Vendredi sanglant à la Bourse du travail de Cotonou. Le sang des travailleurs a encore coulé. Tout est parti de la marche pacifique annoncée par des travailleurs avec à leur tête les responsables des centrales et confédérations syndicales.
Mais, très tôt le matin, un déploiement de policiers, de gendarmes fait une ceinture autour de la Bourse du travail. Plus d’issue pour y avoir accès. La lettre d’autorisation du maire de Cotonou en mains, les responsables syndicaux ont décidé de tenir la marche. La troupe de travailleurs sort de la l’enceinte de la Bourse du travail. Mais aussitôt, ils vont se heurter à la muraille des forces de l’ordre qui les immobilisera.
Les responsables syndicaux entrent en négociation avec le commissaire central de Cotonou en vain. Même si les chants et messages scandés par les travailleurs donnent la chair de poule au commissaire et à certains hauts gradés déployés sur les lieux, ils ont tenu à aller au bout de leur mission. Celle d’empêcher la marche des travailleurs sans armes, bâtons et autres objets dangereux. Les esprits commencent pas s’échauffer.
Un pas de plus et les forces menacent. Certains manifestants font l’option de s’asseoir sur la route. C’est le cas du député de l’Union fait la Nation (UN), Lazare Sèhouéto qui clame « s’ils interdisent la marche, ils ne peuvent pas nous interdire de nous asseoir. Notre pays a perdu sa démocratie sous Yayi ».
« Il y a un haut niveau de corruption que nous voulons combattre mais Yayi nous envoie des policiers nous mater. Est-ce que c’est normal ? », s’indigne et se demande le secrétaire général de la Cgtb, Pascal Todjinou. Pour son collègue de la Cosi, Noël Chadaré, les travailleurs méconnaissent leur pays le Bénin. « Sinon comment comprendre que pour une marche pacifique pour exprimer notre mécontentement au sujet de ce concours frauduleux organisé et validé par le gouvernement et l’insécurité qui est grandissante, on a déployé un contingent de militaires nous l’interdire ? », se demande-t-il.
« Nous estimons que c’est une violation syndicale. Nous estimons que ce qui arrive au Bénin n’arrive pas qu’aux autres », ajoute le secrétaire général de la Cstb, Paul Essè Iko. Et à Dieudonné Lokossou de conclure que « le Bureau international de travail (BIT) sera informé de cette situation que nous vivons actuellement dans notre enceinte. C’est une tentative d’écourter les libertés syndicales ».
La police matte et fait usage de gaz lacrymogène
La marche va changer de direction quand, les forces de sécurité se sont ruées sur les travailleurs. Elles les ont encerclés pour les obliger à retourner à l’intérieur de la Bourse du travail. Une stratégie suivie d’usage de gaz lacrymogène. Les moins rapides ont reçu des coups de matraque. La plupart des secrétaires généraux ayant initié la marche ont été asphyxiés et blessés. Il s’agit de Paul Essè Iko, Pascal Todjinou, Kassa Mampo, Dieudonné Lokossou, Noël Chadaré et autres.
Très vite, ils ont été évacués au Centre national hospitalier universitaire Hubert Maga sauf, le secrétaire général de la Fésyntra Finances, Laurent Mètongnon. « C’est choquant ce qui s’est passé et ce Béninois qui a donné l’ordre pour faire couler le sang des Béninois à la Bourse du travail répondra de son acte », s’est enflammé Lazare Sèhouéto.
L’annonce d’une grève générale des travailleurs
La fin de non recevoir de la police et de la gendarmerie n’a guère émoussé l’ardeur et la détermination du secrétaire général de la Fesyntra-Finances et du reste des travailleurs. Laurent Mètongnon a tenu à lire le message prévu pour la marche. « Ce qui se passe ailleurs ne se passera jamais dans notre pays », précise-t-il. Pour lui, « c’est un assassinat manqué des responsables syndicaux. Mais il ne compte pas baisser les bras.
Les travailleurs ont six exigences. Il s’agit, entre autres, du respect scrupuleux des libertés démocratiques, le jugement des violations des libertés et la réhabilitation des victimes, l’imprescriptibilité des crimes politiques et économiques, l’annulation des concours frauduleux et l’implication des organisations syndicales dans le processus de leur organisation. En cas d’entêtement du gouvernement, les organisations syndicales entendent observer dans les jours prochains une grève générale dans tous les secteurs d’activités. Aux dernières nouvelles, tous les secrétaires généraux et travailleurs admis au Cnhu vendredi sont rentrés le lendemain poursuivre les soins chez eux.