Afin de réduire l’avancée de la désertification, de renforcer la résilience aux changements climatiques, et en prélude à la participation du Bénin à la Cop15, la Plate-forme des acteurs de la société civile au Bénin (Pascib) en partenariat avec l’Ong belge Iles de Paix et l’Obepab, ont organisé les 17 et 18 mars Dassa-Zoumè, un atelier de concertation multi-acteurs pour élaborer un plaidoyer commun de la société civile béninoise sur les liens terre, biodiversité et climat.
Le but visé par les travaux de Dassa est de contribuer à répondre à la question sur la part de l’agro-écologie dans les solutions à envisager face aux effets de la désertification et à la perte de la biodiversité. Il a été question, durant ces deux jours, de cristalliser l’attention des acteurs sur les enjeux du changement climatique et la gestion durable des terres. Puis, d’engager avec les acteurs pertinents – les chercheurs, universitaires, secteur public, secteur privé, organisations de la société civile, partenaires au développement – des réflexions sur les meilleures stratégies à promouvoir pour répondre à la problématique posée. « Dans quelle mesure l’agro-écologie et la gestion durable des terres peuvent-elles être considérées comme solutions pertinentes face à la perte de diversité biologique ? »
Pour répondre aux préoccupations, trois grandes thématiques ont fait objet de communications. Il s’agit de Etat des lieux de la désertification au Bénin ; Stratégies d’adaptation au changement climatique et Renforcement de la gouvernance des systèmes alimentaires.
A l’avant-garde des combats citoyens des acteurs de la société civile au Bénin, la Pascib est bien présente dans la gouvernance et les enjeux de développement. A preuve, elle s’est engagée, à travers le projet Benkadi pour l’adaptation du secteur agricole et des ressources en eaux aux changements climatiques au Bénin. S’inscrit dans cette vision le conclave de Dassa, qui a regroupé du jeudi au vendredi dernier une trentaine d’acteurs béninois pour mener la réflexion sur les défis liés à la lutte contre la désertification.
Il s’agit aussi pour le projet Benkadi d’appuyer l’appropriation par les Osc, des préoccupations liées aux questions d’Abe avec un focus sur l’agro-écologie et la gestion durable des terres. A cet effet, l’ambition est de mettre l’agro-écologie au cœur de l’agenda de la lutte contre la désertification et la dégradation des terres, en partageant et en mettant en commun les résultats des actions menées par l’Etat béninois, la société civile et la recherche.
Réduire l’avancée de la désertification
Les échanges ont permis aux participants d’apprécier la situation au Bénin. Elle se caractérise par la prise de conscience de la nécessité de réduire l’avancée notable de la désertification, de renforcer la résilience aux changements climatiques, de préserver l’environnement et la santé humaine. Toutes choses qui ont donné naissance à plusieurs initiatives et des mouvements d’agriculture écologiquement responsable sous diverses dénominations: agriculture écologique, durable, biologique, équitable. Ces initiatives s’exécutent pour un développement de l’agro-écologie et cherchent à influencer les politiques publiques de développement agricole fondées sur les systèmes conventionnels. Si au début, les efforts étaient menés de façon marginale et éparse, de nos jours, on note une certaine mutualisation des efforts de plusieurs acteurs publics et privés pour créer une synergie d’actions.
Toutefois, les participants ont fait le triste constat que le Bénin manque de données fiables sur la désertification. Ils ont déploré que « les quelques données qui existent ont été collectées en 2010 mais ne sont malheureusement publiées qu’en 2017, ce qui n’est pas propice à la prise de décision ».
Les participants ont également mis le doigt sur un manque de complémentarité entre les acteurs, qui ne permet pas d’avoir une position claire lors d’événements internationaux. L’accès au financement a également été abordé et les participants ont fortement suggéré de s’appuyer d’abord sur leurs les forces endogènes avant de rechercher des ressources extérieures supplémentaires. Les efforts de lutte contre la désertification sont nombreux dans le pays avec de très bons résultats, mais la capitalisation et la valorisation de ces acquis restent un véritable problème.
Il est à signaler que les réflexions des Osc menées à Dassa ont débouché sur une position à verser aux travaux des prochaines Cop15 d’Abidjan en Côte d’Ivoire et de Montpellier en France.