Les 40 prochains jours seront marqués chez les chrétiens catholiques par le jeûne, la pénitence et le partage. Curé de la paroisse Saint Antoine de Padoue de Tanto à Cotonou, le père Nelson Ahouandjinou explique le sens de cette période et indique comment bien la vivre.
Petits et grands, hommes et femmes, en rangs et marchant vers l’autel où se trouve le prêtre vêtu d’une chasuble de couleur violette, reçoivent tour à tour une poignée de cendres dans le creux de leurs mains. La plupart en prennent une pincée pour se marquer du signe de la croix au front, sous les mélodies de la chorale Hanyé rappelant dans le refrain que « nous sommes poussière et nous retournerons à la poussière ». Ce rituel liturgique marque le mercredi des cendres, premier jour du carême chrétien. A la paroisse Saint Antoine de Padoue de Tanto à Cotonou, la tradition est donc respectée. «Les cendres constituent le résidu des choses lorsqu’elles ont été consumées par le feu. C’est donc l’image de notre pauvreté. Mais elles peuvent aussi fertiliser la terre et la vie peut renaître sous les cendres », explique le père Nelson Ahouandjinou, curé de cette paroisse. En se marquant de cendres, le chrétien reconnaît sa pauvreté, son indignité, mais espère la renaissance, le renouvellement de son être qui se réalisera dans le mystère pascal.
Dans l’ancien testament, les cendres évoquaient le péché et la fragilité de l’homme. Ainsi, en se recouvrant de cendres, l’homme montre à Dieu qu’il reconnaît ses fautes et demande, dans l’humilité, pardon pour ses péchés. En clair, il fait pénitence. « Quoi de plus symbolique donc que d’être marqué par la cendre au début de ce temps privilégié de conversion ! », s’exclame-t-il.
Cap sur le carême !
Durant les 40 prochains jours, ls chrétiens passeront par plusieurs étapes. Faisant l’historique du carême chrétien, le père Nelson Ahouandjinou indique que « c’est une allusion aux quarante années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Egypte et son entrée dans la terre promise. C’est aussi une allusion aux quarante jours passés par Jésus au désert entre son baptême et le début de sa vie publique ». Le carême prend donc source aussi bien dans l’ancien testament à travers le livre de l’Exode que dans le nouveau testament notamment les évangiles. Selon le curé de la paroisse Saint Antoine de Padoue de Tanto, durant ce temps fort de l’année liturgique, l’Église invite ses fidèles à aller au « désert de leurs cœurs » pour se préparer à célébrer Pâques. Le prêtre reste ainsi dans la dynamique du pape François qui dans son message pour le carême 2022 parle d’un temps « propice de renouveau personnel et communautaire qui nous conduit à la Pâque de Jésus-Christ mort et ressuscité ». Il recommande également une forte dose d’humilité et de charité au cours de cette période. « Il est important que chaque chrétien puisse traduire les piliers du temps de carême que sont la prière, le pardon et le partage dans une pratique personnelle qui lui fait faire des efforts sans lui porter préjudice. Nous devons nous concentrer sur un effort particulier à faire durant ce temps de carême et faire le bilan à la fin avant de savoir si nous avons reçu des grâces », recommande le prêtre qui soutient que chaque jour ou chaque semaine de carême a sa mystique qu’il faut s’efforcer de découvrir et de vivre. Toutefois, il est important, dit-il, de mettre un point d’honneur sur le mercredi des cendres, les vendredis de carême, le quatrième dimanche de carême (Laudate), le dimanche des rameaux, la semaine sainte notamment le Triduum pascal. Dans tous les cas, ajoute-t-il, le chrétien ne doit plus retomber dans le péché dont il s’est éloigné, même après le temps de carême.
« Ne nous lassons pas de faire le bien… Nous récolterons si nous ne perdons pas courage», peut-on lire dans le message du pape François pour ce temps de carême. Le souverain pontife appelle ainsi à la charité concrète envers le prochain, à pratiquer l’aumône avec joie et à persister dans la prière.