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Noel Chadaré, Sg de la Cosi-Bénin: « On n’avance pas (…) les canaux du dialogue sont bouchés »

Publié le lundi 27 juin 2022  |  Matin libre
Noël
© aCotonou.com par Didier Assogba
Noël Chadaré, Secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin)
Bourse du travail de Cotonou le 18 Novembre 2016. Meeting des femmes vendeuses du marché Missèbo. Elle dénoncent les décisions arbitraire du préfet Modeste Toboula.
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A l’instar de ses collègues de la Cstb et de la Csa-Bénin, le secrétaire général de la Cosi-Bénin était à Genève du 27 mai au 11 juin 2022 pour la 110ème Conférence internationale du travail. Sur l’émission Zone Franche de la chaîne de télévision privée Canal Bénin, Noel Chadaré est revenu ce dimanche 26 juin, sur sa participation à cette rencontre annuelle tripartite et sur la situation des travailleurs sous le gouvernement de Patrice Talon. L’invité a également opiné sur l’état du dialogue social sous le Pouvoir de la Rupture.



Rendant compte de sa participation à la rencontre internationale de Genève « pour voir l’état du travail, comment faire pour que ce travail soit un travail humanisé, pour voir les directions qu’il faut donner au travail », Noel Chadaré a d’entrée fait savoir qu’il y a eu plusieurs commissions comme tous les ans. « Nous nous sommes réparti dans les commissions selon nos préférences, selon nos convenances. Moi j’étais dans la commission de l’application des normes. Et le camarade Amoussou était dans la commission de l’économie solidaire ; le troisième secrétaire général a choisi sa commission aussi », a-t-il indiqué. Le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Cosi-Bénin) présente la mission de la commission à laquelle il a fait partie : « Dans la commission où j’étais, c’est une commission qui a pour vocation essentielle d’examiner les plaintes parce que les pays ont ratifié les conventions, et donc, dans la mise en application de ces conventions, S’il y a des dysfonctionnements il y a des plaintes qui viennent des pays. Selon les différentes conventions, Il y a des plaintes sur la C-97, les conventions 96, 98, 182 ainsi de suite. Et donc on examine dans la convention, et le gouvernement du pays vient répondre des plaintes et puis il y a des recommandations qui sont faites ». L’invité de l’émission ‘’Zone Franche’’ va ensuite motiver son penchant pour la commission : « Je suis allé dans cette commission parce que nous attendions, nous organisations syndicales, que le Bénin soit mis au banc des accusés concernant les violations des libertés syndicales, le recul de l’exercice du droit de syndical que nous avons constatés depuis un certain temps dans notre pays. Nous pensions que le gouvernement devrait répondre parce qu’il y a eu des plaintes des six organisations syndicales qui ont l’habitude de se mettre ensemble. Plaintes par rapport à ces violations, ces reculs, mais il y a aussi plaintes de la Cstb ». Etant donné que la CIT n’a pu se tenir en 2020 mais de façon virtuelle en 2021 contexte de corona virus oblige, les plaintes qui ont été envoyées n’ont pu être examinées. Raisonnablement donc, les organisations syndicales s’attendaient à écouter, cette année, le Bénin sur ces différentes violations. « Malheureusement, on ne l’a pas eu. Le Bénin a juste été interpellé pour ce qui concerne la convention 182 sur l’abolition des pires formes du travail des enfants. Et donc j’étais dans cette commission en tant que délégué titulaire. Quand le pays est porté au banc des accusés, le délégué titulaire a un temps pour apprécier la situation. Ce que j’ai fait au nom de toutes les organisations syndicales. J’ai porté la voix dans cette commission avec un texte qui a été apprécié des autres qui ont été avec moi puisque je ne parle pas au nom de la Cosi-Bénin mais au nom des organisations syndicales qui se sont retrouvées là-bas même celles qui n’y étaient pas », a déclaré le secrétaire général Noel Chadaré. Sur l’essentiel en ce qui concerne sa déclaration depuis Genève sur le travail des enfants, il laisse entendre qu’il y a eu des recommandations pour des pays y compris le Bénin qui est « une plaque tournante du travail des enfants ». Pour le Bénin, a-t-il rappelé, c’est les problèmes liés au nom respect des du travail des enfants. « Là il faut reconnaître, en tant que représentant des travailleurs nous avons reconnu que des efforts ont été fait dans ce cadre et qu’il faut placer le problème dans un cadre historique : le placement des enfants a des origines dans notre culture. Mais il y a eu qu’à un moment donné on a dévoyé cette convention tacite que nous avons dans notre culture, et les gens envoient les enfants hors du pays, les placent, prennent de l’argent, ils font des travaux sur des chantiers, dans les carrières, ils travaillent dans des conditions pas bien et ils ne vont pas à l’école…. Le Bénin a fait des efforts en matière de textes juridiques, les cantines scolaires qui sont généralisées, la gratuité de l’école mais ces efforts n’ont pas permis pour autant d’éradiquer le mal. Il est là. Il persiste, il a la peau dure ». Ainsi, au nom des organisations syndicales qu’il a représentées dans la commission, Noel Chadaré, Sg de la Cosi-Bénin a confié qu’il faut associer, pour une vaste campagne, les religieux, les syndicats, la société civile… « Il faut qu’on s’y mette avec le gouvernement pour mettre à néant le travail des enfants. Il y a la conférence de Durban sur le travail des enfants qui s’est tenue un mois avant qu’on se retrouve à Genève. Donc le Bénin doit s’inspirer de tout ça pour mettre en œuvre ces recommandations et je crois qu’on pourra espérer que le mal va prendre du recul », laisse entendre l’invité de Canal 3 Bénin.

