Dans le « rapport développement dans le monde 2022 : La finance au service d’une reprise équitable », il est examiné le rôle prépondérant de la finance dans la reprise économique après la pandémie de Covid-19.
Des politiques bien pensées en réponse aux crises et des réformes à plus long terme peuvent encourager les flux de capitaux vers des entreprises et des secteurs plus respectueux de l’environnement. C’est l’une des conclusions du « rapport développement dans le monde 2022 : La finance au service d’une reprise équitable» publié le 15 février 2022 sur le site Internet de la Banque mondiale. Le document soutient qu’il est nécessaire pour les gouvernements d’élaborer des politiques devant impacter les domaines dans lesquels la pandémie a révélé ou exacerbé des fragilités économiques. Il énumère entre autres la stabilité du secteur financier, le cadre juridique de l’insolvabilité des ménages et des entreprises, l’accès au crédit et la viabilité de la dette souveraine. Etant donné que peu de pays ont la marge de manœuvre budgétaire et les capacités qu’il faut pour s’attaquer en même temps à tous les défis qu’ils rencontrent, le rapport démontre comment ils peuvent hiérarchiser les ressources en fonction de leur situation.
Gérer les risques
Le rapport propose une gestion adéquate des risques aussi bien au niveau national que mondial. « A mesure que les gouvernements retirent progressivement les mesures de relance, les responsables politiques doivent trouver un équilibre entre les considérations d’équité et d’efficacité », précise le rapport. Dans cette logique, il est recommandé de réduire le soutien accordé aux entreprises qui sont financièrement résilientes et qui ont accès au crédit et aux marchés financiers susceptibles de les aider à surmonter des problèmes temporaires de liquidité.
De plus, « en accompagnant les entreprises pendant la reprise, les gouvernements devraient résister à l’envie de cibler des secteurs spécifiques en fonction de leur taille avant la crise et veiller à ce que les politiques de soutien ne retiennent pas les ressources dans des secteurs devenus moins viables du fait de la crise », nuance le rapport.
En ce qui concerne les ménages, le fait d’aider les groupes vulnérables peut contribuer au renforcement de leur résilience, évitant ainsi l’accentuation de la pauvreté et des inégalités. Le rapport le mentionne : «il faudrait d’abord revoir à la baisse l’aide destinée à ceux qui sont financièrement résilients, et maintenir celle qui protège les revenus et les moyens de subsistance des populations vulnérables particulièrement touchées par les pertes de revenus dues à la pandémie, jusqu’à ce que les perspectives de relèvement de ces populations se soient sensiblement améliorées».
Les gouvernants des pays devraient aussi s’attaquer de manière particulière à certains risques économiques qui pourraient menacer une reprise robuste et équitable. Il s’agit notamment du rythme inégal de la reprise des économies avancées et émergentes, de l’exposition des secteurs privé et public au risque de change et à la dette en devise, etc.
Gérer les risques c’est important. Mais détecter et s’attaquer aux sources de risques prioritaires l’est davantage. C’est ce que relève le « rapport développement dans le monde 2022: La finance au service d’une reprise équitable». « Les gouvernements qui ont des choix difficiles à faire quant aux ressources à privilégier pour assurer la reprise doivent donc examiner la nature spécifique des risques auxquels l’économie est confrontée, puis identifier les domaines dans lesquels une intervention des pouvoirs publics a toutes les chances de réduire les fragilités économiques aggravées par la pandémie », peut-on y lire.
Des scénarios !
Dans les pays à revenu faible, l’accent mis sur une meilleure gestion de la dette souveraine peut aider les pouvoirs publics à gérer le fardeau de la dette et à libérer des ressources pour la reprise, selon le rapport.
Dans le même temps, pour de nombreux pays à revenu intermédiaire, s’attaquer aux fragilités du secteur financier est une priorité plus urgente. Selon le rapport, le secteur financier de ces pays étant généralement plus développé, il est également plus exposé à la dette des ménages et des petites entreprises. Les pertes de revenus causées par la pandémie ont entraîné une détérioration spectaculaire de la santé financière des ménages et des entreprises et pourraient déclencher une forte augmentation des défauts de paiement une fois les politiques de soutien retirées. À son tour, cette situation pourrait être préjudiciable à la santé financière de nombreux prêteurs. Une priorité importante pour les responsables politiques des pays à revenu intermédiaire est donc de s’assurer que le secteur financier reste suffisamment capitalisé et que les organes de régulation et les institutions financières mettent en place des cadres appropriés permettant d’identifier rapidement et de façon complète les risques auxquels est exposé le secteur financier. «Malgré les nombreux défis posés par la pandémie, la crise de la Covid-19 présente également une énorme opportunité d’accélérer la transformation vers une économie mondiale plus efficace et durable », indique le rapport publié en février 2022.