L’Union européenne a signé, ces dernières semaines, plusieurs partenariats avec des pays africains, dans l’optique de limiter sa dépendance au gaz russe. Un plan intenable sur le court terme, selon l’avis de plusieurs experts.
L’Union européenne ne pourra pas réaliser sur le court terme son plan « REPowerEU » visant à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles russes, à travers une collaboration avec des pays africains producteurs d’or noir. C’est ce qu’a indiqué Jin Lei, professeur associé à la China University of Petroleum, basée à Pékin.
« Bien que la recherche d'une coopération gazière avec l'Afrique puisse assurer un approvisionnement des pays européens sur le long terme, des sources d'eau lointaines ne peuvent pas étancher la soif du moment », a ironisé Lei, selon des propos rapportés par le média Global Times.
Le projet, indique l’expert, est peu viable en ce que la mise en place d’une industrie pétrolière intercontinentale, opérationnelle et rentable, pourrait durer de nombreuses années. Une difficulté temporelle, renforcée par d’importants défis infrastructurels.
En effet, l’Europe dans son partenariat énergétique avec la Russie bénéficie d’un important réseau de pipelines. Un avantage qui lui fait défaut dans le cadre de sa collaboration avec l’Afrique. La résolution de ce problème implique d’étendre le système de gazoducs reliant l’Afrique à l’Europe, actuellement limité à quelques pays d'Afrique du Nord.
Selon Liu Hongwu, doyen de l'Institut d'études africaines de la Zhejiang Normal University, les pays occidentaux, européens en particulier, devraient repenser leur stratégie énergétique en Afrique en intégrant la Chine, par exemple, dans l’équation. Une coopération avec le géant asiatique qui devrait leur permettre d’accroître l’exploration des ressources en énergie en Afrique, dans un contexte marqué par le départ annoncé de plusieurs compagnies pétrolières multinationales du marché régional.
L’avis des experts chinois survient quelques jours après la publication des résultats d’une analyse publiée le 24 mai, par la firme norvégienne Rystad Energy, qui indique que la mise en œuvre du plan « REPowerEU », nécessitera au minimum, 1 000 milliards d'euros d'investissements. Une enveloppe qui semble difficile à mobiliser à moyen terme, même si le projet semble réalisable à long terme. « Bien que ces objectifs soient réalisables, il faudra une planification, des niveaux d'investissement, de construction et de production dignes d'un temps de guerre pour atteindre les objectifs d'ici 2030 », a déclaré Carlos Torres Diaz, responsable de la recherche sur l'énergie chez Rystad Energy.