Chadaré apprécie le dialogue social sous la Rupture

Lorsqu’il lui a été demandé sur le plateau d’opiner sur l’état du dialogue social sous le gouvernement Talon, le Sg de la Cosi-Bénin s’est lâché : « Dans la forme on donne l’impression qu’il y a dialogue mais dans le fond la situation des travailleurs ne s’améliore pas pour autant. .. On en débat mais ça n’avance pas, on piétine, et je me demande pourquoi c’est comme ça ; parce qu’on ne sent pas la volonté. Il y a des problèmes, depuis un certain temps, des travailleurs qui sont là. On est revenu dans le cadre du dialogue, dans la grande commission, plusieurs fois là-dessus ». Il déplore que depuis que le chef de l’Etat les a rencontrés au Palais de la République au sujet de la revalorisation des salaires, qu’il n’y ait plus eu de suite. « Nous avons ouvert la session ordinaire au Palais, et depuis, plus rien », fait-il constater. Il n’en fallait pas plus pour que Noel Chadaré affirme que « les canaux du dialogue sont bouchés ». Il dédouane les organisations syndicales. « L’avenir du dialogue social, ça dépendra du Pouvoir. Nous, on est disponible. Je vous ai montré notre disponibilité à dialoguer mais si en face on ne prend pas ça comme quelque chose de sérieux, un dialogue sincère qui peut produire des fruits ; si on n’a pas la conviction que le dialogue est un instrument privilégié de bonne gouvernance et qu’on le fait juste pour les toilettes cosmétiques, si c’est une opération de charme pour montrer qu’on dialogue quand même, sans avoir des éléments probants, ce n’est pas la peine. Et les travailleurs entendront et aviseront », a martelé Le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin. En dépit de ce tableau peint, les centrales et confédérations ne réagissent ou ne protestent pas comme par le passé. Sur cette préoccupation, il confie : « on n’est pas resté silencieux. Vous avez vu on a fait une sortie pour dénoncer la cherté parce qu’on a jugé que c’était nécessaire. Si on constate qu’il y a des actions qu’il faut mener parce qu’on commence par en avoir le ras-le-bol, s’il y a d’autres actions qu’il faut faire, on les fera. Le syndicat n’est pas mort. On l’a démontré. Nous, nous avons privilégié la piste du dialogue parce que si c’est la confrontation, l’affrontement, vous vous retrouvez toujours autour d’une table après. Autant aller vers le dialogue et discuter. Dans d’autres pays où il n’y a pas de grève, les ministres sont instruits pour régler les problèmes. Et ça, je demande au chef de l’Etat d’instruire ses ministres dans ce sens ». Noel Chadaré déplore toutefois le retrait singulier du gouvernement Talon du Conseil de dialogue social même si les textes le lui permettent. « Mais la manière cavalière avec laquelle ça a été fait ne nous a pas plu. Un peu de courtoisie. La charte a dit qu’il faut mettre en place le Conseil national de dialogue social. On a le Conseil national de dialogue social, il a fait une mandature. La mandature est terminée, on a demandé d’envoyer les noms pour renouveler la mandature ; les noms sont partis et à ce moment le gouvernement décide de se retirer de cette charte. C’est son droit mais il aurait fallu un peu de courtoisie pour les représentants des travailleurs. Il aurait fallu nous appeler pour qu’on échange là-dessus, qu’on évalue la mandature et voit ce qui n’a pas marché et ce qui a marché, et nous dire nous on ne peut plus continuer parce que… parce que… parce que… La démarche a manqué d’élégance. On sait quand même que le Pouvoir fait preuve d’élégance », déplore M. Chadaré.

