Le gouvernement sur le front de la cherté de la vie pour expliquer davantage les mesures prises lors du conseil des ministres de mercredi dernier dans le sens d’atténuer les difficultés que connaissent les populations. Wilfried Léandre Houngbedji, porte-parole du gouvernement et deux ministres, Shadiya Assouman de l’industrie et du commerce et Véronique Tognifodé en charge des Affaires sociales étaient face à la presse samedi pour l’exercice.
Plantant le décor, le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement a fait savoir que si le gouvernement a mis du temps avant d’en arriver à ces dernières mesures en date, c’est parce qu’il menait des discussions préalables avec les acteurs du secteur du commerce afin que les décisions à prendre puissent toucher la grande masse. « Le gouvernement a fait le choix d’impacter certains produits de grande consommation afin que l’application de ces mesures touche le dernier des citoyens béninois où qu’il se trouve sur le territoire national », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji. La ministre de l’industrie et du commerce va donc s’attarder sur les mesures en question : « je vais prendre les cinq produits sur lesquels nous avons énormément de tension non seulement au niveau mondial mais également chez nous : le ciment, les hydrocarbures, l’huile, le blé et ensuite le riz. Les hydrocarbures, c’est une subvention très lourde que l’Etat met depuis bientôt 1 an. La vérité des prix, et nous avons conscience que ce n’est pas soutenable pour nos populations ; nous sommes passés à 600 F depuis quelques mois, mais quand nous sommes passés à 600 F la vérité des prix était déjà à plus de 747 F. Pendant longtemps, bientôt 1an, l’Etat met entre 5 et 7 milliards pour pouvoir maintenir les prix à des niveaux que nous connaissons aujourd’hui. Et pour les mois à venir ça va être très dur non seulement en termes de disponibilité, c’est pourquoi l’Etat a pris tout de suite la main pour pouvoir nous permettre d’avoir des hydrocarbures à disposition mais également les mesures que vous savez, que nous avons chiffrées à plus de 80 milliards. Les hydrocarbures représentent plus de 30 milliards de subvention pour permettre aux industries de tourner et aux marchés également de tourner ». Shadiya Assouman poursuit : « Le riz au lieu d’être taxé à la Tva réelle, c’est une Tva forfaitaire pour permettre au riz d’être à moins de 18500. L’huile importée, produit localement bénéficie également de l’abattement de Tva. Donc nous avons aujourd’hui l’huile importée c’est de l’huile de palme raffinée qui est à moins de 1000 F et l’huile de coton qui à peine à 1000 F. Nous avons également la farine de blé puisque nous avons parlé du pain, le pain doit être maintenu à 125 F puisque c’est un produit que nos populations consomment énormément. Pour être maintenu à 125 F alors que le blé sur le marché international non seulement est rare mais a doublé de prix, nous avons donc pris la décision de ramener la farine de blé sans taxe pour permettre aux populations de bénéficier du maintien du prix à 125 F. Le but également c’est que nos boulangers continuent de tourner. C’est pour ça que leur matière première est donc subventionnée ». A la suite de la ministre en charge de l’industrie et du commerce, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji situe les consommateurs par rapport à une préoccupation qui taraude les esprits : « Tous ces efforts, quand on les a présentés, certains se sont interrogés en disant mais ils ont bien visé le pain, ils ont visé le gas-oil, ils ont visé le ciment, mais on n’a pas entendu, en dehors du riz qu’ils ont également cité, on n’a pas entendu parler du lait, du sucre, des pâtes alimentaires et autres. Mais quand on a bien lu le compte rendu du conseil des ministres et qu’on voit la mesure d’abattement qui est appliquée au prix du fret aussi bien maritime qu’aérien, on comprend et on en déduit que tous les autres produits de grande consommation que j’ai cités-là sont également concernés parce que ce sont des produits qui sont importés en gros volumes et qui font l’objet de fret. Donc quand on abat le prix du fret, on agit conséquemment sur la douane et par ailleurs sur le prix de cession du produit au consommateur final ». Dans ses explications, il souligne que « Ces mesures qu’on peut considérer comme conjoncturelles viennent s’ajouter à la batterie de mesures déjà structurelles en cours dans notre pays et particulièrement depuis la naissance de cette crise liée à la pandémie de Covid 19 ».
