Législatives de 2023: Comment Houngbédji s’est mis tout seul la corde au cou

Publié le jeudi 17 mars 2022 | Matin libre

© aCotonou.com par CODIAS
Edition 2015 de l’Université de vacances du Parti du renouveau démocratique (Prd)
Samedi 19 Septembre 2015.Université de vacances du PRD placé sous l’autorité de Me Adrien Houngbédji, Président fondateur du Prd et Président de l`Assemblée Nationale du Bénin.

Activité politique intense ces derniers jours au Parti du renouveau démocratique (Prd). Si ce n’est pas le président, Me Adrien Houngbédji, qui est aperçu à Adjarra, le temps d’une célébration eucharistique, ou dans une réunion à son domicile avec les chefs quartiers de Porto-Novo, ce sont ses lieutenants qui sillonnent les citadelles jadis imprenables du Prd pour battre le rappel de la troupe par le biais des installations de sections et sous-sections Prd.

Le remue-ménage qui s’observe au Prd, comme dans la plupart des états-majors des partis politiques, s’inscrit en droite ligne du mot d’ordre du parti, lors de son dernier congrès. Reconduit pour une énième fois à la tête du Prd, Adrien Houngbédji a promis une remontada, c’est-à-dire le retour du Prd au Parlement lors des Législatives de 2023. Mais pour que cette promesse se réalise, le Prd devra non seulement reconquérir ses fiefs traditionnels, mais réaliser des scores honorables sur l’ensemble du territoire national. Ce qui n’est pas une sinécure. La raison, pour que les anciens militants Prd reviennent à la maison, cela suppose que l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br) perdent des plumes. Or Houngbédji soutenant les actions du chef de l’Etat, ceux qui sont partis du Prd voudront rester avec l’Up et le Br, les deux partis qui sont sous la coupole directe de Patrice Talon. Si on a la possibilité d’être avec Dieu, pourquoi choisir d’être avec son ange? Si le Prd était dans l’opposition, il pourrait drainer les frustrés de l’Up et du Br. Même s’ils ne sont pas sûrs d’être élus, claquer la porte est en soi un message fort à l’attention des dirigeants des deux partis siamois. Mais à quoi bon quitter l’Up et le Br pour venir encore chanter à la gloire de Talon au Prd ?

L’autre embûche sur la route de la remontada, ce sont les nouvelles lois sur la réforme du système partisan. Avoir 10% au plan national pour un parti comme le Prd, qui avait ses fiefs dans l’Ouémé, n’est pas évident. On a l’impression que les partis de la Mouvance, autres que l’Up et le Br, n’intègrent pas bien encore cette nouvelle donne. Evidemment, on ne va pas à la guerre en étant d’avance convaincu de perdre. Mais le paysage politique d’hier n’est plus le même aujourd’hui. La réalpolitique voudrait que le Prd en tienne compte, au lieu de se lancer dans des incantations qui ressemblent beaucoup plus à une chimère, aux yeux de l’observateur politique.

Un échec du Prd aux Législatives de 2023 serait perçu comme un camouflet personnel pour Me Adrien Houngbédji. Ce qui ne serait pas le cas si Houngbédji avait passé la main au dernier congrès ordinaire. Mais pour des raisons propres à lui, l’homme a choisi s’accrocher. Pis, il promet une remontada dans une élection à plusieurs inconnus. On comprend alors qu’il perde le sommeil, obligé de courir à gauche et à droite. Adrien Houngbédji s’est mis tout seul la corde au cou. Il avait pourtant l’occasion de sortir par la grande porte.

M.M

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