La pose de sabot, principalement utilisé par les agents de la municipalité de Cotonou pour immobiliser les véhicules en infraction de stationnement dans la ville, suscite indignation dans le rang de certains administrés. Ils n’y comprennent plus rien puisque d’autres en ont fait les frais quand bien même ils ont bien garé, toutes les roues sur le trottoir. Ils dénoncent ainsi les lourdes contraventions à eux flanquées dans ces circonstances. «On a remarqué que quand des camions sont mal garés, ils viennent mettre des sabots. Quand bien même on a pris des dispositions et qu’on gare bien maintenant pour pouvoir décharger, à ma grande surprise, les gens de la mairie viennent encore mettre les sabots nous signifiant qu’on doit payer chargement/ déchargement. C’est quel pays ça ? Nous utilisons la facture normalisée, tout est informatisé, nous payons des impôts, mais je ne comprends pas pourquoi on nous refuse de décharger? Si on ne décharge pas, comment on peut vendre ? Une fois là-bas, ils m’ont dit de payer 100.000 FCfa. Ils ont parlé même de 200.000 FCfa. J’ai dit ça sert à quoi? Pour avoir de preuve, j’ai payé les 100.000 pour avoir de reçu. Je ne comprends pas. C’est sur quelle base ?», s’indigne un administré très remonté, presqu’aux larmes, qui s’est confié à Matin Libre. Il avance, cette fois-ci sans brandir de preuves que parfois les agents prennent 20.000 F, 30.000 F, 50.000 F voire 70.000 FCfa chez les gens sans facture. «L’année dernière quand ils ont fait ça, je suis allé à la mairie pour leur demander l’arrêté qui prouve qu’on devait payer pour le déchargement. Ils ne me l’ont pas montré. Ils ont pris 50.000 FCfa avec moi» , relate notre plaignant. Dans la foulée, un autre cas s’est signalé : « c’était en 2021 qu’ils sont venus, une nuit, mettre le sabot contre le véhicule qui me livrait du ciment. Ils m’ont dit de payer 625.000 FCfa. Mais j’ai fini par payer 220.000 FCfa parce qu’ils m’ont dit que mensuellement ça fait 50.000 FCfa et que le cumul de ce que je n’avais pas payé jusqu’à leur arrivée faisait 200.000 FCfa et les 20.000 F pour les frais de mauvais stationnement. J’ai dû envoyer quelqu’un jusqu’à Akpakpa me payer ça avant qu’ils ne reviennent enlever le sabot. Contre ça, ils nous ont délivré un papier. La deuxième fois quand ils sont venus me décharger des planches, c’est également la nuit qu’ils sont venus mettre le sabot. Et ce sont de petits tickets de 5000 F, 20 au total, que j’ai payé comme contravention. Soit 100.000 FCfa» , raconte une responsable de boutique, toujours dans le 13eme arrondissement de Cotonou. Et de préciser : «Comme mobile, ils m’ont fait savoir que là où le véhicule est garé, devant la boutique, il y a une taxe à payer pour, et c’est 625.0000 FCfa annuellement. Ce n’est pas que le véhicule est mal garé. Si ces frais doivent s’ajouter aux taxes de boutique que la mairie nous prend, là c’est difficile»
Un arrêté réagirait la chose
Dans nos premières démarches en direction du 13eme arrondissement pour en savoir davantage sur ce dossier «pose tous azimuts de sabots sur des véhicules» , une source nous précise au téléphone que c’est conformément à un arrêté que cela se fait. «L’arrêté municipal stipule que quand vous voulez faire vos chargements et déchargements dans la ville de Cotonou, il faut un paiement. 1- Si c’est un camion, les droits d’autorisation c’est 25.000FCfa, la taxe mensuelle c’est 50.000FCfa. 2-Si c’est un petit véhicule, bâchée, dindon c’est 20.000F la taxe et les droits d’autorisation c’est 10.000F. Les autorisations c’est une seule fois qu’on paie. La taxe, c’est mensuel ou tu peux payer annuellement. Mais on peut te produire aussi une redevance municipale que tu paies. Quand tu paies la redevance municipale, on ne te met plus le sabot», a expliqué la source. Mais lorsqu’il s’est agi de nous rapprocher du service de la Régie principale des recettes non fiscales qui s’occupe de ce volet au siège du 13eme arrondissement, en vue d’avoir d’amples informations et pouvoir obtenir également ledit arrêté, la Responsable (Régisseur) n’a pas daigné se prononcer. Elle ne parlera pas sans l’autorisation du Directeur du service économique et financier (Dsef) qui est son supérieur hiérarchique. À défaut de lui-même, il faudrait son adjoint. Elle ne cèdera guère malgré notre insistance. Impossible d’avoir aussi les contacts de ces derniers auprès d’elle, pour convenir d’un rendez-vous. « Je ne suis pas sa secrétaire pour vous donner son contact. Allez à la mairie. Son bureau est au premier étage», s’est-elle débarrassée de nous. À la mairie, cet après-midi là, ce n’était visiblement pas le bon jour, réunion oblige. Après maints appels téléphoniques, il nous a été suggéré de nous rapprocher du Secrétaire exécutif, qui a pris fonction il y a seulement quelques jours.
Libérez l’info si tout est nickel
Le journaliste n’est pas un ballon de ping-pong. Écouter la version de la structure compétente et la relayer n’est pas encore trop demander, surtout pour un dossier qui fait déjà assez de frustrés. Pour le chargement/déchargement, les revendeurs qui ont des boutiques pour quincaillerie, dépôt de ciment… au bord des voies sont-ils concernés ? Y-a-t-il eu une large sensibilisation à propos? Pourquoi une telle redevance en dehors des impôts et autres taxes que collecte déjà la municipalité ? Autant de préoccupations d’administrés qui crient à l’injustice, estimant que dans les villes périphériques de Cotonou, ça ne fonctionne pas comme cela. Ces administrés appellent donc au secours les autorités à divers niveaux du pays. En tout cas, Matin Libre reste ouvert quand il plaiera aux autorités de la mairie de réagir.