La rupture anticipée du contrat de travail du professeur Martin D. Houénassi a créé de l’émoi dans le rang des pratiquants de la cardiologie au Bénin. Un départ précipité qui risque de porter préjudice aux réformes en cours dans le domaine de la santé et spécifiquement dans le secteur de la cardiologie, tant le Professeur constitue un maillon important dans la chaîne.
Le professeur Martin D. Houénassi est-il victime de son altruisme et de son franc-parler?
En effet, admis à faire valoir ses droits à la retraite, le Médecin Colonel Martin D. Houénassi est remis à la vie civile depuis le 1er octobre 2016 à l’âge de 55 ans. Dans l’Enseignement supérieur, les civils enseignants du supérieur qui sont de rang A (Maître de Conférences / Maître de Conférences Agrégé et Professeur Titulaire) partent à la retraite à 65 ans. La différence pour les militaires, est qu’ils ne sont pas reversés dans l’Enseignement supérieur et n’ont pas droit à une pension de retraite d’Enseignant du supérieur. Les prédécesseurs militaires hospitalo-universitaires du Professeur Houénassi, après leur admission à la retraite dans l’armée, signent un contrat de travail avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Mesrs) pour servir dans leur spécialité jusqu’à l’atteinte des 65 ans d’âge. Et, c’est ce qui s’est passé avec les militaires prédécesseurs du Professeur.
C’est dans cette logique que le Professeur Houénassi a signé un contrat de travail avec le Mesrs en 2017.
Selon les règles, le Prof Houénassi devrait avec son contrat de travail, servir en qualité de contractuel puis partir quand il aura atteint 65 ans d’âge. Mais le contrat a été rompu avant terme. Du coup, les langues se délient pour dénoncer cette retraite précipitée, sinon provoquée. Selon les informations recueillies au service de cardiologie du Cnhu-Hkm de source crédible, le Professeur Martin D. Houénassi a été appelé au Ministère du travail où, il va rencontrer les ministres de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et celle de la Fonction publique. C’est à cette séance, que les Ministres l’informeront de la rupture de son contrat de travail avec le Mesrs. Le lendemain, 21 septembre 2021, le papier de rupture de contrat signé du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique lui a été apporté pour notification à son domicile en toute urgence au-delà de 19 heures. C’est ainsi que le Professeur a été remercié et sommé de quitter les lieux. En très bon ancien militaire, il s’est exécuté avec célérité.
Malheureusement, ce départ précipité du Professeur Martin D. Houénassi risque de porter préjudice aux réformes dans le domaine de la santé et spécifiquement dans le secteur de la cardiologie. Il est connu de tous que le Bénin ne dispose plus pour le moment d’un Professeur Titulaire (Ape ou Contractuel) en activité. En clair, le secteur public béninois de la santé n’a plus, un seul cardiologue aussi qualifié que le Professeur Houénassi.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision de la mise sur le carreau d’un professionnel de la trempe de Martin D. Houénassi à l’âge de 61ans, alors que le pays souffre d’un manque de spécialistes et que les services de spécialité du Cnhu-Hkm manquent cruellement de personnel qualifié ? Ou bien l’objectif est-il d’affaiblir le secteur public de cardiologie au profit du secteur privé ? Combien de Béninois peuvent s’offrir allègrement les services de cardiologues du privé ? Le Président Talon est-il informé de l’éviction de cet éminent Professionnel hors-pair ?
Comment la faculté des sciences de la santé va-t-elle continuer la formation des médecins en spécialité ( DES) de cardiologie ?
Vivement que le Professeur reste au service de son pays à travers une clinique médicale.
Un parcours éloquent
Officier supérieur des Forces armées béninoises (Fab), il a servi dans plusieurs services et occupé des fonctions au Bénin à savoir : Médecin-Chef à la garnison de Ouidah ; création et 1er Chef service de cardiologie de l’Hôpital d’instruction des armées de Cotonou ; Directeur de l’Hôpital d’instruction des armées de Cotonou ; 1er Directeur de l’Hôpital d’instruction des armées de Parakou, appelé Hôpital des Chinois; Directeur du service de santé des armées à Cotonou.
Médecin- Colonel des armées béninoises, il a gravi les échelons du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), jusqu’au grade de Professeur Titulaire des universités en 2014.