Le président de la République a sacrifié, vendredi 27 décembre dernier au siège de l’Assemblée nationale à Porto-Novo, à la tradition de présentation du message sur l’état de la nation. Devant les députés, Boni Yayi a annoncé de grands chantiers pour 2014.
Par Gnona AFANGBEDJI
Pour la huitième fois consécutive, le président de la République a respecté cette prescription constitutionnelle : celle de délivrer chaque année, devant le Parlement, un message sur l’état de la nation.
Devant une soixantaine de députés, tous bords politiques confondus, Boni Yayi a, pendant une heure 20 minutes, passé en revue l’année 2013 sous le prisme des actions entreprises par son gouvernement pour conduire le navire Bénin à bon port. Si le message présidentiel s’est largement focalisé sur le bilan du régime aux plans politique, économique et social, le chef de l’Etat n’a pas manqué de se projeter sur les défis qui talonnent le Bénin et surtout des chantiers phares que son gouvernement entrevoit pour l’année 2014.
Fidèle à sa ligne, celle de construire le développement sur le socle de la relance économique, Boni Yayi se lance le défi d’une croissance ambitieuse qui viendra soutenir la tendance positive enclenchée depuis l’année 2012 et qui s’est soldée par une prévision de 6,2% de taux de croissance pour l’année 2013. «L’année 2014 sera donc pour notre pays, une année déterminante dans sa marche vers la prospérité et l’éradication de la pauvreté», affirme-t-il.
Des grands travaux sont du coup annoncés pour 2014, comme la réalisation du projet de la boucle ferroviaire pour lequel les Etats béninois et nigériens ont déjà paraphé un contrat de partenariat public-privé avec le Groupe français Bolloré comme partenaire technique.
Le projet «Route des pêches» et la construction du théâtre national connaîtront un début d’exécution, annonce le chef de l’Etat qui souligne aussi que son gouvernement s’emploie à chercher des opérateurs économiques béninois et étrangers pour la construction du second port en eau profonde à Sèmè-Podji. «Il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’émergence et la croissance soutenue en vue de l’éradication de la pauvreté nécessitent des infrastructures appropriées et surtout de qualité», soutient-il. Certains chantiers de construction de route vont se poursuivre, de nouveaux vont s’ouvrir, assure Boni Yayi.
Il évoque notamment la route Akassato-Bohicon dont le financement est désormais bouclé, les routes Parakou-Djougou et Comè-Lokossa-Dogbo, dont le démarrage est prévu pour le premier semestre de l’année 2014. Les routes Kétou-Savè et Kandi-Ségbana-Frontière du Nigeria, la route Godomey-Pahou-Ouidah-Hillacondji dont la construction a commencé et se poursuit, figurent également dans l’agenda gouvernemental de 2014.
Relever le challenge de l’énergie
Si les projets d’infrastructures routières connaîtront un regain d’intérêt en 2014, c’est surtout le défi énergétique que le gouvernement entend relever. La perspective, rassure le président de la République, c’est de passer à l’horizon 2015, d’une puissance installée de 100 mégawatts à 1500 mégawatts.
Ainsi, en 2014, il prévoit d’améliorer substantiellement le parc de production d’énergie du pays à travers une série d’investissements structurants. «Il s’agira entre autres, de faciliter la mise en œuvre des projets portés par les investisseurs privés en vue de l’installation de centrales thermiques d’environ 700 mégawatts pour lesquelles les études de faisabilité sont en cours, de procéder au démarrage du programme régional de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique de l’UEMOA», énonce Boni Yayi.
Il soutient que la mise en œuvre de toutes ces initiatives nationales nécessite l’assainissement du dispositif légal en matière de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique, ainsi que les mesures fiscales qui l’accompagnent. Il s’agit notamment du Code bénino-togolais de l’électricité, du Code national de l’électricité ainsi que le projet de loi sur le partenariat public-privé.
La table ronde des Partenaires techniques et financiers pour le financement du développement du Bénin prévue pour 2014 à Paris en France est censée apporter des investissements structurants dans des secteurs névralgiques de l’économie béninoise.
Réformer le coton
La question agricole occupe également une place de choix dans les nouveaux chantiers annoncés par le chef de l’Etat. Avec en ligne de mire, la poursuite du processus de redressement du secteur cotonnier. Boni Yayi a promis la réorganisation de la filière à travers le zonage du bassin cotonnier et la formalisation de la responsabilisation de la SONAPRA comme structure stratégique de l’Etat chargée de la gestion et du suivi de cette filière.
Dans le registre de la transformation des produits agricoles, il précise que l’année 2014 verra aussi l’achèvement et la mise en service des six unités de transformation des produits agricoles. Il s’agira aussi de procéder au renforcement des capacités des CARDER à travers une réforme profonde institutionnelle et organisationnelle.
Le gouvernement entend aussi œuvrer à l’opérationnalisation des différentes agences créées en vue de la promotion du secteur agricole. «Pour un développement intégré du secteur agricole et de la transformation rurale, une attention particulière sera accordée à la production animale et halieutique dans toute sa diversité ainsi qu’à l’intégration agriculture-élevage», a poursuivi le président de la République.
Ce dernier entrevoit 2014 comme une année charnière en matière de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement. Aussi, indique-t-il que le gouvernement s’emploiera à intensifier les mesures préconisées dans le plan d’actions qu’il a élaboré pour rapprocher davantage le Bénin vers des cibles fixées en 2015.
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