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Pris entre plusieurs feux: Talon dans un sprint

Publié le vendredi 25 fevrier 2022  |  Matin libre
Vernissage
© Autre presse par Presidence
Vernissage « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation » sous la présidence du Président de la République, Monsieur Patrice TALON, ce samedi 19 février 2022 dans le cadre de l’exposition publique diptyque au Palais de la Marina
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*Le PR a compris la nécessité d’avoir avec lui certaines figures

*Encore des paliers à franchir

*Dans tout ça, c’est Hounkpè qui serait plus frustré

Attaques de groupes terroristes au nord du Bénin, climat politique dégradant avec des figures de l’opposition en prison, l’équation des législatives inclusives en 2023, la réduction « significative » par le programme américain d’investissement et d’aide, le Millennium Challenge Corporation, (MCC) de son enveloppe dédiée aux projets béninois du fait du déclin des principes de gouvernance démocratiques, cherté de la vie, l’exposition des 26 trésors royaux à la présidence de la République… Ce sont-là autant de sujets qui ont dû secouer le président béninois ces dernières semaines. Les faits parlent d’eux-mêmes. Patrice Talon, tel un athlète, en quelques jours, était sur plusieurs fronts. Ce qui n’était pas le cas au premier quinquennat (2016-2022).

Entre septembre 2021 qu’il a reçu son prédécesseur Yayi Boni dans le cadre de la décrispation du climat politique, rencontre qu’il a voulu avoir depuis des années, et février 2022, Patrice Talon a été très actif à l’interne, dans la sous-région et en dehors du continent. Entre temps, l’actualité des coups d’Etat dans des pays voisins du Bénin l’ont fait sortir de Cotonou pour des sommets de la Cedeao, puis entre mi-janvier et fin janvier 2022, il était l’hôte des Présidents Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Macky Sall du Sénégal, actuellement Président en exercice de l’Union Africaine. Quelques semaines plus tard, le chef de l’Etat béninois s’est envolé, mercredi 16 février 2022, pour Paris, en France, pour le dîner offert par son homologue français, Emmanuel Macron à l’occasion d’un mini-sommet organisé par Paris sur l’engagement militaire de la France au Mali. Et, jeudi 17 et vendredi 18 février, Patrice Talon a pris part dans la capitale de la Belgique, Bruxelles, au sommet Union européenne – Union Africaine. De l’Hexagone, en rentrant à Cotonou, il a embarqué avec l’ancien premier ministre de Yayi Boni, son challenger à la présidentielle de 2016. On a compris finalement que c’est Patrice Talon qui a négocié la venue de Lionel Zinsou au Bénin pour le vernissage de l’exposition des 26 trésors royaux rétrocédés par la France. Un vernissage présidé en personne vendredi dernier par le président Talon lui-même. L’autre grosse surprise, c’est la présence de l’ancien chef de l’Etat, Nicéphore Soglo à ce vernissage alors qu’il avait boycotté en décembre, l’invitation pour assister à la cérémonie d’accueil desdits trésors royaux. Selon les indiscrétions, c’est Patrice Talon lui-même qui s’est d’abord rendu au domicile du président Soglo pour baliser le chemin avant que ses émissaires ne lui apportent après l’invitation de façon officielle ; le climat étant tendu entre les deux hommes depuis 2016, au lendemain de la présidentielle, et surtout avec le départ en exil De Léhady Soglo, ancien maire de Cotonou, fils de l’ancien président. En clair, quand on fait le point, Patrice Talon a voulu faire de l’exposition une fête nationale où toutes les voix, mêmes celles discordantes, devraient se retrouver. On comprend donc que Patrice Talon a été très touché par ce vide laissé autour de lui par certaines voix critiques le jour de l’accueil des 26 trésors royaux à Cotonou, au Palais de la Marina. A défaut d’avoir Yayi Boni, il a donc misé sur Lionel Zinsou et Nicéphore Soglo pour faire son show inaugural de l’exposition. Pour une communication politique, c’en était une. Patrice Talon, sur ce coup, a réussi à focaliser les attentions sur ces deux faits majeurs durant tout le week-end. C’est tant mieux. Que ce soit pour des intérêts égoïstes que chacun des acteurs concernés se sont prêtés au jeu, l’essentiel est que beaucoup d’observateurs y voient un début de rapprochement entre ces différentes figures. Si cela peut contribuer davantage au dégel de la situation sociopolitique dans le pays, n’est-ce pas le souhait des Béninois ? C’est vrai, qu’après son investiture en mai 2021 et ce jusqu’à septembre, Patrice Talon n’avait pas posé un acte majeur allant dans le sens de la décrispation même si dans son discours à Porto-Novo, le 23 mai 2021 il disait qu’il sera « le Président de toutes les Béninoises et de tous les Béninois ». Mieux, déclarait-il : « les élections ainsi que les incompréhensions ou les querelles qu’elles génèrent, c’est désormais du passé. Dans la cohésion, tous ensemble, mettons-nous au travail pour consacrer définitivement le redressement de la grande nation que nous sommes, la fierté du grand Peuple que nous avons toujours été ». On peut donc considérer que les pas faits à l’interne et dans la sous-région ces derniers temps-ci sont dans cette droite ligne. Il va falloir donc maintenir cette flamme allumée, sans ruse et sans rage.

