L’e-sport, pratique compétitive des jeux vidéo, et ses tournois aux audiences de plus en plus grandes, attirent les marques et les annonceurs partout dans le monde. Avec la pénétration d’internet, la professionnalisation des joueurs continentaux et le potentiel pour le marché de la communication, les spécialistes de l’e-sport commencent à se positionner sur le continent africain.
Au Bénin, le gouvernent organise, en partenariat avec Nicecactus, la plateforme française spécialisée en tournois de jeu vidéo compétitif, l’International Africa Gaming Cup (IAGC). Annoncé comme une coupe d’Afrique des jeux vidéo, le projet avait été autorisé en Conseil des ministres le 24 novembre 2021.
Depuis, peu de détails avaient filtré sur les dates et les différentes étapes de l’évènement.
Pour remédier à cette situation, les ministères béninois de l’économie et du numérique viennent d’annoncer une conférence de presse, à laquelle participera Mike Hessabi, président de Nicecactus. Elle réunira, le 12 avril au Novotel Orisha à Cotonou, les organisateurs de l’IAGC, des représentants du gouvernement, la presse et des acteurs locaux de la scène naissante de l’e-sport béninois.
Alors que le Bénin affiche depuis quelques années son ambition de devenir un hub numérique en Afrique de l’Ouest, l’intérêt des autorités pour le jeu vidéo compétitif n’est pas étonnant. Avec plus de 300 milliards de dollars de recettes dans le monde, selon les données du cabinet de conseil Accenture, l’industrie vidéoludique pèse désormais plus lourd que celles du cinéma et de la musique réunies.
Par ailleurs, la pratique compétitive des jeux vidéo est sur le point d’être installée en tant que discipline olympique. Le 1er juin dernier, le directeur des sports du Comité international olympique (CIO) Kit McConnell a annoncé que l’organisation envisage de rendre certains sports virtuels médaillables dès les Jeux de 2028 à Los Angeles. « Le programme olympique de Paris 2024 est déjà finalisé (…). Mais on ouvre la porte pour intégrer l’une de ces formes de sport virtuel dans le programme olympique à Los Angeles », a-t-il expliqué dans un podcast sur l’e-sport.
Ces dernières années, les annonceurs ont commencé à investir d’importantes parties de leurs budgets dans la communication sur les tournois d’e-sport. Ceci s’explique par la capacité des compétitions de jeux vidéo à cibler une certaine tranche d’âge, les fameux milléniaux, très importants pour le secteur de la communication. Pour les toucher, les marques s’invitent dans les jeux, sur les retransmissions de compétitions, mais également sur les maillots et équipements des équipes d’e-sport.
Une compétition comme l’IAGC intéressera par exemple les grandes marques qui souhaitent s’installer dans le pays en leur offrant une audience qui croit exponentiellement avec les pénétrations de l’internet haut-débit et des smartphones.
La compétition pourrait également aider à créer un écosystème e-sport au Bénin et mettre le pays sur la carte continentale de la discipline. Pour le moment, selon une étude du spécialiste de l’e-sport Newzoo, l’Afrique du Sud concentre 40% des « gamers » africains, devant le Ghana (27%) et le Nigeria (23%). Aucun pays francophone n’apparait dans le top 5 qui est complété par le Kénya (22%) et l’Ethiopie (13%).
En attendant un tel impact, l’IAGC offre une occasion au pays d’exploiter une nouvelle tendance du numérique qui pourrait se révéler très importante pour le secteur africain de la communication en pleine migration vers les plateformes digitales.