Spectaculaire et haut en couleurs, la remontada, condensé des quatre valeurs que sont réconciliation, reconquête, remontée et rayonnement, étend progressivement ses tentacules, puis prend l’allure de fait politique qui cristallise les attentions. Avec des rentrées politiques et des installations de structures de base ici et là, les tchoco-tchoco font feu de tout bois pour meubler admirablement le paysage politique national aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Depuis trente-deux ans, on parle de démocratie au Bénin. Sa matérialité est la succession de différents types de consultations électorales et, par conséquent, les renouvellements des institutions républicaines, à savoir le président de la République, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, et tout le reste. Chacun des animateurs des différentes institutions a su jouer sa partition, et, ainsi, éviter au pays des crises majeures, même si tout n’est pas toujours rose.
Questionner le cheminement de la démocratie béninoise sans faire référence au Parti du Renouveau démocratique (PRD) relève, à n’en point douter, d’une gageure. C’est là un vrai tour de force, d’autant que l’histoire de cette démocratie est jalonnée de manœuvres tendant à débarquer un indésirable, celui dont le génie particulier et les services rendus prennent trop de poids, mais dont on s’aperçoit, in fine, que l’éviction risque de détraquer la machine démocratique. On aurait dit que cette formation politique s’est fait estampiller par sa dénomination pour faire continuellement peau neuve. C’est dire qu’elle porte si bien son emblème, l’arc-en-ciel, dont la symbolique évoque la paix, le pardon, le renouveau, et l’espoir en des lendemains meilleurs.
L’animation de la vie politique nationale est une prescription de la charte des partis politiques au Bénin. Il y est bien stipulé que cette fonction incombe aux partis politiques. La question de savoir quel parti politique l’accomplit le mieux qui semble, à première vue, simple et inoffensive, débouche en réalité sur une problématique d’une logique implacable, car il n’y a que très peu de réponses possibles et suffisamment d’informations pour les éliminer presque toutes. Tout n’est pas raison, mais il y a toujours une raison en tout ; le PRD a le savoir-faire et le savoir-être en matière d’animation de la vie politique, et il sait d’autant bien le déployer qu’il est un parti de vrais militants, c’est-à-dire des militants engagés corps et âme.
Que l’on l’aime ou pas, le PRD s’avère être la locomotive de la classe politique nationale. Il vient, encore une fois, de prouver sa qualité de force de propositions par le fait qu’au sortir de la récente consultation des partis politiques par le médiateur de la République aux fins de recueillir leurs sentiments, leurs observations, leurs appréhensions et donc leurs propositions sur le prochain scrutin législatif de janvier 2023, seul lui avait fait l’objet d’attaques désordonnées et contradictoires, voire éhontées par une certaine presse. Il est toutefois heureux de lire récemment dans la presse quelques voix dissonantes, qui réduisent en poussière les préjugés et les vils desseins nourris puis ourdis à l’encontre de la plus vieille formation politique du Bénin, celle qui œuvre inlassablement et de façon responsable à l’enracinement de la démocratie et de l’État de droit.
Les responsables du PRD ne semblent pas vouloir démordre ni s’encombrer des illusions dessinées pour berner leur lucidité, mais ils font complètement focus sur les objectifs intimement liés que sont la remontada et la réussite du mandat du président Patrice Talon. Autant les prévisions alarmistes sur les résultats de leur parti à l’issue du prochain scrutin coulent sur eux comme de l’eau sur de la toile cirée, autant celles optimistes ne les enivrent. L’enthousiasme qui les habite monte en puissance au fil du temps, ce qui ravive la sympathie, l’attachement et le retour en grâce pour leur formation politique. C’est dire que la remontada est bel et bien enclenchée.
Partout le discours du parti du président Adrien Houngbédji est accueilli favorablement tant il promeut les actions du gouvernement du président de la République, Patrice Talon, puis communique sur les opportunités pour la jeunesse. La récente tournée gouvernementale de sensibilisation sur la cherté de la vie et des mesures d’atténuation prises par le gouvernement avait d’autant mis le PRD à l’honneur que les tenants du parti s’étaient donné à fond à cet exercice à peu près deux mois plus tôt. Cela confirme ainsi son ancrage dans la mouvance présidentielle au sein de laquelle il entend prendre toute la place qui lui revient pour une meilleure appropriation par l’opinion publique des actions du président Patrice Talon et de leurs perspectives.
La remontada tire son mordant de l’ADN du parti dont elle apparaît comme le cri de ralliement. Formation politique dont des milliers de militants le sont depuis trois, voire quatre générations et, de fait, le parti le plus ancré dans le paysage politique du Bénin, le PRD tend à devenir un parti-culte dont, comme l’arc-en-ciel, la remontada va faire son entrée dans le patrimoine. Si son arrimage à la mouvance présidentielle relève d’une stratégie politique porteuse pour lui-même, il est surtout, de par son savoir-faire en matière d’animation de la vie politique, un atout formidable pour la démocratie et, par ricochet, pour le pouvoir.
Le PRD continuera, dans le dialogue inclusif et le respect de chacun au sein de la mouvance présidentielle, de creuser les sillons qui mèneront à la réalisation du Programme d’actions du gouvernement (PAG2), sans renier à la préservation des marques de son identité, fruit d’un travail acharné et de lourds sacrifices, qui constituent un repère pour la démocratie béninoise.
Rachidi A. Nachirou
Consultant en Mobilité internationale et Crédit management