Après septembre 2018, juillet 2022 vient marquer les esprits. Pour la seconde fois en quatre ans, Malanville, une commune stratégique qui relie le Bénin au Niger, est coupée du reste du pays. Pour cause, l’état vétuste des infrastructures routières. Si en 2018, la surprise était grande et qu’il a fallu plusieurs semaines pour rétablir la circulation, cette fois-ci, il faut croire que les choses iront beaucoup plus vite. L’axe Beroubouay-Kandi-Malanville long de 169,4km, dont une partie s’est effondrée du fait des pluies diluviennes, est en chantier depuis quelques mois. Guidami Gado, maire de Malanville donne des détails sur l’état de l’ouvrage avant qu’il ne soit emporté par les eaux. « Suite à l’érosion des eaux de ruissellement, il y a eu une rigole qui s’est créée. Et au fil des ans, cette rigole s’est élargie au point d’affaiblir le pont. La saison des pluies s’étant installée, ça a fait que le pont a cédé »
Mais il faut dire à la décharge des dirigeants que, pour une fois, ils ont anticipé en engageant des travaux pour obtenir in fine une nouvelle route moderne et plus fiable. Mais la dégradation était déjà trop poussée et la pluie aidant, le malheur est survenu. Interrogé à ce propos, Jacques Ayadji, directeur général des infrastructures a laissé entendre que tout est sous contrôle. « Cette situation n’est pas une surprise…Autrement, ce tronçon Beroubouay-Kandi-Malanville n’aurait pas été confié depuis quelques mois aux entreprises SOGEA-SATOM et SOROUBAT pour sa reconstruction. Pour ceux qui ne le savent pas, ce tronçon est et restera sous la responsabilité des entreprises en charge des travaux jusqu’à la réception provisoire… ». C’est dire que le fait que cette « catastrophe » soit survenue sur une route en chantier dégage la responsabilité de l’Etat qui a pris des mesures en amont afin que le trafic ne soit pas suspendu comme c’est le cas actuellement.
Conscientes de l’importance stratégique de cet axe, les entreprises en charge des travaux s’activent pour ouvrir un passage provisoire, le temps de finir les travaux. « Tout sera fait pour que le trafic soit vite rétabli », rassure Ahmed Bello Ky-Samah, préfet de l’Alibori.
Surcharge en cause
Cet axe, dont le rôle économique n’est plus à démontrer, reçoit chaque jour un flot de camions en partance pour les autres villes du Bénin ou le Niger selon le cas. Chaque camion qui passe est chargé de plusieurs tonnes de marchandises. La surcharge aidant, la pression faite sur la route accélère sa dégradation. Si les postes de pesage jouaient convenablement leur rôle, nos routes s’en porteraient mieux.
Jamais deux sans trois ?
A la question de savoir si on peut craindre une troisième « catastrophe » du genre dans les années à venir, Jacques Ayadji répond fermement par l’affirmative, mais nuance tout de même. « Les données pluviométriques permettent de dimensionner les ouvrages de franchissement. Et c’est ce qui se fait par les deux entreprises sur place qui tiennent compte de ces paramètres. En principe, on ne devrait plus assister à ce scénario…mais une situation naturelle imprévue (pluie torrentielle) peut faire sauter des ponts même si cela arrive très rarement ».