Laissée-pour-compte depuis les précédentes éditions, la question de l’assainissement est au cœur du 9e Forum mondial de l’eau de Dakar grâce au leadership de l’organisation Speak Up Africa. Au 3e jour, le panel organisé au village de l’assainissement, a permis aux différents intervenants, de souligner l’importance d’une approche intégrée de l’assainissement avec le secteur de la santé pour gagner la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées (MTN).
7 sur 10 des Maladies Tropicales Négligées sont liées aux mauvaises conditions d’hygiène et d’assainissement. Pourtant, la lutte contre les MTN ne prend pas en compte le secteur de l’hygiène et de l’assainissement. Une situation qui explique la lenteur des progrès en matière de combat contre les MTN. On estime que 600 millions de personnes sur le continent africain souffrent encore des cinq MTN les plus fréquentes: schistosomiase, onchocercose, géohelminthiases, trachome et filariose lymphatique.
En réponse à cette problématique majeure, les intervenants au panel ont plaidé tous pour une approche multisectorielle qui intègre l’hygiène et l’assainissement pour une éradication de ces maladies. Pour la Coordonnatrice du Programme de lutte contre les MTN au Sénégal, Dr Kane Ndèye Mbacke, ce sont les mauvaises conditions et d’assainissement qui sont la cause des 7 sur 10 MTN. Les personnes victimes de MTN sont celles qui vivent dans des localités et milieux où l’assainissement est encore un luxe. Arguant que l’approche multisectorielle doit être une réalité, elle a donné l’exemple du Sénégal qui dans le comité multisectoriel mis en place, a instauré une commission WASH pour mieux faire face au manque d’hygiène. Elle soutient que cette approche multisectorielle constitue un moyen d’accélérer la marche vers l’atteinte des ODD. « Si on fait des réalisations en matière de MTN, on va atteindre les ODD », signale-elle. Pour l’ancien ministre et membre du conseil consultatif de Voix Essentielles, Professeur Dioro Ndiaye, il n’y a pas de santé pour tous sans WASH (eau, hygiène, assainissement ». Elle est aussi soutenue par le député béninois, Aké Natondé qui souligne que la santé est très importante pour ne pas la laisser aux seuls spécialistes. Il importe selon lui, de traduire cette intégration dans les textes de lois et clarifier le rôle de chaque acteur pour mieux toucher les cibles.
En plus de cette approche multisectorielle, il faut un financement adéquat. Mais pour la mobilisation des ressources, le recours aux ressources endogènes doit être privilégié pour garantir la durabilité des interventions.
Arrêter les souffrances des femmes par l’inclusion
L’un des défis à relever en dehors de l’approche multisectorielle reste et demeure le genre et l’inclusion. Selon l’ancien ministre et membre du conseil consultatif de Voix Essentielles de Speak Up Africa, Professeur Dioro Ndiaye, cette intégration est une évidence. Parce que dit-elle, ce n’est pas une histoire de discrimination politique par rapport à la femme. ‘’Dans tous les pays que ce soit riches ou pauvres, la santé des populations dépend des conditions sociales dans lesquelles, elles vivent, elles travaillent et meurent. Le lien entre la santé des populations et le milieu dans lequel elles évoluent ne peut être ignoré. C’est une question de justice sociale de vie, explique Mme Ndiaye. Elle estime que l’intégration du genre dans les politiques publiques est importante parce qu’elle est un déterminent social, politique, économique pour la vie des populations concernées.