Me Agbodjo << Une journée noire pour la justice et la démocratie >>
L’avocat insiste sur une solution politique
Ce jour, 03 mars 2022, cela fait exactement un an que l’ancienne Garde des sceaux, candidate recalée de l’Opposition à la présidentielle de 2021, a été arrêtée sur le pont de Porto-Novo, du retour d’un meeting dans la ville capitale. Un an que Reckya Madougou est privée de sa liberté. Elle sera condamnée le 10 décembre 2021 à 20 ans d’emprisonnement ferme. Dans une interview exclusive, son avocat Me Renaud Agbodjo parle de comment il a vécu la journée de 03 mars 2021, le procès puis la solution pour que sa cliente recouvre sa liberté.
Quatre questions à Me Renaud Agbodjo
Matin Libre : Aujourd’hui, 03 mars 2022, cela fait exactement un an que Reckya Madougou a été arrêtée. Quand vous vous remémorez tout ce qui s’est passé jusqu’au procès ayant abouti à sa condamnation à 20 ans de prison, quel est votre sentiment ?
Me Renaud Agodjo : Le mercredi 03 mars 2021 il était un peu plus de 19h lorsque j’ai été joint par ma cliente m’informant qu’elle venait d’être enlevée par une unité lourdement armée qui la conduisait à la BEF. C’était une journée noire à la fois pour la justice et pour la démocratie. Et le 10 décembre 2021 en dépit d’un dossier vide et une accusation sans preuve, Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison. Je continue de ressentir ce sentiment d’indignation face à l’aveuglement de notre système judiciaire qui s’applatit au jour le jour.
Votre cliente a décidé de ne pas faire appel de sa condamnation. Une résignation ?
Pas du tout… Elle a manifesté ce choix de ne pas faire appel pour ne pas donner de faux espoirs à sa famille et ses proches en raison de ce qu’elle a perdu confiance à la Criet et ses juges qui sont les mêmes qui devaient connaître d’un recours en appel… elle considère que les juges de la Criet ne sont pas indépendants et elle l’a rappelé lors de son procès.
Quelle pourrait être la solution pour qu’elle recouvre sa liberté ? On parle de la possibilité d’une grâce présidentielle ou d’une loi d’amnistie. Votre Opinion.
A l’instar de Reckya Madougou il y’a des centaines de détenus de la crise post-électorale qui sont encore sans jugement. Je pense qu’une solution politique viable passe par une loi d’amnistie générale.
Pourquoi pensez-vous qu’il faut une solution politique ?
Les raisons de l’arrestation de ma cliente reposent sur des motivations politiques et nous l’avons démontré lors du procès… c’est forcément une solution politique qui facilitera sa mise en liberté pour lui permettre de retrouver ses enfants dont elle est séparée depuis un an et aussi de se soigner et reprendre son activité de consultante internationale.