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Pr Expédit W. Vissin sur le changement climatique: « Nous avons intérêt à adopter des attitudes respectueuses de l’environnement »

Publié le mercredi 15 juin 2022  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Professeur Expédit Wilfried Vissin, Président de l’Association Internationale de Climatologie
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Mardi 17 mai 2022. Il sonnait 13 heures passées, quand le Professeur Titulaire (Cames), Expédit Wilfried Vissin (Hydroclimatologie-Modélisation-Gire) nous a ouvert les portes de son bureau, sis au Laboratoire Pierre Pagney Climat, Eau, Ecosystèmes et Développement (LACEEDE) à l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin). Avec lui, il a été globalement question du changement climatique et la dégradation de l’environnement. En clair, les impacts des crises climatiques et environnementales, les impacts combinés du changement climatique, l’accès à l’eau et la résilience des communautés frappées par les effets du changement climatique, étaient, entre autres, le menu de l’entretien avec le Président de l’Association Internationale de Climatologie (Aic) qui n’a pas manqué de proposer des approches de solutions.

Professeur, le problème du changement climatique et la dégradation de l’environnement est plus que jamais d’actualité. Dites-nous, que comprendre de ces ‘’phénomènes’’ liés à l’environnement ?

Nous allons évoquer deux axes, le changement climatique et la dégradation de l’environnement. Le climat est un élément de l’environnement et participe à la dégradation de l’environnement. Le changement climatique est la modification du climat sur une longue durée. C’est-à-dire, le mini-gramme ne se croise pas, ça peut aller à 100 ou au-delà parce qu’il faut avoir une donnée sur un très bel avenir pour pourvoir étudier ou analyser les modifications observées dans la tendance climatique. Donc, le changement climatique est une modification du climat sur une longue durée. Or, la dégradation de l’environnement, c’est l’altération de l’environnement, c’est la pollution parlant de l’environnement. C’est la désintégration de notre environnement. Quand on dit par exemple que l’environnement est pollué, vous l’avez dégradé. Cela veut dire que, vous avez quitté son état initial pour l’état qui ne permet pas le mieux-être. Donc, on dégrade l’environnement par nos activités, par le manque de vie mené par l’homme dans son espace. L’homme est responsable de la dégradation de l’environnement.



Vous l’avez dit, « l’homme est responsable de la dégradation de l’environnement ».Mais, quel est l’impact des crises climatiques et environnementales sur les populations vulnérables ?

L’homme vit dans l’environnement, dans son milieu. Et le climat, élément déterminant de cet environnement impacte tout ce qui s’y trouve. Ça veut dire que les modifications ou le dérèglement climatique impacte sur l’homme et ses activités. L’homme qui, dans la quête ou dans sa quête de mieux-être est responsable de cette dégradation, subit les revers de la dégradation de cet environnement. Lorsque l’homme, par exemple, va détruire les arbres, crée une situation dégradante qui impacte durablement le cycle de l’eau ; or, ce cycle de l’eau est un élément déterminant du climat qui permet le renouvèlement permanent de l’eau sur terre. L’homme, responsable de la dégradation subit les revers de la dégradation climatique.

Professeur, qu’en est-il des impacts combinés du changement climatique ?



Les crises climatiques peuvent engendrer des conflits. Lorsqu’il y a crise climatique, le réchauffement global va entraîner le déplacement des populations d’une région à une autre. Des populations sont beaucoup plus à la quête du bien-être, à la quête, par exemple de l’eau. Et autour des points d’eau, il y a des conflits qui s’observent parce que, le manque ailleurs, les gens veulent le préserver et cela amène les conflits. Lorsque vous associez ou jumelez crise ou changement climatique, ou impact climatique et les conflits, ça s’amplifie au point où l’homme subit les affres de la méconnaissance ou de la mésentente entre les hommes, et de la méconnaissance de la nature. Il y a la nature qui agit à travers le climat et l’homme qui à travers ses intérêts crée des conflits internes et qui impactent durablement les populations de l’environnement. Ça fait deux problèmes que subissent les populations, problème climat humain (les conflits) et l’autre qui est naturel. Le climat que personne ne peut aujourd’hui maîtriser parce que, le climat étant dynamique, le climat est naturel et on ne peut que s’adapter pour trouver des solutions d’approches, pour mettre en place des stratégies qui vont permettre de faire face à cette crise du changement climatique global. Or, les conflits, on peut les éviter, c’est humain… On peut créer les stratégies qu’il faut pour éviter les conflits. Puisque, c’est entre nous. Il faut que chacun accepte de se côtoyer ou de vivre avec l’autre, et à côté de l’autre pour que nous puissions être heureux ensemble dans cet environnement hostile naturel.



Vous avez évoqué dans votre intervention, l’accès à l’eau. Qu’est-ce qu’on peut retenir de l’incidence du changement climatique sur l’accès à l’eau et la résilience des communautés frappées par les effets du changement climatique ?

