Entretien avec Soumanou SEIBOU TOLEBA, président du parti Forces Cauris pour le Développement du Bénin : « Nous allons contribuer à rajeunir le parlement »
Comment avez-vous accueilli la décision de la Cour constitutionnelle qui a fixé la tenue des prochaines législatives au dimanche 8 janvier 2023 ?
Nous avons reçu cette décision sans surprise parce qu’elle découle des lois votées au lendemain du dialogue politique auquel nous avons participé. Le fait que la Cour constitutionnelle opine sur le sujet permet à tous les acteurs politiques d’être fixés. Puisque les décisions de la haute juridiction sont sans recours, cela permet de mettre la balle à terre et de fixer tous les acteurs politiques. Pour nous, ce n’est pas une surprise.
Bien que officiellement reconnu par les services du ministère de l’Intérieur, votre parti n’a pas pu participer aux législatives de 2019. Serez-vous en lice cette fois-ci ?
C’est Dieu seul qui est sûr d’un certain nombre de choses. Nous sommes des êtres humains, nous faisons ce que nous pouvons. Nous avons tenté de participer à ces élections, nous avons fait pareil pour celles qui ont suivi sans avoir gain de cause. Ce que je sais, c’est que nous nous préparons pour y participer. Le mental de nos militants et sympathisants est tel que nous sommes sur la ligne de départ. Nous allons également tenir compte des éléments qui ont milité en notre défaveur lors des tentatives infructueuses pour mieux affûter nos armes afin d’être sur la ligne de départ.
Que comptez-vous proposer aux électeurs en termes d’idées, d’ambitions et de promesses pour les aider à aller dans votre dynamique ?
Nous ne vendons pas l’illusion dans notre parti. Nous sommes un parti jeune, un parti d’avenir et nous nous sommes regroupés pour conquérir et gérer le pouvoir d’Etat. Ce que nous allons proposer aux électeurs, c’est que nous allons contribuer à rajeunir le parlement et on va permettre qu’il y ait d’autres sons de cloche pour éviter que la mouvance présidentielle ne forme à elle seule l’Assemblée nationale. Nous allons aussi faire venir beaucoup de femmes. Comme nous passons de 83 à 109 députés, cela fait un total de 218 candidats à raison de 109 titulaires et 109 suppléants. En termes de dossier à préparer, c’est volumineux mais ce n’est pas impossible de le faire. Nous devons obligatoirement positionner au moins 48 femmes sur nos listes à raison de 24 titulaires et 24 suppléantes. Nous voulons aller à ces élections sans démagogie. Tout le monde sait très bien que le législateur n’érige pas des infrastructures hospitalières, il n’est pas élu pour ériger les routes ou fournir de l’eau potable. Par contre, le député peut beaucoup contribuer à tout ceci. Pour être crédible, il faut tenir un discours réaliste aux populations pour ne pas se faire griller plus tard. Nous allons également œuvrer avec nos députés pour la promotion du social, car notre parti est de la social démocratie et nous allons contribuer à travers le parlement au mieux-être des populations. Nous ferons ce qui est en notre pouvoir et selon notre tempérament. Je tiens à vous rappeler que nous sommes de l’opposition constructive. Notre parti sait ce qui est bon pour les populations et s’y investit.
Comment comptez-vous gérer la guerre des positionnements sur les listes pour conserver au mieux l’harmonie interne ?
Les intérêts humains sont très importants. Nous sommes un parti de jeunes, de femmes et nous misons sur le dialogue. Nous avons donné la possibilité à la base de susciter des candidatures dignes de ce nom et de commencer à les valider. Au niveau des communes, nous avons lancé l’appel à candidature. Après cela, les communes vont plancher, les circonscriptions électorales aussi et le bureau national va arbitrer. Nous avons des textes qui nous ont permis de baliser le terrain. Avec notre idéologie, nous allons donner la place à ceux qui sont disponibles et compétents.
Vous disiez tantôt que votre parti est de l’opposition constructive. Mais on ne vous entend presque pas sur ce terrain…
Chaque parti a son tempérament. Nous faisons des propositions dans les cadres indiqués et nous avons des retours qui sont encourageants. Dans le pays, les dirigeants ont compris que nous devons sauvegarder et renforcer l’unité nationale et la paix. Nous agissons dans le sens des intérêts des populations. La preuve, au moment de la fermeture des frontières nigérianes, nous sommes parmi les rares partis d’opposition qui ont produit tout un document au gouvernement. A certains niveaux aussi, nous faisons des propositions, mais notre tempérament ne consiste pas à faire des sorties intempestives avec beaucoup de bruits. Nous sommes conscients du fait qu’au niveau africain, l’avenir, c’est l’opposition constructive. C’est rare de voir des dirigeants qui veulent décimer leurs populations. C’est notre rôle de rappeler à ceux qui ont le pouvoir chaque fois avec nos méthodes qu’il faut agir dans le sens de l’intérêt général.
Quels sont vos rapports avec le chef de file de l’opposition ?
Nous avons de bons rapports et nous nous rencontrons quelquefois, même si c’est rare. Nous travaillons dans le respect mutuel tout en gardant notre indépendance.
La 8ème législature est taxée, compte tenu de sa configuration, de n’avoir pas su jouer son rôle de contre-pouvoir. Etes-vous d’avis que la 9ème doit améliorer cet état de choses ?
L’Assemblée nationale joue deux rôles essentiels : le vote des lois utiles pour les populations et le contrôle de l’action du gouvernement. Pour ce qui est du contrôle, quand nous serons au parlement, nous allons améliorer cet aspect, parce que cela va aider le gouvernement à mieux faire et cela est également utile dans la reddition de comptes. Si nous avons des opposants au parlement, ce serait une très bonne chose. Les opposants vont tirer la sonnette d’alarme toutes les fois que nécessaire. L’autre chose, comme je l’ai dit tantôt, nous voulons un parlement rajeuni avec beaucoup de femmes. Il faut souhaiter que tous les partis positionnent beaucoup de femmes au-delà des 48 obligatoires. Quand nous serons au parlement, nous allons faire du contrôle des actions du gouvernement notre cheval de bataille à travers des questions orales, des questions écrites et des interpellations.
Avez-vous un appel à lancer ?
En qualité de représentant des militants, militantes et sympathisants du parti FCDB, notre mission, c’est que la réconciliation progressive de toutes les filles et de tous les fils du Bénin devienne une réalité. Cela a commencé. C’est le moment de demander au chef de l’Etat de poursuivre tous les contacts formels et informels pour renforcer le climat de paix, de fraternité pour un meilleur vivre-ensemble.