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Père Hubert Kedowidé : « Le jeûne nous permet d’être en communion avec le Seigneur »

Publié le jeudi 3 mars 2022  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Père Hubert Kedowidé, directeur diocésain de la communication de l’Archidiocèse de Cotonou et curé de la paroisse ‘’Bon pasteur’’
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Par Isidore Alexis GOZO (gozoalexis6@gmail.com),

Le père Hubert Kedowidé est directeur diocésain de la communication de l’Archidiocèse de Cotonou et curé de la paroisse ‘’Bon pasteur’’. Dans cet entretien, il évoque l’historique du carême et appelle les fidèles à une rénovation intérieure qui les conduira à une unité réelle non seulement avec le Christ, mais aussi avec le prochain.

La Nation : Le carême a démarré hier mercredi par l’imposition des cendres aux fidèles catholiques. Quelles sont l’origine et la signification de cet acte ?

Père Hubert Kedowidé : Nous avons commencé hier le premier jour de carême appelé mercredi des cendres. Nous sommes à 47 jours de pâques mais nous allons jeûner pendant 40 jours parce que les dimanches ne sont pas des jours de jeûne. Pendant 40 jours, nous allons cheminer avec le Christ pour un renouvellement personnel et communautaire. Ce renouvellement passe par trois choses. La première chose, c’est la prière qui est avant tout, l’écoute de Dieu. En ces temps-ci, les chrétiens catholiques sont appelés à redoubler d’effort dans leur cheminement spirituel par la fréquentation à l’Eglise, la célébration eucharistique, la confession qui fait le nettoyage du cœur pour permettre à Dieu de trouver de place dans notre vie et ensuite la méditation de la parole de Dieu qui nourrit notre âme. Deuxième chose, c’est le jeûne qui est une privation. Au fond, nous sommes tentés par le diable et en nous coupant des appétits de ce monde, nous privons le diable de l’arsenal de combat. Le jeûne nous permet de faire l’expérience du dépouillement et cette expérience nous confronte à la fois à nous-mêmes et à nos fragilités. Ensuite, le jeûne nous ouvre la présence au secours de Dieu. Et nous faisons aussi l’expérience du dépouillement pour mieux sentir la faiblesse du corps et la faiblesse que vivent aussi nos frères et sœurs dans le besoin. La troisième chose importante est l’aumône qui nous permet d’aller à la rencontre des autres. Mais hier mercredi, c’est la cendre que l’on a imposée au front des fidèles. Cette imposition revêt deux significations. La première signification, c’est ce qui reste lorsque plus rien ne reste, c’est-à-dire le sommet du dépouillement. On reconnaît par-là, la fragilité humaine et c’est grâce à cela que dans l’ancien testament, les rois se couvraient de cendre lorsqu’ils reconnaissent leurs fautes devant Dieu. La seconde signification importante, c’est que la cendre comporte aussi la fumée et ça devient aussi de l’engrais pour faire pousser les choses. C’est pour dire que la cendre que nous prenons n’est pas notre finitude totale mais aussi, elle nous prépare pour une nouvelle gestation, une nouvelle fécondité. Nous cheminons dans l’espérance que nous allons faire notre retour glorieux dans la maison de notre père commun qui est Jésus.

Qui sont ceux qui peuvent faire le carême ?

Tout le monde. D’ailleurs, quand on impose la cendre aux gens, on parle à tout le monde sans exception parce que quel que soit l’humain que nous sommes, nous sommes tous confrontés à notre fragilité. En même temps, nous ne sommes pas limités à cette fragilité, donc pas au découragement. Il y a une nouvelle renaissance et tous ceux qui arrivent sont appelés à cette renaissance, qu’on soit chrétien ou pas. Tout le monde peut espérer changer sa vie pour le meilleur et revenir à Dieu en reconnaissant sa fragilité et l’immensité de la grâce de Dieu.

Quelles sont les grâces que procure le carême ?

Ce sont des grâces en surabondance. Déjà quand on jeûne, c’est bon pour la santé. Même les médecins aujourd’hui demandent qu’on ne mange pas trop. Sur le corps, le jeûne fait toujours du bien, ça fait un nettoyage plus que l’âme qui est une purification. Jeûner, c’est priver le corps et nourrir l’esprit. Lorsque le corps parfois est privé des plaisirs de ce monde, ça permet à l’esprit de se renforcer. Le jeûne nous permet d’être en communion avec le Seigneur. Quand on est avec le Seigneur, on est au-delà de tout. On a tout ce qu’on peut espérer dans la vie terrestre que dans l’espérance d’une vie éternelle.

Que doit faire le chrétien catholique pour réussir son carême ?

Le chrétien catholique doit prendre la décision de retourner à Dieu. Son retour à Dieu coïncide nécessairement avec sa rencontre avec le prochain. C’est à la fois perpendiculaire et horizontal. Perpendiculaire parce que je suis en connexion avec Dieu et horizontal parce que Dieu me renvoie automatiquement vers mes frères et sœurs. Par conséquent, je deviens présence de Dieu auprès des autres. Pour y arriver, il faut faire des œuvres simples dont la réconciliation avec Dieu et mes frères et sœurs. L’autre chose, c’est le partage et la visite des malades. C’est le temps où on sent le dépouillement. Le malade, c’est quelqu’un qui est dépouillé et donc il faut lui porter assistance. En faisant ainsi, nous nous rapprochons davantage de Dieu.

Que diriez-vous à vos fidèles en ce début de carême ?

Je souhaite à tous, un bon temps de carême. Que ce temps soit une nouvelle chance pour nous tous de mener le bon combat. Je souhaite que nous fassions une nouvelle rénovation intérieure et que cette rénovation nous conduise à une unité réelle avec le Christ et avec nos frères et sœurs pour un bon accomplissement personnel et communautaire?
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