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Art et Culture

Célébration du 1er août 2022: Maintenir ou changer le discours sur cette statue ?

Publié le mardi 5 juillet 2022  |  Matin libre
La
© Autre presse par Dr
La statue de l’Amazone
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Décidément, on n’en finit pas avec les polémiques sur cette statue à peine dévoilée et non encore officiellement inaugurée. Elle le sera sans doute dans les prochains jours voire semaines avec les manifestations officielles entrant dans le cadre de la célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du Bénin, que projette d’organiser le gouvernement sur l’axe Port autonome de Cotonou-Palais de la République.



Le buste de la statue à peine dévoilé, la polémique enfle sur son identité. Pour certains, il s’agit de la Reine Tassi Hangbé. Pour d’autres, c’est Nanga, une des redoutables femmes guerrières du corps d’élite des femmes du royaume de Danxomè. Le ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts a alors jugé opportun d’apporter des précisions. « Je voudrais ici dire qu’il ne s’agit pas de Tassi Hangbé. Je voudrais dire clairement qu’il ne s’agit pas non plus d’une quelconque Agodjié du royaume de Danxomè. A travers cette amazone, nous avons la figure de l’héroïsme féminin béninois, du courage, de la splendeur, de la bravoure, de la fierté féminine béninoise », a clarifié Jean-Michel Abimbola.

On pensait que le gouvernement de Patrice Talon qui a implanté cette statue imposante sur cet axe avait fini de taire la polémique y afférente en ce qui concerne son nom. Erreur !

Après ce qu’on peut qualifier de mise au point faite par le ministre de la Culture Jean Michel Abimbola pour situer l’opinion publique au sujet d’une polémique liée au nom : <>, c’est une autre polémique toute fraîche qui s’installe. En effet, depuis quelques trois jours sur la toile, c’est une interview du média » La Dépêche Afric-Info » accordée à l’ancien ministre Candide Azannai, ancien allié et désormais opposant au pouvoir de Patrice Talon, qui nourrit l’actualité.

« Figurer une Amazone et dédier une esplanade aux amazones au Bénin entendez Dahomey est ridicule, injurieux et dévalorisant », a laissé entendre l’ancien ministre délégué, chargé de la défense. Pour soutenir son argumentaire, Candide Azannai affirme que : « ce terme Amazone, à l’origine de son imagination mythologique par le patriarcat grec, est une négation des valeurs féminines et plus tard, elle signifie une prostituée qui racole en voiture (Conf. Le Robert, Dictionnaire Culturel en langue française sous la direction d’Alain Rey, Paris, 2005) (…) Il n’y a jamais eu d’amazones au Dahomey. Le Dahomey République ou Royaume du DAN – XOMEY n’a jamais produit une seule amazone. Retenez plutôt que le Royaume du DAN – XOMEY a produit des femmes guerrières qu’on appelle les « Agodjiés » qui n’existent nulle part ailleurs au monde », soutient Candide Azannai.

Normalement, si on s’en tient à l’explication du ministre Jean-Michel Abimbola pour taire la polémique, l’indignation de Candide Azannai n’a plus normalement sa raison d’être. Mais alors nait une autre polémique. Comment réaliser une statue d’amazone au Bénin et la détacher de l’histoire des femmes guerrières du royaume de Danxomè ? On comprend alors tout l’embarras du gouvernement. Le nom « Amazone » renvoie à la mythologie grecque. Seul le côté femme guerrière est exploité ici. Et qui dit femme guerrière fait forcément référence aux « Agodjié ». Voilà que le nom « Agodjié » renvoie à une localité précise. Et même si, par extraordinaire, le nom « Agodjié » était retenu, va se poser alors le lieu idoine pour l’implantation de la statue. Dans son exposé, Candide Azannaï trouve incongrue l’idée d’implanter une statue dite de l’Amazone à Cotonou. « Cotonou n’a jamais été la base du régiment d’élite des femmes guerrières du Dan – Xomey et c’est bien un dépouillement historique que de parler de l’Esplanade des Amazones à Cotonou », a-t-il laissé entendre. De la polémique de nom, on va se retrouver alors dans la polémique d’une référence identitaire à une ethnie, puis à une localité du pays.

Or, le gouvernement veut quelque chose qui rassemble tous les Béninois, qu’ils soient de l’Est, de l’Ouest, du Nord ou du Sud. Et quelle ville que Cotonou pour mieux valoriser une telle statue, surtout en matière de tourisme ? Cela ne veut pas dire que les remarques de Candide Azannai sont à jeter à la poubelle. S’il est une évidence que cette polémique n’arrêtera pas le président Patrice Talon et son gouvernement dans la commémoration de l’indépendance et l’inauguration de cette œuvre réalisée par un Chinois, l’on se demande tout de même si le discours relatif à cette statue ne va-t-il pas changer. En effet, qu’il soit officiel ou celui que tiendront les journalistes qui seront en situation de reportage le 1er août prochain, ce discours parlera-t-il toujours de la statue de l’ <> ou tiendra désormais compte des observations faites par le président du parti Restaurer l’espoir en désignant cette statue par celle d’Agodjié ou autre nom qui fait référence à l’histoire de ces braves guerrières et qui rassemble tous les Béninois? Les jours à venir nous édifieront.



M.M
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