Avec la désignation des membres de la Direction générale des élections, nouvel organe technique prévu par le Code électoral pour l’organisation pratique des élections en République du Bénin, on sent mieux les effluves de la préparation des élections législatives de 2023 qu’il a plu à la Cour constitutionnelle de fixer au 08 janvier.
Seulement, bien de défis semblent se dresser sur le parcours des différentes parties prenantes dont la Direction générale des élections au sein de laquelle évoluera, fort heureusement, une femme qui sera en plus, face au challenge de la communication.
Si les partis politiques ont commencé, pour la plupart , leur partie du job en ne laissant plus, depuis le mois dernier, aucun week-end passé, sans nous montrer pour les uns, les trophées de leurs guerres de débauchage et pour les autres leurs litanies aux dieux d’approbation des listes de candidatures pour espérer cette fois être sur la ligne de départ, on conviendra que la Direction générale des élections, attendra pour sa part, d’être tout au moins officiellement installée pour se déployer.
Bien que, tout comme le Directeur général, n’étant pas toute nouvelle dans l’environnement de l’organisation des élections en République du Bénin, la nouvelle directrice de la communication et de la formation évoluera dans le cadre des élections législatives de janvier 2023 dans un environnement quelque peu particulier qui définit déjà quelques pistes de défis.
-Les présomptions de fraude: réussir à convaincre ou faire convaincre chaque partie prenante (les partis politiques, les candidats pris individuellement, les électeurs intéressés, les acteurs étatiques, les partenaires techniques et financiers, la société civile) de la régularité, de l’impartialité et de la justice de chaque décision ou choix de la Direction générale des élections et du conseil matinal électoral qui hélas a la composition qu’on lui connaît.
– Faire connaître les textes régissant les élections afin d’aider à la qualité de la prise de parole par chaque acteur désirant le faire. De l’avis de nombre de Béninois aujourd’hui, les textes de loi et autres règlements relatifs aux élections sont diffus et fluctuants même parfois, laissant libre cours à des jeux d’interprétation pas toujours à l’avantage de tous.
– Le taux de participation au scrutin: entre autres faits marquants que l’opinion a dû retenir des récentes élections au Bénin, c’est bien cette guerre de chiffres autour du taux supposé faible ou suffisant de participation des électeurs. En effet, en dehors sinon avant même les rivalités nées des récentes réformes politiques qui amènent certains acteurs à appeler leurs soutiens au boycott des scrutins, il y avait et il y a encore, une tendance qui n’est pas spécifique au Bénin, au désintérêt des populations pour les élections.
– l’illusion de la présence des cibles sur Internet: oui il relève d’une illusion de penser qu’on peut trouver l’essentiel de la population cible d’une action de communication sur internet. Certes, les données les plus récentes découlent du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 4- 2013) mais elles ne restent cependant pas moins proches de la réalité même en 2022. Selon donc les résultats du RGPH 4 -2013, 89,1% de ménages au Bénin n’ont pas accès à Internet et seulement 3%, 2,5% et 1,5% de ménages ont respectivement accès à Internet par le téléphone fixe, le téléphone mobile et par satellite. En revanche, 77,7% de ménages disposent d’au moins une ligne GSM active. C’est dire que même si nous admettons que de 2013 à 2022, beaucoup de progrès ont dû se faire et que davantage de ménages ont désormais accès à Internet par divers moyens notamment par le moyen des téléphones portables, la conjoncture ambiante pourrait bien établir les difficultés qu’aurait la majorité des ménages à rester connectés.
– Les fausses informations: l’infox de nos jours s’impose dans les stratégies de communication comme un axe entier autour duquel il faut élaborer et concevoir des objectifs, des actions et outils appropriés. C’est encore plus valable dans le domaine politique où il était déjà une arme de destruction de l’adversaire. Mon aîné Tiburce Tolidji Adagbè nous l’apprend bien dans son essai “Mémoires de chaudron” comme entre autres échelles pour la conquête du pouvoir.
Tous ces défis, dont la liste n’est guère exhaustive, renvoient au plaidoyer pour l’adhésion des parties prenantes au processus. Des parties prenantes dont les intérêts et enjeux sont divergents, antagonistes voire électriques.