Dans les différents partis politiques, de plus en plus le débat se fait autour des probables candidats à l’approche des élections de Janvier 2023. Ces élections présentent plusieurs défis majeurs dont entre autre la nécessité d’un rajeunissement de la classe politique. En absence de stratégie offensive adéquate pour faciliter ce renouvellement générationnel et prendre la place qui est la sienne dans le développement, la jeunesse béninoise reste assise sur un banc à ronger son doigt en attente que des vieux qui s’agrippent dans les instances politiques de notre pays depuis des décennies leur tendent le relais. Et pourtant, il a toujours été entretenu que le renouvellement de la classe politique ne se décrète pas, il faut la préparer et la provoquer car il n’y a jamais eu de génération spontanée en politique. Pour y arriver, beaucoup ont porté leur espoir dans la société civile espérant y trouver des ressources et des valeurs capables de porter ce vœu. Le constat est là : la société civile est depuis plusieurs années d’une part prise en otage par des pirates notamment des vieux « loups » et d’autre part noyée par des jeunes qui se limitent au discours de dénonciation (parfois dictés par les chancelleries étrangères) sans apporter de solutions. A côté, les partis politiques éprouvés par les difficiles mais nécessaires reformes du système partisan peinent à offrir aux jeunes des espaces d’expressions viables et des outils de formations idéologiques de sorte à être les relais puissants capables de contribuer à améliorer les conditions de vie des populations. S’ils ont un mérite aujourd’hui, c’est celui de canaliser l’énergie des jeunes autour d’un projet auquel très peu de personnes y croient.
Des ambitions pour 2023
2023 pointe à l’horizon avec les rêves et les ambitions de plusieurs jeunes de trouver une place dans l’un des fauteuils réservés aux « représentants du peuple ». On s’agite dans tous les sens. Chacun rivalise déjà de toutes les stratégies pour se faire un nom. Tout le monde veut être député comme si le rajeunissement de la classe politique se limite à cela. Le titre de député intéresse toutes les catégories de personnes. Cela va des chauffeurs, des coiffeuses et autres aux hauts diplômés sans oublier bien évidemment tous les députés actuellement en poste, les ministres, c’est-à-dire tout le monde. C’est vrai qu’il n’y a pas un profil particulier pour être député mais de plus en plus la députation dans notre pays devient un objectif à atteindre pour le salaire et les avantages. Ceux qui ont cette ambition ne perdent rien. On ne leur demandera pas de trop réfléchir quand ils seront élus. La seule chose à faire sera juste de lever la main ou de taper la table. Pour les uns, c’est le confort social lié au véhicule de fonction, au salaire et surtout au salamalekoum des populations qui justifient cet intérêt. Pour les autres c’est l’immunité parlementaire et la proximité avec le centre de décision qui motivent.
Des compatriotes voraces vis-à-vis du fauteuil parlementaire
Trois images illustrent la voracité de certains de nos compatriotes à ces fauteuils.
Primo, au sein des partis politiques. Sorties médiatiques alimentent le quotidien des députés actuels même de ceux qui se trouvent au seuil de l’éternité. Si chacun y va de sa stratégie, il me semble visiblement qu’aucun débat sérieux n’est encore lancé au sein des entités politiques sur la procédure à suivre pour le positionnement des candidats sur les listes … à moins que l’on prépare à afficher des listes sorties de la cuisse de Jupiter ou du Cupidon à la veille du dépôt des candidatures à la CENA avec pour candidats : enfants, copains, copines, maitresse (comme se fut le cas lors des récentes élections de liste). Ensuite, il y a une nouvelle catégorie d’acteurs politiques qui s’affichent dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Il s’agit principalement des jeunes femmes : mesdames humanistes. Les plus jeunes se donnent une hypocrite visibilité dans des actions sous le couvert des ONG et n’hésitent pas à inonder la toile de leurs sorties dans les écoles, dans les ateliers comme s’il suffisait de cela pour se donner une légitimité de représenter le peuple. Le féminisme étant devenu l’échelle, beaucoup de personnes s’y refugieront pour imposer sur les listes cette nouvelle génération de pseudo-féministes qui courent pour leur positionnement politique. Enfin, Messieurs Costumes et photos. Ce sont des jeunes nommés à divers niveaux. Ils ont fait le choix d’être silencieux et de laisser leur destin aux mains des ainés, dirigeants des partis politiques. Pour y réussir et glaner cette sympathie « gage » de leur positionnement sur les listes, certains vont même devenir des griots de discours belliqueux. Ils clameront le leadership de leurs mentors ou parrains en perdant une identité morale et intellectuelle. S’ils ne sont pas muselés, beaucoup ont déjà prouvé qu’ils sont pires que les vieux. Ils ont simplement un corps jeune mais une mentalité plus vieille et plus vorace que celle de nos aînés. Beaucoup sont des affamés qui, sous la rampe des projecteurs, dégagent une apparence correcte. Bref…
Quel est le profil type du candidat-jeune aux législatives
Découvrir son candidat et son profil politique serait un exercice inédit auquel beaucoup de personnes devraient s’exercer dans le cadre des prochaines élections. Mais entre les exigences de la classe politique et les considérations personnelles, cette équation reste difficile à résoudre. Âge, sexe, profession, expérience, valeurs sont autant de critères qui pourraient permettre de définir ce profil type. Si l’on s’intéresse aux principaux clivages politiques ambiants, on se rend vite compte que les attentes du peuple ne seront toujours pas satisfaites… Et pourtant ils veulent être des représentants du peuple… sans agenda, ni projet législatif.
La transition générationnelle réussie passe par une auto-évaluation critique de la qualité des ressources actives dans la sphère publique. Les partis politiques doivent davantage travailler à limiter les positionnements égoïstes ou complaisants et rendre le processus de désignation des jeunes leaders transparents et crédibles à tous les niveaux de la sphère de gouvernance. Le « candidat type » des béninois pourrait être donc un Homme de cette jeune génération ayant des solides expériences professionnelles et de vie communautaire. Ces deux critères sont importants pour avoir le sens de l’intérêt général. Il pourrait s’appeler Paul, Romain, Idrissou ou… Christelle. Mais pour l’heure, «très peu de jeunes sont capables de représenter le peuple».