Il est révolu le temps où plaintes et complaintes étaient, comme un sempiternel refrain, le mode d’expression des contempteurs du gouvernement de Patrice Talon. Libérée de la torpeur, l’opposition a changé de fusil d’épaule et donne le ton. Pour rien au monde, le personnel politique qui ne partage pas les idéaux du pouvoir ne veut revivre les événements malheureux d’avril 2019 où il a été laissé sur le bas-côté de la route. Ayant sans doute tiré les leçons de cette douloureuse expérience, ce regroupement d’acteurs s’inscrit dans une nouvelle dynamique. Sur le terrain, cela se remarque aisément. Comme si elles s’étaient donné le mot d’ordre, les forces politiques dites de l’opposition ont pris le taureau par les cornes. Désormais on assiste à un marquage à la culotte.
Il y a peu, les membres du gouvernement et leurs suites ont effectué une tournée nationale dite d’explication sur la vie chère. Habituellement, l’opposition aurait mollement protesté et subi cette offensive politique. Il faut croire que les choses ont changé. Un laps de temps après, deux partis d’opposition se font signaler de manière insistante sur le terrain. Le Mouvement populaire de libération et le parti les Démocrates parcourent inlassablement les grandes villes pour se faire plus proches des populations. Si le premier regroupement s’intéresse beaucoup plus aux affres de la vie chère pour gagner des militants et sympathisants, le second n’a qu’un but : participer aux législatives de 2023 et les gagner. Et pour ce faire, les tournées de mobilisation s’enchaînent avec à la clé des tirs nourris sur le gouvernement.
De l’autre côté, le parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) dont le premier responsable est le chef de file de l’opposition s’active aussi auprès de ses militants pour maintenir et renforcer sa position. Malmenée par une bonne frange des opposants qui ne lui reconnaissent pas sa légitimité, cette formation politique a fort à faire pour garder son leadership.
Avec ce jeu d’offensives et de contre offensives observé sur le terrain où les populations ont droit à plusieurs versions, c’est le débat politique qui s’enrichit. Cette situation oblige les soutiens du gouvernement qui régnaient en maîtres sur le terrain à se surpasser pour continuer à exister dans le landerneau politique. La vertu de la contradiction, c’est de faire jaillir la lumière. La fonction politique, parce qu’elle vise l’intérêt général, mérite pour y accéder que tout le monde s’exprime et participe à la compétition. Cela facilite d’ailleurs la tâche aux électeurs qui pourront décider in fine en toute connaissance de cause.