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Après la décision du gouvernement: Pourquoi le ciment ne peut être vendu à 75 000FCfa

Publié le mardi 5 avril 2022  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
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Voici les prix à l’Usine

De la fermeture des dépôts de ciment pour une “supposée“ surenchère à l’activation d’une ligne verte pour dénoncer des commerçants jugés “véreux“, le prix du ciment n’a visiblement pas baissé. Et ceci, malgré la décision du Conseil des ministres du mercredi, 23 mars 2022 fixant le prix de la tonne de ciment à 75 000FCFA à Cotonou et dans l’Atlantique. Une enquête réalisée par votre journal révèle pourquoi le ciment ne peut être vendu au prix fixé par le gouvernement…

La hausse du prix du ciment est encore loin d’être solutionnée au Bénin. En sa séance du Conseil des ministres du mercredi 23 mars 2022, le gouvernement a adopté des mesures de soutien aux populations face à la flambée des prix de certains produits de grande consommation dont le ciment. Selon le gouvernement, “les prix de sortie d’usine du ciment n’ont pas fait l’objet d’augmentation“. Le prix de la tonne au consommateur est plafonné par le gouvernement comme suit: Cotonou / Atlantique-Littoral : 75.000 FCFA ; Porto-Novo/ Ouémé-Plateau : 74.000 FCFA ; Comè/ Mono-Couffo : 77.000 FCFA ; Parakou/ Borgou : 82.000 FCFA ; Djougou/Donga : 82.000 FCFA ; Natitingou / Atacora : 85.000 FCFA ; Kandi / Alibori : 85.000 FCFA ; Malanville/Alibori : 90.000 FCFA ; Bohicon/Zou : 74.500 FCFA ; Dassa-Zoumè/Collines : 77.000 FCFA.

Seulement, la réalité sur le terrain demeure tout autre. El Hadj A. M est propriétaire d’un dépôt de ciment à Akpakpa. Il avoue être prêt à se conformer aux prix fixés si les conditions sont créées pour. “Je n’ai pas encore trouvé le ciment de 75 000Fcfa. L’Usine et les grossistes continuent de me livrer au-delà de 75 000FCFA. Alors je devrais revendre à combien ? Je ne sais pas“ nous a-t-il lancé. Même son de cloche de la part de plusieurs propriétaires de dépôt de vente de ciment rencontrés. Qui alors du gouvernement et des revendeurs fait économie de vérité sur le prix de cession à l’usine ? Enigme !

Dans la foulée, une ligne verte est mise en service “pour dénoncer les spéculations et autres fraudes des commerçants véreux“. Il s’agit du 113. “Le Gouvernement du Bénin à travers le Ministère de l’Industrie et du Commerce met désormais à la disposition des citoyens et des consommateurs, un Numéro vert, le 113 pour dénoncer les commerçants véreux qui s’obstinent à ne pas respecter les nouvelles mesures prises pour maîtriser la flambée des prix des produits de grande consommation“, renseigne le site officiel du gouvernement. De même, des dispositions ont été prises pour renforcer “les contrôles par les structures compétentes et de faire appliquer aux contrevenants la rigueur de la loi“.

Et depuis des dizaines de dépôts de ciment ont été fermés dans plusieurs départements du Bénin. A tort ou à raison. Des médias locaux annoncent près de 100 dépôts de ciment fermés pour surenchère. Une information confirmée par le Directeur de cabinet du ministère de l’industrie et du commerce, Laurent Akpo. «…on avait fermé sur tout le territoire environ près d’une centaine de boutiques de dépôts… Ces derniers achètent le ciment au “prix de l’usine“ car ce « prix n’a pas évolué»…C’est une pénurie qui a été organisée pour faire pression sur le gouvernement », a-t-il confié dimanche 27 mars 2022 dans l’émission « 90 minutes pour convaincre » de radio Bénin. Dans un communiqué en date du vendredi 25 mars 2022, le gouvernement a instruit « les services de contrôle du ministère de l’Industrie et du commerce pour l’ouverture de tous les magasins de vente de ciment fermés avant la prise des nouvelles mesures». Quels sont alors les prix pratiqués à l’usine ? Voici ce que révèle notre enquête !

Voici les prix à l’Usine…

Face à cet imbroglio, une question revient avec insistance. A combien est donc vendu le ciment à l’usine pour que les dépôts de ciment refusent de revendre au prix fixé par le gouvernement ? Chose curieuse, les responsables de la Nouvelle cimenterie du Bénin (Nocibe) semble faire du prix du ciment, un secret du couvent. De la direction commerciale aux grossistes, on s’abstient de dévoiler le prix du ciment. Il y a maldonne. De nos investigations et selon les informations reçues à l’accueil de la société, il ressort que le ciment Nocibe est cédé à l’usine au prix de 70 565FCFA la tonne et le prix avec transport est de 74 950FCFA. Le prix auprès des grossistes est de 80 000FCFA avec transport.

A la Société des ciments du Bénin “Le Bouclier“ à Ganhi à Cotonou, le prix de la tonne du ciment avec transport est de 74 500FCFA. Tandis qu’à la société des ciments LAFARGE qui produit le “Ciment Diamant“ à Onigbolo, le prix de la tonne du ciment est 75 000FCFA auquel il faudra ajouter les frais de transport qui s’élèvent à 3000FCFA soit 78 000FCFA avec transport. Au niveau de CIMBENIN produisant le ciment “Buffle“ et implantée à Agblangandan, le prix de la tonne du ciment est de 77 000FCFA auquel il faudra ajouter 3000FCFA pour le transport. Ici, une autre source rencontrée en dehors de la direction informe avoir livré la tonne de ciment à 75 000FCFA sans transport.

Ces prix renseignés au niveau des quatre (04) usines de production du ciment ne prennent pas en compte les frais de déchargement qui varient de 500FCFA à 2000FCFA selon la destination et la main d’œuvre sollicitée. Cependant, il importe de se demander comment les dépôts peuvent-ils alors vendre le ciment à 75 000FCFA alors que les prix de cession à l’usine sont ceux cités ci-dessus ? La situation suscite tout de même plusieurs interrogations. Le gouvernement a-t-il réellement mené des concertations avec les responsables d’usines avant de fixer officiellement le prix du ciment ? Le gouvernement s’est-il lancé dans une opération de charme en guise de réponse aux cris plaintifs des populations ? De toute façon, tout porte à croire que le gouvernement n’a pu peaufiner convenablement les choses avant de s’empresser d’annoncer la mesure. En attendant, les seules victimes restent et demeurent les dépôts de ciments qui, non seulement sont dénoncés et fermés pour une “supposée surenchère“, subissent toutes sortes de critiques. Vivement que le gouvernement repense cette mesure voire réorganiser le secteur de la cimenterie pour plus de transparence.

A.B
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