Une statue en métal recouvert de bronze immortalise désormais dans la capitale économique du Bénin les femmes guerrières de l’ancien Royaume du Danxômè.
Le monument Amazone trône derrière le palais de la présidence en bordure du boulevard de la Marina.
Depuis que son faciès a été dévoilé, il y a quelques jours, les commentaires vont bon train sur l’identité réelle de ce personnage. Mais le comble est que cette statue devient déjà la vedette sur le site du Mémorial de la Réconciliation.
Le site du Mémorial de la Réconciliation de Cotonou abrite un nouveau monument.
Au départ, certains ont soutenu qu’il s’agit d’une statue en hommage à la Reine Tassi Hangbé (ou Nan Hangbe), la seule femme à avoir régné sur le Dahomey au XVIIIe siècle de 1708 à 1711.
Mais selon l’ancien journaliste de l’ORTB et spécialiste des questions du Royaume du Danxômè, Constant Agbidinoukoun, le monument représente ’’ la statue de la grande amazone Nanga’’, qui fait partie du corps d’élite des amazones du Danxômè. Ce premier régiment de femmes guerrières a été créé d’abord par son altesse royale Tassi Hangbé. Il a été par la suite réhabilité, amélioré et instauré par sa majesté le roi Guézo, en 1820, pour devenir un corps spécial d’élites, chargé de défendre le souverain et son royaume.
L’adage des Amazones était : « Vaincre ou mourir ».
En décidant le 17 juillet 2019 de l’érection du Monument Amazone et de l’Esplanade des Amazones, le gouvernement de Patrice Talon rend ainsi hommage à la femme et immortalise les braves défenseures de la Patrie.
Intégrer histoire, culture et tourisme
Mais le hic est que cet imposant monument (d’une hauteur hors-tout de 30m), réalisé par un artiste-sculpteur chinois, est érigé à l’entrée de la Porte du Mémorial de la réconciliation. Ce qui ravit la vedette à ce mémorial de l’esclavage et de la traite négrière.
Un site abandonné sans valorisation, ni mis en tourisme depuis plus de 20 ans.
Situé derrière la présidence, au bord du boulevard de la Marina, qui quitte l’aéroport en passant par le port de Cotonou, le site du Mémorial de la Réconciliation construit en 2001 occupe un espace d’environ 2 hectares.
Son érection a été décidée en décembre 1999 lors de la « Conférence Internationale des Leaders pour la Réconciliation et le Développement ». L’objectif de cette rencontre est l’intégration de la Diaspora noire au processus de développement des Etats africains.
En dehors de la Statue de la Réconciliation, le site est composé de la Porte de Retour, de la Pyramide de la Paix, d’une esplanade et des allées.
La statue de bronze érigée au cœur du site, est le symbole de la réconciliation entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique, trois continents fortement impliqués dans la traite négrière.
Symbole du commerce triangulaire, il existe trois types de cette statue dans le monde : à Cotonou (au Bénin) pour l’Afrique, à Liverpool (en Angleterre) pour l’Europe et à Richmond (en Virginie) pour l’Amérique.
Le projet intègre la valorisation du site du Mémorial de la Réconciliation dans un circuit qui relie trois continents et offre aux Afro descendants et toute la diaspora du monde, l’opportunité de retrouver leur identité et les sources de leur origine embrouillées, la chance d’établir des relations d’amitié, de découvrir et de connaître.
Contrairement au site de Cotonou, les statues de la Réconciliation de Liverpool et de Richmond drainent des milliers de touristes et autres visiteurs chaque année.
Ce qui favorise des recettes pour l’entrée sur site, la vente des objets d’art et des produits de souvenir, des chiffres d’affaires pour l’hôtellerie, la restauration, le transport, les jeux et loisirs....
La valorisation du site est aussi un créneau porteur pour la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et l’intégration de la culture et du patrimoine dans le développement du tourisme