Après les élections Législatives de 2019 et les municipales et communales de 2020 jugées non inclusives, les Législatives de 2023 s’annoncent comme les premières élections qui pourraient être effectivement ouvertes sous la Rupture. C’est en tout cas le vœu de la classe politique béninoise pour une vraie décrispation de la tension politique. En lice donc pour les Législatives de 2023, les partis de l’Opposition voudront s’assurer de l’impartialité de la Commission électorale nationale autonome (Céna) nouvelle formule.
« Je prie Dieu pour qu’en 2023, la Céna n’attribue pas les 10% à la tête du client ». Ainsi s’exprimait, dimanche dernier, l’ancien ministre Alain Adihou dans l’émission « 90mn pour convaincre » de Radio Bénin. Cette inquiétude résume une préoccupation majeure des partis, autre que l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br), dans la course aux Législatives de 2023. Et pour cause, la Céna nouvelle formule que dirige Sacca Lafia a été installée au lendemain des élections auxquelles nombre de partis n’ont pas pris part. Or, des 5 membres du Conseil électoral, seul le parti Fcbe, se réclamant de l’opposition mais jugé à tort ou raison d’anti-chambre du pouvoir, y a un représentant. Si cela n’empêche pas un membre de ce parti, en l’occurrence l’ancien ministre Alain Adihou, de nourrir des appréhensions quant à l’impartialité de la Céna, quid alors des partis Les Démocrates, le Prd, Moele-Bénin et autres.
La bataille des 10% sera rude sur le terrain. Mais l’autre bataille qui va se jouer à la Céna, c’est que les partis, ayant mouillé véritablement le maillot, puissent avoir la certitude qu’une fois les chiffres envoyés à la Céna, ils ne soient pas dépouillés des suffrages obtenus aux prix de lutte sur le terrain. Certes, les contestations ne manquent pas dans une élection. Même au temps où les partis de l’opposition étaient représentés au niveau de l’organe en charge des élections, il y avait toujours des suspicions. Mais au moins, en ces temps-là, ils pouvaient compter sur leurs représentants pour les alerter sur toutes les velléités de substitution de résultat d’un parti politique au profit d’un autre. Maintenant que Les Démocrates, le Prd n’ont personne à la Céna, n’y a-t-il pas de quoi avoir des craintes ? Surtout quand on sait que les personnes qui sont à l’opérationnel, que cela soit à la tête du Conseil électoral ou de la Direction générale des élections, sont membres de l’Up et du Br. Puisqu’il n’y a aucun représentant de l’opposition radicale à la Céna, comment pourrait-elle apprécier, peser de son poids pour empêcher l’annulation éventuelle de bulletins qui seraient jugés à problèmes, etc. Ce sont de justes inquiétudes que soulève la nouvelle formule de la Céna que d’aucuns jugent bétonnée, par la Mouvance au pouvoir, de par sa composition.
Selon l’article 20 de la loi n° 2019 – 43 du 19 Novembre 2019 portant code électoral, le Conseil électoral est un organe politique composé de 5 membres désignés par le président de la République, le chef de file de l’Opposition, les deux tendances de l’Assemblée nationale (Up et Br) et l’Assemblée générale des magistrats. Les 5 conseillers forment le Conseil électoral qui fonctionne comme le Conseil d’administration de la Céna. Quant à la Direction générale des élections, elle est l’instance de conduite opérationnelle des activités électorales. Ses membres sont recrutés par le Conseil électoral par appel à candidature. C’est ainsi que Boucary Abdou Soulé Adam est recruté au titre de Directeur général des élections. Ce dernier avait, dans un premier temps, été désigné par le Bloc républicain pour être son représentant au sein du Conseil électoral, avant de démissionner.