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France: Mohamed Abrini assure que Salah Abdeslam a pris sa place le 13-Novembre 2015

Publié le mercredi 30 mars 2022  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
France: Mohamed Abrini assure que Salah Abdeslam a pris sa place le 13-Novembre 2015
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Au procès des attentats du 13-Novembre 2015, l’un des accusés, Mohamed Abrini, a reconnu ce mardi 29 mars qu’il aurait dû participer aux attaques. Comme il a refusé, Salah Abdeslam, le seul membre des commandos encore en vie, l’a remplacé, a-t-il affirmé. « L’homme au chapeau », qui avait abandonné son chariot d’explosifs lors des attentats de Bruxelles, en mars 2016, aurait, donc, par deux fois renoncé à mourir.



« Vous avez raison, Monsieur le président, bas les masques ! » Debout dans le box, Mohamed Abrini retire le morceau de tissu qui recouvre sa fine barbe noire, comme le lui propose Jean-Louis Périès, et poursuit : « Je dis ça parce que nous portons tous des masques et il arrive un jour où il est difficile de les enlever sans arracher la peau. Mais j’espère qu’aujourd’hui, on va avancer un peu. » Comme promis la semaine dernière, le Belge de 37 ans livre quelques révélations au milieu de beaucoup d’incohérences. Il confirme qu’il devait bien faire partie des commandos jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

Il pense qu’il devait être sur les terrasses, armé d’une Kalachnikov, mais ne peut pas l’affirmer, car Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats, qui l’a informé, début septembre, qu’il allait participer à une attaque, ne lui a jamais donné de détails, ni sur la date, ni sur les cibles. Tout juste sait-il que c’est la France qui est visée. Mohamed Abrini n’ose pas dire non à son ami envers qui il se sent redevable. « Je lui dois beaucoup. C’est lui qui a récupéré le corps de mon frère en Syrie et l’a fait enterrer. » Mais dans sa tête, c’est clair depuis le début, affirme-t-il : pas question de tirer sur des personnes non armées, dans la rue.

« Je savais comment ça allait se terminer »

Le Belge participe quand même aux préparatifs, accompagne les frères Abdeslam pour louer des planques et des voitures, sans prendre aucune précaution pour se cacher. Il se rend même en voiture avec les commandos jihadistes jusqu’en banlieue parisienne et repart à Bruxelles de manière improvisée – en taxi – la veille des attentats. C’était pour « leur dire au revoir », se justifie-t-il. « C’étaient nos derniers instants ensemble.

Je savais comment cela allait se terminer. »

Quelques jours auparavant, le 8 ou le 9 novembre, Mohamed Abrini a dit à Brahim Abdeslam, futur kamikaze des terrasses, qu’il ne participerait pas aux attaques. Il essaie aussi de le faire comprendre à Abdelhamid Aaboud. Mais celui-ci ne renonce pas à le convaincre, pense qu’il va lui obéir, explique maladroitement Mohamed Abrini à la Cour et au ministère public qui ont bien du mal à croire sa version des faits confuse. « Vous comprenez bien qu’ils sont nombreux les éléments qui laissent penser que vous vous comportez comme l’un des futurs auteurs des attentats », lui lance l’avocat général. « Je vous le confirme, mais je ne saurais pas vous donner d’explication… », se contente de répondre Mohamed Abrini.

C’est un avocat de parties civiles qui finit par lui demander s’il n’a pas, tout simplement, renoncé au dernier moment et fait preuve de « lâcheté ». Mohamed Abrini refuse de répondre. Il répète qu’il n’aurait jamais pu tirer sur des gens non armés.

« Un pas de géant » qui peine à convaincre

« C’est une séquence qui fait avancer un peu la manifestation de la vérité », veut croire son avocate Me Marie Violleau au micro de RFI. A l’audience, elle parle même de « pas de géant ». « On ne passe pas d’une version noire à une version blanche d’un claquement de doigt », explique-t-elle après coup. « Mohamed Abrini, c’est un être humain, c’est un cheminement qui se fait petit à petit. Sa démarche, c’était de dire la vérité, on savait que ça n’allait pas suffire parce que la vérité tout le monde a l’impression de la détenir. »

Ça ne suffit pas effectivement à convaincre Dominique Kielemoes qui a perdu son fils au bar la Belle Equipe, aujourd’hui vice-présidente de l’association « 13onze15 ». « On s’approche de la vérité », concède-t-elle, mais « quand il dit qu’il ne savait rien, qu’il n’avait aucune précision, ce n’est pas très vraisemblable. Il doit en savoir plus que ce qu’il dit ». Les parties civiles en colère aussi d’avoir entendu Mohamed Abrini laisser entendre que sa non-participation avait sauvé des vies parlant « de verre à moitié plein ».

« Inaudible » pour Philippe Dupeyron, président de « 13onze15 ». « Nous avons beaucoup de mal à voir le verre à moitié plein, car pour nous, le verre, il est vide, indéfiniment vide. » Durant l’audience, Me Sylvie Topaloff, avocate de parties civiles, interpelle l’accusé : « Vous avez vu les kalachnikovs, les gilets d’explosif, vous savez ce qui se prépare. Est-ce que quand vous quittez le groupe avant de rentrer à Bruxelles, est-ce que ça vous traverse l’idée une seconde, que ce que vous réprouvez vous pouvez l’éviter ? » « C’est compliqué », commence Mohamed Abrini. Puis : « C’est une très bonne question. Je n’en sais rien. »

« Vous lui demanderez demain »

Mohamed Abrini a aussi préparé l’audition de Salah Abdeslam prévue ce mercredi, affirmant que ce dernier a pris sa place au sein des commandos, probablement à la demande de Brahim, ce grand frère à la « grosse voix » à qui il était si difficile de ne pas obéir. L’homme s’efforce de dédouaner son ami d’enfance. Selon lui, le plan initial de Salah Abdeslam, c’était de partir en Syrie, pas de participer au 13-novembre.

« Monsieur l’avocat général, je vous le dis droit dans les yeux : j’ai vu la détermination de tout le monde, et j’ai pas vu ça chez Salah Abdeslam. » Une thèse qui ne convainc pas la Cour, d’autant qu’Abrini a toutes les peines du monde à en justifier les incohérences, à commencer par leur présence à tous les deux dans les planques de Seine-Saint-Denis. En tout cas, il n’en démord pas, Salah Abdeslam le 13 novembre a bien renoncé, peu importe que son gilet explosif ait fonctionné ou non, d’autant nous dit-il qu’il aurait suffi d’un briquet pour faire exploser la charge. Aux nombreuses questions de la Cour sur ses contradictions, inlassablement il répond : « Vous lui demanderez demain ».



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