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Art et Culture

Trésors royaux au palais de la Marina: Le colosse d’une expo

Publié le mardi 15 mars 2022  |  Matin libre
Vernissage
© Autre presse par Presidence
Vernissage « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation » sous la présidence du Président de la République, Monsieur Patrice TALON, ce samedi 19 février 2022 dans le cadre de l’exposition publique diptyque au Palais de la Marina
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Le trône du Roi Ghézo se distingue des autres trésors royaux par sa taille impressionnante. Dans la salle de l’exposition « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation » du palais de la Marina, c’est cette œuvre qui retient notre attention.



Gigantesque. C’est le premier mot qui vient à l’esprit en présence de cette œuvre. Taillée dans un bois clair, elle fait au moins deux mètres de haut sur un mètre de large. Les détails témoignent d’un travail minutieux. La partie frontale représente une fresque constituée de plusieurs formes géométriques : losanges, cercles et carrés. La forme incurvée au sommet du trône est proche des trônes Ashanti et comporte des inscriptions également composées des mêmes formes géométriques. Sur les côtés, par contre, les formes diffèrent. On remarque en haut et en bas, deux séries de lettres ‘S’ qui se font dos et qui encadrent ce qui s’apparente à une branche de palmier (symbole d’éternité). De chaque côté, la partie incurvée quant à elle se compose de trois boules supplantées de sept clous qui débordent. Le socle comporte plusieurs bandes et est très large pour permettre au trône d’être parfaitement équilibré. C’est une œuvre qui force respect et admiration aussi bien pour l’œuvre elle-même que pour son auteur. Ce trône est très impressionnant. Même si vous êtes de grande taille, vous vous sentirez petit face a cette sculpture colossale qui traduit la vision et la grandeur du commanditaire qui n’est autre que l’emblématique Roi Ghézo. En effet, le trône était utilisé par le Roi Ghézo exceptionnellement lors de la cérémonie d’Ato. Cérémonie rituelle en hommage aux ancêtres qui avait lieu une fois dans l´année. Durant cette cérémonie, on mettait le trône à l´extérieur et le Roi distribuait à ses sujets les richesses du royaume : armes, nourriture, tissus, animaux et autres…

Le trône symbolise la puissance du roi. Le caractère exceptionnel de la cérémonie d’Ato pour laquelle ce trône était utilisé témoigne de la complexité des fresques qui composent ce trône et la nécessité d’en faire un objet unique qui dégage puissance et pouvoir.

Dans le Danxomè, les rois étaient assimilés à des dieux, et tout attribut qui se rapporte à leur personne doit représenter la sublime beauté et tutoyer la perfection. Le trône d’apparat du roi Ghézo valorise au plus haut point l’art et les artisans béninois de l’époque. Ils avaient évidemment moins d’outils perfectionnés que ceux que possédaient les puissances coloniales, mais ils avaient su réaliser des chefs-œuvres aujourd’hui classiques. Beaucoup de personnes saluent le génie et le talent des conservateurs qui se sont succédé au fil des années pour entretenir ce joyau, mais le bois dans lequel il a été sculpté est de qualité supérieure, et ceci a sans doute favorisé sa conservation à travers les âges.

L’histoire africaine regorge de trônes célèbres et légendaires comme le Trône d’Or des Ashanti. Selon la légende, Okomfo Anokye, grand prêtre et l’un des deux fondateurs de l’Empire Ashanti a fait descendre du ciel le célèbre trône royal des Ashanti connu sous le nom de Trône d’Or pour le faire atterrir sur les genoux d’Osei Tutu, le premier roi de la tribu. Un trône très grand, de par sa taille, et tout petit comparé au trône d’apparat du roi Ghézo. Celui-ci ne laisse personne indifférent. Le souci du détail, la finesse et la finition témoignent du grand soin qui a été apporté à sa confection. Par sa taille gargantuesque, il permet au roi de surplomber son auditoire, de le dominer. Mais attention, ce trône d’apparat n’est pas à confondre avec celui du même roi exposé au musée historique d’Abomey. Ce dernier, reposant sur quatre crânes humains, est un rescapé du pillage des biens culturels orchestré par le général Dodds et ses hommes, pendant la conquête coloniale de 1892à 1894.



Kamal Dine
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