La situation des travailleurs

Sur la situation des travailleurs en général, le secrétaire général de la Cosi-Bénin n’a pas tourné autour du pot : « Les travailleurs se portent très mal », martèle-t-il. « On voit comment les politiques se donnent des salaires politiques. Ce qui doit revenir aux travailleurs, il faut les donner. A César ce qui est à César… Il faut payer les travailleurs à l’indice réel. Il faut prendre les actes. Les gens attendent les actes depuis longtemps et depuis des années ils sont toujours scotchés au même endroit. Le Code général des impôts a donné un coup de massue aux travailleurs. Vers la fin de l’année le chef de l’Etat avait parlé d’augmentation des salaires mais à notre grande surprise, les travailleurs voient leurs salaires chuter. La majorité des travailleurs. Or, nous sommes dans une situation où tout est cher. Chez des travailleurs, on a supprimé l’IPTS alors que l’IPTS prend en compte la charge familiale du travailleur. Vous avez trois enfants, lui en a un. Vous n’avez pas les mêmes charges, vous devez mettre les enfants à l’école, vous devez les soigner, vous devez leur donner à manger, les transporter…, vos charges sont supérieures à celles de votre confrère. On tenait compte de ça dans le calcul des salaires ; mais le gouvernement dit non, au nom d’une justice sociale on annule l’IPTS, c’est l’ITS qui ne prend plus en charge les charges. Vous avez dix enfants, lui il a deux, on ne tiendra pas compte de vos charges. En calculant comme ça les salaires ont chuté. Moi qui vous parle j’ai vu mon salaire réduit de 14.000 FCfa…. Ce Code général des impôts est dommageable pour les travailleurs » démontre-il de façon pratique. Pour étayer ses propos sur la situation des travailleurs, Noel Chadaré donne quelques seimes. « dans le secteur de la santé, on a les disparités salariales. On en a parlé dans la grande commission. Nous avons à travail égal, salaires inégaux. La sage-femme fonctionnaire d’Etat et la sage-femme contractuelle d’Etat recrutées la même année n’ont pas le même salaire. On a dit qu’il faut corriger, le conseil des ministres a donné des instructions mais depuis 2017, on est dans cette situation, ce n’est pas réglé. On a demandé au ministre de la santé de mettre en place un comité, c’est resté comme ça ; les travailleurs sont malheureux » souligne à nouveau M. Chadaré. « Pour rester dans le même secteur, la santé. La situation des gens qui ont une formation hors plan. Avant qu’on élabore un plan de formation du secteur de la santé, les gens sont allés en formation hors plan. Et ceux-là, ils sont utilisés Par exemple une Aide-soignante peut devenir une sage-femme ou bien une sage-femme peut devenir Anesthésiste, ou bien un Infirmier peut devenir Anesthésiste. Mais ceux-là sont utilisés pour la nouvelle formation. Mais on les utilise et on ne fait rien. On devait les reclasser ; le chef de l’Etat a donné des instructions en 2017(…) mais on est case départ » Du secteur de la santé à l’enseignement, les revendications s’amoncellent : « on est fatigué. Il y a des gens qui ont été recrutés depuis 2008, bientôt 15 ans. Ils ont été formés, sur les Arrêtés de mise en formation, il y a eu des erreurs. Il faut reprendre ça, c’est des problèmes administratifs. Il faut juste reprendre pour qu’ils puissent en jouir, cet Arrêté interministériel (Ministère des enseignements secondaires, ministères des Finances et le ministère de la Fonction publique) », préconise le Sg de la Cosi-Bénin. Et de conclure : « Ça ne peut pas continuer comme ça. Le reversement dans le secteur de la santé depuis 2008, des gens sont sans salaire. Est-ce que c’est normal, pendant qu’on parle de social ».



JB
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