Ces mesures qui avaient été déjà prises
Au tour de la ministre des Affaires sociales et de la micro finance de revenir sur les différentes mesures qui avaient été prises par le gouvernement au profit des Béninoises et des Béninois quand la Covid 19 sévissait : « Si nous n’avons pas confiné dans notre pays, si nous n’avons pas fermé nos frontières aériennes, nos marchés pour permettre à nos mamans de poursuivre leurs activités, etc. c’était déjà parce qu’on se disait comment ça allait se passer économiquement. Lorsque nous avons mis en place le cordon sanitaire pour délimiter les agglomérations et pour limiter la propagation de la pandémie, en même temps il y a eu des mesures d’identification des artisans, si vous vous en souvenez, des artisans qui sont touchés de près ; des conducteurs de taxi et consorts, des milliers de nos concitoyens qui ont été subventionnés pendant quelques mois. Tout ça pour atténuer l’impact économique de la crise qui touche le monde entier ». Pour Véronique Tognifodé, le gouvernement de Patrice Talon n’est pas resté sans savoir qu’aujourd’hui c’est difficile pour les populations. C’est pourquoi, précise-t-elle, les mesures structurelles qui existaient se poursuivent. « Les cantines scolaires, on ne va plus les démontrer, au contraire nous sommes en train d’intensifier pour permettre aux enfants d’avoir au moins un repas chaud par jour. Le projet Arch, qui n’évolue peut être pas à l’allure que certains auraient souhaité mais qui évolue lentement mais sûrement, qui est déjà à sa phase de généralisation. Aujourd’hui je prends un jeune homme qui est très vulnérable, qui est à Calavi qui a une crise d’appendicite, qui va à l’hôpital de zone, qui a sa carte biométrique, s’il n’a pas les moyens de se soigner il n’a pas à être abandonné. Au contraire, pour la consultation, pour l’intervention, pour l’hospitalisation, pour les médicaments, tout ça à la charge de l’État. (…) Maintenant, cette généralisation est en train de se faire progressivement à travers les communes. Arch n’est pas que l’assurance maladie, il y a le volet formation des artisans. Des centaines de nos concitoyens ont commencé par être bien renforcés et surtout hier seulement nous avons mis en place le crédit artisans Arch pour leur permettre d’emprunter 100.000 à 2000000 en fonction de leurs besoins pour pouvoir s’installer », affirme la ministre des Affaires sociales. Pour être plus exhaustive, elle ajoute : « Le microcrédit Alafia au cours de l’année passée 10 milliards ont été décaissés avec le reporting qu’il faut pour les remboursements. Les mamans ont pu bénéficier de ces microcrédits de 50.000 F Cfa pour pouvoir mener des activités. De là, dans quelques semaines nous augmentons la mise à 100 mille francs parce que c’est ce qui ressort du terrain, qu’elles veulent plus. Les efforts sont faits sans cesse. Nous avons les filets sociaux, nous avons les transferts monétaires, c’est-à-dire les virements à travers le téléphone. Le montant peut être petit mais aux ménages pauvres et qui tienne compte des périodes de soudures, c’est-à-dire pour les cultivateurs la période où la récolte est au plus bas. Tout ceci pour dire que les mesures qui existaient continuent d’exister, sont renforcées pour venir en appui aux personnes vulnérables parce que les personnes vulnérables sont encore plus touchées ».
Le cas du ciment
Pour le prix de la tonne du ciment qui connaît une variation d’un département à un autre, la ministre de l’industrie et du commerce a répondu : « Concernant le ciment, le prix à l’usine n’a pas varié. Le prix du transport du ciment est normé depuis des dizaines d’années déjà. Donc le transport du ciment est le même en fonction des localités. Le transport sur Parakou ou Comè ou Ouidah, ce sont des prix normés ; les transporteurs vont vous le dire. Ce n’est même pas les cimentiers qui fixent le prix du transport ; c’est les transporteurs en collaboration avec les cimentiers. Ce n’est pas une question de prix du ciment, c’est une question de prix du transport. Et ce n’est pas nouveau. Ces prix sont là depuis la libéralisation du marché du ciment (…). Tout ce qu’on observe après c’est la spéculation. Et c’est pour cela que dans l’opérationnalisation, et selon la loi sur la protection du consommateur, les prix doivent être affichés dans tous les magasins, dans tous les marchés. C’est connu depuis 2008 ».
Subvention jusqu’en juin, et après ?
A cette inquiétude d’un journaliste, les conférenciers membres du gouvernement ont confié que nous sommes dans une situation particulière où l’Europe est en guerre ; donc ces mesures sociales prises par le gouvernement seront évaluées au fur et à mesure « avant de voir ce qui va se passer après ». En ce qui concerne la façon dont les prix seront contrôlés sur le marché, la ministre Shadiya Assouman s’est voulu rassurante. Les équipes sont mobilisées sur le terrain, souligne-t-elle, pour éviter les spéculations et faire respecter les prix plafonds fixés. Shadiya Assouman conclut en insistant sur le contrôle qui sera permanent et va s’intensifier avec la mise en place d’un numéro vert qui sera communiqué les jours à venir au public pour dénoncer des commerçants véreux.