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Abdel Affiz Yekini, Sg/Syntrasat : « La réforme de la décentralisation est une initiative louable »

Publié le mercredi 13 avril 2022  |  Fraternité
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© Autre presse par DR
Abdel Affiz Yekini, Sg du Syndicat national des travailleurs du secteur de l’administration territoriale (SG/SYNTRASAT)
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La mise en œuvre de la réforme du secteur de la décentralisation bat son plein. Appelés à prêter main forte aux élus communaux dans la quête du développement local, les cadres inscrits dans le fichier des principales fonctions administratives et techniques des mairies sont en train d’être désignés pour être déployés sur le terrain. Ne voulant pas rester en marge de ce processus, les agents en service au ministère de la décentralisation, donnent de la voix à travers le Syndicat national des travailleurs du secteur de l’administration territoriale (SG/SYNTRASAT). Tout en adressant leurs félicitations au chef de l’Etat et à son gouvernement pour avoir pris cette initiative, ils espèrent néanmoins que certains couacs seront corrigés pour une performance plus accrue de l’administration territoriale.

Votre syndicat s’est réuni vendredi dernier pour donner sa position sur la mise en œuvre de la réforme structurelle du secteur de la décentralisation. Pouvons-nous avoir une idée de la teneur des discussions ?
Au cours de la réunion, chacun a été invité à donner son appréciation. Lorsque nous avons fait le point, il a été retenu que cette réforme est bien accueillie par les acteurs. Le bureau a décidé de féliciter le Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, Monsieur Patrice Athanase Guillaume TALON et son Gouvernement pour cette louable initiative qui fait rayonner notre pays sur le plan international en matière de décentralisation et de gouvernance locale. Il n’a pas manqué de solliciter leur regard bienveillant sur les conditions de vie et de travail des agents qui constituent la cheville ouvrière de l’application de ladite réforme.

En quoi est-ce que cette réforme est louable ?
Cette réforme est louable car les fonctions sont désormais séparées et les domaines d‘intervention de chaque autorité communale ou municipale sont clairement définis. Aussi, les postes stratégiques de chefs de service au niveau local sont-ils occupés par des spécialistes avérés tirés du fichier national qui est un vivier de compétences.

N’était-ce pas le cas auparavant où le secrétaire général assurait la coordination des fonctions techniques ?
Auparavant, le secrétaire général était nommé par le maires sur une liste d’aptitude et il était difficile pour lui de se départir de celui qui l’a nommé pour exercer ses fonctions de manière libre et indépendante. De plus, c’est le maire qui était le gestionnaire du budget communal et il lui était loisible de contourner son secrétaire général pour nommer ce qu’il appelait directeur de cabinet. Avec la réforme, le maire ne s’occupera que des questions politiques et c’est le secrétaire exécutif qui aura la gestion des finances locales.

N’est-ce pas bizarre que le maire qui va solliciter les suffrages des candidats sur la base d’un projet de société soit réduit une fois élu à des fonctions politiques ?
Etre élu ne confère pas les prérogatives d’ordonnateur de budget. Bien qu’étant ordonnateur du budget communal, le secrétaire exécutif, conformément aux dispositions de l’article 135 de la loi n° 2021-14 du 20 décembre 2021 portant code de l’administration territoriale en République du Bénin, a l’obligation de « soumettre le budget primitif, le collectif budgétaire et le compte administratif à l’adoption du conseil de supervision, à la validation du conseil communal et à l’approbation de l’autorité de tutelle ».

Votre syndicat estime-t-il que cet attelage va réellement améliorer la qualité de la gouvernance locale ?
Tel que pensé, cet attelage devrait améliorer la gouvernance locale au profit des populations, mais tout dépendra de sa mise en œuvre.

