Une proposition de loi pour octroyer une pension aux anciens députés et présidents d’institution se trouve dans le lot des dossiers à l’ordre du jour de la première session ordinaire de l’année 2022 du Parlement béninois. Cette annonce faite par le porte-parole de l’institution a particulièrement retenu les attentions, et la polémique s’est installée. La majorité des Béninois ne comprend pas que l’actuelle législature, la 8eme, programme un tel sujet dans un contexte économique difficile où le gouvernement peine à augmenter les salaires des travailleurs. D’aucuns s’en sont même pris à l’Exécutif en parlant de projet de loi. Mais à la faveur de la rencontre qu’il a eue le 26 avril dernier avec les syndicats et le Patronat sur la revalorisation des salaires, le chef de l’État Patrice Talon a remis les pendules à l’heure. Non seulement il a précisé que c’est plutôt une proposition de loi, donc n’émanant pas de son gouvernement, il n’a pas caché son opposition à l’initiative même s’il semble être d’accord pour une pension aux anciens présidents d’institution. Jusqu’à jeudi dernier, aucun député de la 8eme législature n’a eu le courage de se prononcer publiquement sur le sujet. Invitée sur Capp Fm, la députée Sèdami Mèdégan Fagla de l’Union progressiste (UP) a apporté des clarifications, faisant ainsi la différence. Interpellée, en effet, sur la question, elle n’est pas d’accord qu’on attribue la proposition de loi à l’actuelle législature.
Lire l’extrait de son intervention dans laquelle elle explique d’où est partie la polémique :
<< Moi je suis de la 8eme législature. Les camarades qui sont là depuis plusieurs législatures nous expliquent que ce débat, c’est comme un serpent de mer, qui est là depuis. Et à chaque législature ça revient, à chaque mandat ça revient. Les députés qui constituent ce mandat remettent ça sur le tapis entre eux, en tout cas en discussion. Ce qui s’est passé c’est très simple. Alors que c’était encore en discussion, le débat faisait rage parmi eux encore, parmi les collègues, le débat est sorti par le porte-parole de l’Assemblée nationale alors que c’est un débat qui apparemment était là déjà à la 7eme législature. Et comme le disent les collègues, ça reviendra encore à la 9eme, à la 10eme, etc. Mais la manière dont la question a été posée au chef de l’État par les syndicats, il fallait que le chef de l’État réponde, ce qui est logique ; il a joué son rôle, il s’est désengagé de ce débat-là…>>
L’actuel Parlement classera-t-il le dossier ?
Sèdami Mèdégan Fagla absout l’actuel Parlement auquel elle appartient d’être le géniteur de la proposition de loi portant octroi de pension aux anciens députés et présidents d’institution. Mais quand elle affirme que la 8eme législature a elle-même hérité du dossier de la précédente législature, veut-elle signifier que ce Parlement ne pouvait ne pas enrôler le dossier ? Autrement dit, la 8eme législature est-elle tenue ou obligée de prendre en compte un ancien dossier laissé par la législature précédente surtout s’il ne reçoit son assentiment ? Par ailleurs, eu égard à la polémique créée par cette proposition de loi, fut-elle vieille, l’actuelle législature osera-t-elle la programmer de si tôt ? Si oui, ira-t-elle contre la position du chef de l’État ? Sèdami Mèdégan Fagla et ses collègues vont-ils, au finish passer la patate chaude à la 9eme législature à défaut de mettre fin à son » règne » dans les couloirs de l’Hémicycle ? Les jours à venir nous édifieront.