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Bénin : où est passé le préfet Orounla ?

Publié le samedi 12 mars 2022  |  La Nouvelle Tribune
Alain
© Autre presse par DR
Alain Orounla, préfet du Littoral
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Motus et bouche cousue ! Depuis l’annulation de son dernier arrêté relatif à l’organisation de la circulation des véhicules de transport de marchandises et des usagers en direction du marché Dantokpa, le préfet du département du Littoral Alain Orounla, se tient à carreau. Il n’apparaît presque plus en public. Mais protocole obligeant, on l’a aperçu au vernissage de l’exposition des trésors royaux d’Abomey qui s’est ouvert le 20 février dernier au Palais de la République. Et c’est tout. Finies pour lui, les descentes musclées nocturnes dans les quartiers chauds de Cotonou pour déloger les belles de nuit et leurs clients.

Finies aussi les déclarations tonitruantes contre les conducteurs de motos à deux roues qui circulent sans porter de casques protecteurs. Finies les visites aux autorités de l’administration situées sur son territoire. Alain Orounla préfère se calfeutrer dans son bureau capitonné ou d’officier simplement dans les locaux de la préfecture. En témoigne la rencontre qu’il a eue avec les membres du Réseau des organisations de la société civile de l’Afrique de l’ouest Roscao le 3 mars dernier. Juste après la cérémonie protocolaire, il s’est retiré dans son bureau pour ne réapparaître que quelques heures après. Direction, son domicile. Il faut reconnaître que le tonitruant avocat débarqué du gouvernement du président Patrice Talon et nommé préfet du département du Littoral en juin dernier a fait des tonnes en neuf mois.

Plus qu’il n’en faut pour exaspérer aussi bien les populations de Cotonou que ses supérieurs hiérarchiques. C’est d’abord aux travailleuses du sexe qu’il s’en est pris. Un soir, il a déclenché son opération de nettoyage de rues de Cotonou des belles de nuit accompagnée d’un lourd contingent de policiers. Mal lui en a pris. Prostituées et clients se sont mis vent debout. Le préfet Orounla ne savait pas qu’on ne s’en prend pas impunément à la prostitution. On l’encadre, on l’organise. Car si vous la chassez de la rue, elle entre dans les écoles. Et si vous la renvoyez de là-bas, elle retourne dans les foyers d’où elle vient. Et bonjour les dégâts. Ensuite il s’est attaqué au trafic interurbain avec l’interdiction faite aux conducteurs de minibus communément appelés tokpa-tokpa, de circuler en pleine ville de Cotonou.

Il s’est avéré après quelques jours seulement de mise en œuvre que cette mesure posait plus de problèmes qu’il devrait résoudre. Le gouvernement était dans l’obligation de rattraper le coup, certains détracteurs allant jusqu’à dire qu’il lui a tapé sur les doigts avec l’interdiction de prendre quelque arrêté « jusqu’à nouvel ordre ».Avait-il pris cette décision sans se référer à son supérieur hiérarchique le ministre chargé de la décentralisation Akotegnon ? On ne saurait le dire avec certitude. L’annulation dont il s’agit ici est peut-être dû au tollé général que son application a suscité au sein des populations.

Depuis la décision du gouvernement, une crise de confiance semble s’être installée entre le préfet Orounla et ses administrés. Dans les gargotes, on a longtemps glosé sur le sujet. Malheureusement, l’impact de cette situation affecte le quotidien des habitants de Cotonou. Certaines mesures importantes qui devraient être mises en œuvre pour améliorer la circulation dans la ville et éviter les accidents ne sont plus suivies. Il s’agit par exemple de l’obligation de porter un casque pour le passager et l’interdiction de remorquer plus d’un passager sur la moto. Les conducteurs de taxi-motos continuent de slalomer entre les automobiles sans se soucier des règles élémentaires de la circulation. Ceux des tokpa-tokpa continuent de remplir à hors-bord leurs véhicules au grand dam des forces de sécurité et au mépris des mesures sanitaires dues au Covid 19. D’où la nécessité de réhabiliter le préfet du Littoral Alain Orounla.
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