Synthèse de la Green Finance Conférence organisée le 5 juillet 2022 à Cotonou par African Guarantee Fund (AGF) et Nordic Development Fund (NDF).
«Chaque année, 300 milliards de dollars d’émissions vertes sont émises dans le monde. L’Afrique n’en capte que 1%. Notre objectif est de faire passer l’Afrique à 10%», déclare Jules Ngankam, CEO de African Guarantee Fund. C’était ce 5 juillet 2022 à Cotonou, à l’occasion de la sixième édition de la Green Finance Conférence. Le choix du Bénin pour abriter cette conférence organisée par le Nordic Development Fund (NDF) et l’ African Guarantee Fund (AGF) tient d’abord, rappelle Jules Ngankam, au leadership du pays, “champion de la transparence budgétaire en Afrique francophone selon le FMI et la Banque Mondiale”.
Intervenant à l’ouverture de cette conférence réunissant les partenaires au développement, les banques et le secteur privé, Romuald Wadagni, ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances du Bénin, a rappelé que son pays est le premier du continent africain à finaliser dés 2016 son document de contributions déterminées au niveau national (CND). Mis en place en 2017, ce plan consignant les objectifs du pays en matière de réduction des émissions fossiles, a été mis à jour en 2021, suite à la réélection du président Patrice Talon, et aligné sur le Plan National de Développement (PND). C’est ce travail technique et institutionnel qui a abouti en juillet 2021 à l’émission par le Bénin (une première pour un pays africain) d’un eurobond dédié au financement de projets à fort impact sur l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies. L’emprunt avait permis de mobiliser un montant de 500 millions d’euros (328 milliards FCFA), avec une échéance de remboursement fixée en 2035.
C’est dire de l’importance des innovations de la finance dans la volonté des pays africains de capter les immenses possibilités offertes par l’écosystème grandissant de la finance verte.
Toutefois, relève le ministre, l’enjeu est de voir comment accompagner l’Afrique dans la transition énergétique. Les coûts d’investissement en la matière sont élevés. L’on passe d’une moyenne d’un mégawatt à 750 000 dollars pour une centrale fonctionnant au fioul lourd à 1 million d’euros pour une centrale à gaz et
à 2,3 millions d’euros pour un mégawatt solaire, soit du simple au triple. La tentation est forte pour un pays confronté aux urgences sociales d’opter pour la centrale à fioul lourd. C’est pourquoi, Il faut des accompagnements techniques et financiers”, poursuit le ministre, interpellant les institutions financières de développement (African Guarantee Fund, Agence Française de Développement, Banque Ouest Africaine de Développement, Société Financière Internationale) sur cette question essentielle.
En fait comme le dira plus tard Moubarak Moukaila en charge de la finance verte à la BOAD, les coûts d’investissements de l’énergie solaire par exemple peuvent être élevés au départ mais vu leur structuration sur un temps long, ils sont décroissants.
A noter que la plupart des institutions de développement visent à terme à se désengager de l’énergie fossile et à verdir leurs portefeuilles. La BOAD compte porter à 25% de son portefeuille la part de financement des projets verts. Pour sa part, l’Agence Française de Développement (AFD) a déjà mis un terme au financement des projets fossiles. La Société Financière Internationale (SFI) compte dès 2024 de consacrer 35% de son portefeuille au financement des projets verts. Dés 2025, la filiale de la Banque Mondiale projette d’atteindre un taux de compliance de 65% par rapport à l’accord de Paris.
Cette transition rapide de l’écosystème financier mondial pousse donc à penser à des mécanismes de financement de la transition et à la mise en place d’initiatives dédiées à l’instar de la garantie verte lancée en 2016 par AGF. Le Bénin qui compte mobiliser 10 milliards de dollars dans le cadre de son CDN compte en ce qui le concerne nouer un cadre dynamisant avec les institutions engagées dans la finance verte.