Dans le communiqué qui a sanctionné vos travaux, vous appelez à l’esprit patriotique des cadres inscrits au fichier des principales fonctions administratives et techniques. Pourquoi insistez-vous sur cet aspect ?
Nous les invitons à gérer et à travailler avec un esprit patriotique car il n’est pas rare de constater que certains cadres béninois manquent de patriotisme dans l’exercice de leur fonction et confondent la caisse de l’Etat ou des collectivités territoriales à leur propre poche, au détriment des projets de développement.

Vous attirez par la même occasion l’attention des dirigeants sur la qualité des ressources humaines déployées dans le secteur…
Nous souhaitons qu’il y ait un recrutement au quota au profit du ministère de la décentralisation, parce que aujourd’hui, au niveau des différentes préfectures, l’effectif est maigrelet et d’ici trois ans, nous aurons 81 départs à la retraite. En outre, le décret n° 222-111 du 16 février 2022 portant attribution du Préfet, organisation et fonctionnement des départements crée de nouveaux postes et il faudrait les pourvoir. Déjà, au niveau de l’existant, force est de constater qu’à peine la moitié des services au niveau déconcentré est créée, faute de personnel. Mieux, pour un besoin minimum de trente-cinq (35) agents qualifiés pour animer les services, l’ensemble de nos préfectures fonctionne avec moins de 10% du personnel technique requis avec des déficits parfois notoires, même en personnel de soutien.
Pour ce qui est des mairies, malgré qu’il y ait des postes pour lesquels le gouvernement a décidé de pourvoir par des agents qui ont été retenus au niveau du fichier national, ils ne pourront pas travailler seuls. Ils ont besoin de s’appuyer sur un personnel toutes catégories confondues.
Nous souhaitons que les décrets d’application de la troisième partie de la loi n° 2015-18 portant statut général de la fonction publique soient pris pour permettre le recrutement d’agents territoriaux.

Vous appelez également le gouvernement à améliorer les conditions de vie et de travail des agents. Que voulez-vous concrètement ?
Comme nous venons de le dire supra, les conditions de vie et de travail ne sont pas très reluisantes au niveau du ministère, des préfectures et des mairies. Quand on considère la motivation financière, il faut savoir que le secteur de la décentralisation est transversal comme plusieurs autres où nos collègues ont des conditions plus améliorées que les nôtres. Nous souhaiterions également, que le gouvernement, dans les processus de nomination regarde du côté de notre ministère, où nous avons des compétences. D’ailleurs, le tirage des SE de mairies montre à suffisance que notre secteur regorge de cadres compétents car sur les 77 secrétaires exécutifs tirés au sort, 10 proviennent de notre ministère. Nous sommes un peu frustrés lorsque pour les nominations au profit de notre ministère, nous sommes marginalisés.
Par ailleurs, on compte au sein du personnel, des camarades qui ont suivi des formations sur fonds propres et ne sont pas reclassés, ce qui ne leur a pas permis de participer au processus de sélection des candidats aux principales fonctions administratives et techniques des mairies. Ces cadres se trouvent au ministère, dans les préfectures et les mairies. En outre, la condition d’âge exigée pour la sélection des SE sans dérogation au profit des agents travaillant déjà dans le secteur a été un facteur très limitant.

Vos attentes sont orientées vers le gouvernement. Est-ce à dire que les communes n’ont pas d’efforts à fournir ?
La capacité d’accès de la commune au financement est l’un des indicateurs liés au poste de SE. En conséquence, pour être performants, ils sont obligés de multiplier les efforts afin d’alimenter le budget communal.

Peut-on estimer au vu de cette réforme que vous saluez que la décentralisation est en bonne voie ?
Tout à fait si l’on s’en tient à l’esprit de la réforme

Que répondez-vous à ceux qui estiment qu’avec cette réforme la décentralisation a laissé place à la recentralisation ?
Ils n’ont pas tout à fait raison. Ce sont des critiques qui amèneront les acteurs à mieux faire. Il est normal que toute réforme rencontre des résistances.
Propos recueillis par Moïse DOSSOUMOU
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