle passée.
La sortie de Koutché à tout le moins est celui d'un rappel à l’ordre d'un amant devenu incontrôlable, tant ses fréquentations laissent perplexe son partenaire politique de 2016, et directeur de campagne, pourvoyeur de suffrage électoral.
A l’analyse, contrairement à Komi Koutché acteur politique, et un des principaux leaders de l’opposition, pour Lionel Zinsou, Banquier d’affaires, toujours proche des cercles de décideurs géopolitiques européens notamment français, ‘’accidentellement'' atterri en politique dans son pays d’origine le Bénin, le choix est vite fait, entre marcher sur les rails d’un homme politique, mieux d’opposant que celui de porteur de valises.
«Le cœur à ses raisons que la raison elle-même ignore», l’aveu de Koutché n’est qu’un cri du cœur, révélateur de ce qu’en chœur rouspète l’opposition.

Ange BANOUWIN

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