Après la séance de travail avec le ministre du travail et de la fonction publique hier, les organisations syndicales sont restées sur leur faim. Selon le Secrétaire général de la Confédération des Organisation syndicales indépendantes du Bénin, Noël Chadaré, l’attente relative à la mise en application de la revalorisation des salaires au Bénin devient longue et les travailleurs ploient sous le poids de la cherté de la vie. Lisez plutôt.
Après la séance de travail avec le ministre du travail et de la fonction publique, avez-vous l’impression que les choses ont vraiment évolué ?
Je crois qu’on est encore à la case de départ, parce que le pouvoir a annoncé au mois de décembre qu’il va augmenter le salaire à grand renfort médiatique. Donc, on pensait que dans la foulée, cette annonce va être concrétisée sur les salaires du mois de janvier. On a constaté qu’en janvier, à défaut de concrétiser cette avancée, le gouvernement s’est empressé de mettre en œuvre sa loi, le code général des impôts. On a supprimé l’IPTS pour l’ITS qui ne prend pas en compte les charges familiales, c’est-à-dire les enfants, dans ce calcul. Conséquence, les travailleurs qui attendaient avec un grand espoir, un espoir fou l’augmentation des salaires aussi bien dans le secteur public que le secteur privé, ont constaté une réalité amère. C’est que les salaires ont été abaissés par le fait que c’est l’ITS désormais au lieu l’IPTS. Donc, le pouvoir d’achat des ménages s’est affaibli en période de surenchère des coûts des produits de première nécessité et au moment où on n’attendait pas ça.
C’est un vrai paradoxe ce que le pouvoir nous a servi. Donc, depuis cette annonce, décembre, janvier, février, mars et rien, motus et bouche cousue. On nous a dit voilà, un comité interministériel est en train de faire le travail et donnera ses résultats au Chef de l’Etat. Mais on attend tout comme si c’est un travail de Pénélope. Aujourd’hui, la ministre de la fonction publique nous a appelés. Ce qu’elle a dit ne nous fait pas avancer en tant que tel. On n’a pas avancé. Elle a dit tout simplement que le comité a presque fini ses travaux et que les résultats seront bientôt adressés au Chef de l’Etat. Elle nous demande un peu de patience, et qu’il y aura revalorisation dans le secteur public comme dans le secteur privé dans les jours à venir, les semaines à venir, sans déterminer un deadline. L’annonce de la bonne nouvelle va enfin tomber dans peu de temps. Mais nous exprimons notre mécontentement, la COSI-Bénin a désapprouvé la façon dont les choses ont été faites. Parce que pour la COSI-Bénin, le gouvernement du présidant Talon, quand il n’est pas prêt, il n’annonce pas. Il prend son temps, et quand il décide, il fait bien. Mais cette fois-ci, c’est l’exception peut-être qui confirme la règle. On annonce qu’on va augmenter les salaires et tout le monde applaudit à tout rompre les doigts. Et après, on constate quoi ? C’est qu’après cette annonce plus rien. C’est maintenant on met en place un comité. C’est un peu la charrue avant les bœufs alors qu’on aurait dû mettre les bœufs avant la charrue parce que je le dis, on doit pouvoir faire tous ces travaux là avant de nous annoncer ça. On a annoncé et c’est maintenant on dit qu’un comité est mis en place, je ne connais pas ça du gouvernement Patrice Talon. Quelque part, la stratégie n’a pas été bonne. On a demandé à madame la ministre de faire en sorte que le gouvernement appelle, accélère la procédure et nous appelle incessamment parce que les travailleurs sont à bout de patience. La patience comme on le dit à des limites. Ils vont faire un effort pour que cette patience n’en arrive pas à ses limites pour devenir autre chose. On ne souhaite pas cela.
Vous avez parlé tout à l’heure de la suppression de l’IPTS, est ce que les travailleurs ont été associés à cela ?
Non, c’est une décision unilatérale. Le pouvoir a pris sa décision et nous l’impose sans consulter les partenaires. Vous comprenez avec nous comme l’a dit Mandela, tout ce qui est pour nous sans nous est contre nous. Donc tout ce qui a été fait pour dire qu’on va régler l’injustice salariale entre la femme et l’homme, a été fait sans nous consulter. C’est contre nous, parce qu’on a vu que l’argument qu’on invente pour dire qu’on veut régler une injustice n’est pas un argument, un faux argument comme on le dit. Parce que tout simplement la loi qui a précédé la loi portant Code général des impôts au Bénin a clarifié les choses pour dire que ce n’est pas toutes les personnes qu’on paie dans le couple, si le couple est agent de fonctionnaire, c’est une personne qui prend l’IPTS en prenant en compte les charges familiales, soit c’est à la femme soit c’est à l’homme. Dans les foyers où la femme est père et mère, on doit prendre en compte les enfants. Si c’est comme ça, la femme qui est dans cette situation a perdu. Elle est monogame, on ne le lui calcule plus parce qu’il y a plus l’IPTS, c’est l’ITS. C’est comme une injustice. Elle perd l’avantage dans le calcul de son salaire qui prenait en compte ses enfants. L’autre chose, il y a des foyers où les couples ne sont pas tous des agents de l’Etat. Moi qui vous parle, mon épouse n’est pas agent de l’Etat, mais les gens disent qu’il faut équilibrer entre elle et moi. C’est pour moi qu’on calcule la charge familiale des trois enfants que nous avons ensemble. On devrait me faire ce calcul mais on n’a pas tenu compte de ça. Nous avons demandé à madame la ministre de la fonction publique que nous voulons une relecture de cette loi. Cette loi portant code général des impôts en République du Bénin.
Propos recueillis par Patrice SOKEGBE