Intervention militaire au Mali : Yayi Boni fait le procès d’Alassane OuattaraLe 20e sommet de l’Union africaine, tenu à Addis- Abeba en Ethiopie, les 27 et 28 janvier 2013, aura été une opportunité toute donnée pour les dirigeants africains de marquer une pause et jeter un regard rétrospectif sur l’Etat de leur Union. Et ce, bientôt 50 ans après la signature de la charte qui consacre sa naissance, le samedi 25 mai 1963. Si des événements politiques aussi cruciaux que brûlants qui tourmentent la stabilité du continent, tels que la crise malienne, se sont invités et imposés dans les débats, cette session ne demeure pas moins une tribune qui a sonné le procès de certaines organisations sous-régionales par rapport à la gestion des crises qui émaillent le périmètre qu’elles couvrent. Pour ainsi dire, tandis que la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) est imbriquée dans les soubresauts de la crise en Centrafrique, depuis le vendredi 7 décembre 2012, la Cedeao, quant à elle, tergiverse sur le dossier malien. La Mission internationale de soutien au Mali (Misma) mise sur pied, depuis le 26 septembre 2012, à un sommet extraordinaire tenu à Abidjan, est encore loin de réaliser les objectifs que lui ont assignés ses géniteurs. Une situation qu’a déplorée Boni Yayi, le Président sortant de l’Ua, quant au pragmatisme de cette mission qui peine à se donner un contenu réel, depuis le déclenchement des hostilités, il y a de cela trois semaines. C’est fort de cela que Yayi Boni qui a cédé le tablier au Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn à la présidence de l’Union, n’a pas manqué de signifier sa déception dans la gestion par la Cedeao du dossier malien. Outre la pléthore de sommets extraordinaires à n’en point finir à lui consacrée, la Cedeao n’est jusque-là pas passée à la phase active des combats contre les islamistes. Pis, elle n’a pu réunir la moitié des 6000 combattants attendus, pendant que les forces françaises et maliennes seules sont engagées dans les combats de libération. «Tout en saluant toutes les forces françaises et maliennes fortement impliquées dans les combats à haut risque, notamment la promptitude avec laquelle la France s’est engagée, nous ne pouvons cependant nous empêcher de signifier notre déception face à la lenteur avec laquelle les troupes de lma Cedeao se mettent en place pour effectivement occuper le terrain. Nous osons croire que la conférence des donateurs qui s’ouvrira, le mardi 29 janvier 2013, pourra insuffler une nouvelle dynamique à la levée des troupes pour le Mali», a indiqué Boni Yayi, dans son allocution à ce 20e sommet. Il ne fallait pas plus une telle intervention pour recentrer le débat et situer les responsabilités dans l’inefficacité de la Cedeao. Car, à travers cette Institution, son Président en exercice, Ouattara, est au ban des accusés. Pour n’avoir pas réussi à orienter la Cedeao dans la bonne posture et lui trouver les moyens de ses actions au moment où le besoin s’exprime avec acuité, et là où les actes doivent faire place aux discours des sommets. Si le président sortant a salué la célérité avec laquelle les Français ont agi, la lenteur qui caractérise la Cedeao dans les actes, n’a pas échappé aux récriminations des voix autorisées. En ce sens que toutes les personnalités physiques qui animent l’Institution ont été indexées pour avoir brillé par le nombre incalculable de sommets tenus que par l’engagement des troupes pour bouter hors du territoire malien, les terroristes envahisseurs.