Ils auraient peut-être dû s’abstenir. Depuis quelques jours, nombre d’acteurs politiques en quête de surenchère pour 2023 s’affichent aux côtés des animateurs de la tournée dite gouvernementale. Comme une odeur de récupération politique, cette tournée nationale se révèle davantage comme une fausse bonne idée du gouvernement. Alors qu’elle devrait permettre de présenter les mesures prises pour contenir l’inflation et requérir les inquiétudes des populations notamment sur la cherté de la vie, le but de cette tournée, présenté comme une évidence et relayé comme tel, dresse le lit à une instrumentalisation politicienne.
Ils sont nombreux. Des partisans encartés UP, BR ou encore Moele-Bénin. D’où des suspicions de noyautage politique de cette initiative pourtant nécessaire. Comment comprendre, dès lors, que des potentiels candidats aux prochaines élections législatives se rallient à une « tournée gouvernementale », alors même qu’ils ne font pas partie de l’équipe gouvernementale ? Certes, l’hirondelle ne fait le printemps, mais la présence de ces politiques appelle plutôt à la prudence. La menace qui pèse sur le pouvoir d’achat des Béninois ne devrait pas procurer l’occasion idéale aux vautours politiques de fourbir leurs armes et de reprendre à leur compte les mesures prises par le gouvernement.
On n’a pas tort d’imaginer qu’il existe d’autres aspirants à la neuvième législature qui feraient feu de tout bois pour être présents aux séances d’explications, mais qui ne peuvent se le permettre compte tenu de leur statut sur l’échiquier politique. Que certains proches du gouvernement veuillent participer au débat public, surtout sur un sujet qu’ils feignaient de considérer, c’est leur droit, soit. Mais il serait perfide de laisser penser qu’ils ont contribué à la mise en place des mesures mises en œuvre pour atténuer les conséquences de la flambée des prix de denrées. Est-il utile de rappeler qu’ils ont récemment froissé l’opinion avec leur proposition de loi visant à assurer aux députés une retraite taillée sur mesure ? Bien qu’il soit capital de veiller au grain et d’assurer ses arrières, toute occasion n’est pas bonne à saisir.