L’eau dépend du climat. L’eau sur terre et l’eau sous terre dépendent de la dynamique climatique. Avec le réchauffement et l’amenuisement du cycle naturel de l’eau, il y a de moins en moins de l’eau sur terre. Donc, les besoins en eau augmentant compte tenu du fait que la population elle-même augmente, le risque de manque d’eau est grand, l’eau s’amenuise sur terre alors que la population augmente. Donc, la disponibilité de la ressource en eau serait insuffisante par rapport à la population existante. Ça veut dire qu’il faille gérer l’eau autrement. D’où, le nouveau concept de la Gestion intégrée des ressources en eau (Gire) qui permet pratiquement à toute la population, à tous les usagers de se mettre ensemble et de gérer cette ressource de façon ordonnée, de façon consensuelle, dans une approche participative parce que, si on ne fait pas cela, ou si chaque usager dit que ceci est ma part, si on ne se met pas ensemble pour gérer durablement la ressource en eau, nous aurons des problèmes sérieux, non seulement de conflits mais de dégradation avancée de la ressource. Le problème qui se pose au Bénin par exemple, je parle en termes de disponibilité de la ressource, c’est la qualité parce que nous avons de l’eau. Nous avons un réseau bien fourni mais nous manquons d’eau pour des usages utiles parce que, nous utilisons des engrais qui polluent non seulement l’eau des ouvrages mais également l’eau souterraine. Cela rend inexploitable toutes les ressources disponibles. Il faut que nous prenions conscience de ces réalités que l’eau s’amenuise, l’eau diminue. Le potentiel que nous avons diminue compte tenu du réchauffement de base. Mais il y a aujourd’hui une prise de conscience qui nous amènerait à adopter un nouveau comportement vis-à-vis de ce qui est naturel pour asseoir des bases pour le développement durable. Parlant de résilience, on n’a pas encore trouvé les mesures d’adaptation, on ne peut trouver les résiliences. Donc, il faut d’abord s’adapter et évoluer pour dire qu’on aille chercher des stratégies réelles qui vont nous permettre de ne pas sentir les effets. Il faut que la tête change et qu’on respecte la nature. Car, elle permet de s’épanouir.

Que faire ? Quelles approches de solutions proposez-vous ?

Première chose, c’est la prise de conscience que le climat est délabré, se réchauffe et que nous sommes responsables de cette situation : l’homme dans sa quête de mieux-être a posé des actes qui ont dégradé cet environnement-là. Ce qui nous amène au réchauffement dont on parle. Nous avons intérêt à adopter des attitudes respectueuses de l’environnement, commençant bien-sûr par planter des arbres, par protéger l’existant et en planter davantage. Au lieu de terrasser toutes les maisons, mettre des gazons par exemple. Cela va changer le micro climat de notre environnement immédiat. Ce qui va amplifier le cycle de l’eau qui permettra d’avoir beaucoup plus d’eau au sol. C’est le premier.

Il faut que le 1er juin, la journée de l’arbre ne soit plus une fête folklorique mais plutôt une journée de prise de conscience de mise en terre réelle de plants et de leur suivi jusqu’à maturité. Il ne suffit pas de dire que c’est le 1er juin et un an après, on revient sur le même espace pour remettre en terre d’autres plants. Donc, il faut changer notre politique de reboisement. Il faut reboiser systématiquement tous les espaces. Nos villes doivent devenir des villes vertes. Il faut gérer autrement aussi les déchets, les ordures, que ça soit liquide ou solide…

Autre chose, dans nos villes, il manque quelque chose : les plants d’eau sont des cuits à carbone. Lorsque vous les détruisez, vous réduisez la capacité de l’environnement à absorber le carbone qui se promène. Or, c’est le carbone qui crée les problèmes. Lorsqu’il fait tellement chaud, où est-ce qu’on va chercher de l’air ? Lorsque vous allez sous un arbre, vous commencez par somnoler, tout simplement parce que l’arbre absorbe tous les C, c’est-à-dire les carbones en promenade et rejette le dioxygène dans l’atmosphère. Pour faire la photosynthèse, l’arbre met de la lumière, capte tous les C et rejette dans l’atmosphère le dioxygène. Il est indispensable de planter les arbres et de mener cette action de reboisement systématique. On doit l’imposer à tous les propriétaires qui doivent mettre devant leurs maisons, au moins un arbre. Et les systèmes d’assainissement, on doit densifier et surveiller régulièrement les réseaux d’assainissement pour que nous ayons moins de problèmes d’inondation dans notre pays.

Il faut que l’homme dans son milieu prenne conscience qu’il faut assainir son environnement pour son propre mieux-être. Si je suis dans un environnement, il faut que je fasse en sorte que cet environnement me permette d’avoir une vie saine pour la durabilité dans le temps. Donc, la prise de conscience est indispensable.

Réalisation : Abdul Fataï SANNI
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