Mais, encore des paliers à franchir…

Si le Pouvoir a pu brandir les images de Lionel Zinsou et Nicéphore Soglo associées à cette exposition sur l’art, comme des trophées dans le cadre de l’apaisement au plan politique, c’est de bonne guerre. Mais ces deux images suffisent-elles ou incarnent-elles aujourd’hui toutes les voix opposées à la gouvernance Talon ? La réponse est d’emblée non ! Il faut donc travailler à ce que Yayi Boni s’y identifie. Et pour ce faire, il faut soigner certains bords. Autrement, satisfaire à certaines doléances en suspens. Jusque-là, et en dépit des pressions extérieures, Joel Aivo et Reckya Madougou, candidats recalés de l’opposition à la présidentielle, sont toujours derrière les barreaux, condamnés à 10 et 20 ans de prison ferme. Quid des figures politiques en exil en Europe et aux Etats-Unis, entre autres : Sébastien Ajavon, Léhady Soglo, Valentin Djènontin, Komi Koutché, Fatouma Djibril, Amissétou Affo Djobo. Et pour une réconciliation d’avec le peuple qui depuis 2019 boycotte les élections sous la Rupture, c’est qu’il faut que les législatives prochaines prennent en compte les différents partis politiques nés des réformes politiques et institutionnelles opérées. La résolution de l’équation de la cherté de la vie suivra. Pour ce qui est de la sécurité et de la défense du territoire avec les attaques terroristes enregistrées ces derniers mois, le gouvernement n’est pas resté sans rien faire. Il ne reste qu’à souhaiter la mise en œuvre réelle des décisions prises en conseil des ministres.

Dans tout ça, Hounkpè serait le plus frustré

En recourant in fine à yayi, Soglo et Zinsou, le président de la République semble avoir constaté que l’image seule de Paul Hounkpè, chef de file de file de l’opposition suivant les textes, n’aura pas suffi. Lui-seul n’incarne pas l’opposition et ne pourra contribuer à renverser la tendance dans ce climat tendu qui règne. Mais là, Patrice Talon en cherchant à ratisser large, fera perdre des plumes à Paul Hounkpè. La preuve, depuis qu’il a émis le souhait de rencontrer Patrice Talon pour discuter avec lui de la loi sur l’opposition et le chef de file de l’opposition, il n’a pas été reçu. Et pourtant Yayi Boni a été reçu et Lionel Zinsou et Nicéphore Soglo ont échangé avec le chef de l’Etat récemment à la Présidence. Fort de tout ceci, c’est Paul Hounkpè qui doit se sentir exclu du jeu et pourrait être frustrés.

Worou BORO
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